La Prévalaye paysanne plurielle
Resserrer les liens entre ville et campagne, entre culture et agriculture
janvier 2019
Fondation Daniel et Nina Carasso (FDNC)
Vers une Europe de systèmes alimentaires territoriaux ?
Cette étude est extraite de l’analyse de vingt-deux projets français et espagnols liés aux nouveaux modèles alimentaires, soulignant toutes des enjeux différents.
En Espagne, la gouvernance se construit, tandis que les systèmes alimentaires français cherchent des solutions pour changer d’échelle. Mais dans ces deux pays, l’accessibilité reste le maillon faible. Dans la vallée de la Vilaine, en Bretagne, le projet Prévalaye paysanne plurielle vise à redonner une vocation nourricière au territoire périurbain de la métropole de Rennes. Au-delà de la dimension productive limitée, les acteurs souhaitent en faire un projet pilote sur les questions agricoles et alimentaires, dont les résultats pourraient essaimer sur l’ensemble de la vallée
Le projet prévalaye paysanne plurielle vise à redonner une vocation nourricière à un territoire agricole périurbain. Aux portes de la ville de Rennes (35), 450 hectares de terres accueillent un large public de joggeurs et de promeneurs autour de ses étangs. Ces terres appartiennent à la ville de Rennes et sont non constructibles. Depuis le lancement du métro, deux sites de compensation écologique se sont ajoutés à la liste des services rendus par la Prévalaye. Lieu de multiples usages, elle constitue un enjeu fort pour la vallée de la Vilaine, qui pourrait infuser les réussites du projet. Les citoyens sont à l’écoute des problématiques environnementales : selon une enquête sur les souhaits des Rennais pour 2030, les thèmes de la nature et de l’eau ressortent en tête. La Maison de la consommation et de l’environnement, lieu de sensibilisation des habitants, contribue à l’initiative avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), qui mobilise les élus. Le projet attire la société civile : un nouveau collectif s’est constitué pour restaurer le bâtiment du château de la Prévalaye et en faire un lieu multifonctionnel, offrant un service de restauration, un marché, des ateliers de sensibilisation à l’environnement…
Une dynamique de projet constituée de plusieurs phases
La trajectoire de la Prévalaye paysanne plurielle se déroule en trois phases.
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La première consiste à passer de l’idée aux actions concrètes et à la construction du collectif. Le groupe tisse des liens avec d’autres dynamiques existant dans la Vallée de la Vilaine.
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La seconde est marquée par quelques turbulences : en raison du statut du foncier public, les installations sont bloquées.
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La troisième phase s’ouvre sur une nouvelle dynamique : la Fondation Daniel et Nina Carasso finance un nouveau projet porté par la Maison de la consommation et de l’environnement. Le Collectif agriculturel de la Prévalaye imagine un lieu multifonctionnel : restauration, marché et services de sensibilisation à l’environnement.
Un projet pilote de permaculture démontre l’intérêt d’un système territorial
Permag’Rennes est un projet d’installation individuelle en permaculture, qui a bénéficié d’un appui de la régie municipale via ses 400 jardiniers. L’exploitant produit des semences, des légumes et des plantes aromatiques qui sont vendus sur les marchés ainsi qu’aux restaurateurs. En outre, des formations sur le maraîchage sont proposées aux particuliers et aux établissements scolaires. L’expérience montre qu’une installation peut être viable malgré un faible capital de départ : l’exploitant dégage un Smic sur 2 hectares. Les externalités positives créées (richesse, emploi, biodiversité) inspirent les élus et les rapprochent de la société civile engagée sur la Prévalaye paysanne.