Articulation du système agroalimentaire régional
Alliances et projets agroécologiques autour du Pacte de Milan
janvier 2019
Fondation Daniel et Nina Carasso (FDNC)
Vers une Europe de systèmes alimentaires territoriaux ?
Cette étude est extraite de l’analyse de vingt-deux projets français et espagnols liés aux nouveaux modèles alimentaires, soulignant toutes des enjeux différents.
En Espagne, la gouvernance se construit, tandis que les systèmes alimentaires français cherchent des solutions pour changer d’échelle. Mais dans ces deux pays, l’accessibilité reste le maillon faible.
A Madrid, les actions de plaidoyer politique de la société civile ont conduit à l’organisation d’ateliers participatifs en lien avec la municipalité. Ils visent à définir une stratégie globale et une vision commune pour la promotion d’une alimentation saine et durable dans la restauration collective. Les actions mises en place visent non seulement la valorisation des produits locaux bio, mais aussi l’ensemble du développement de la biorégion madrilène.
Madrid, Espagne
Un quart de la surface de la province autonome de Madrid est destiné à l’agriculture, avec une diversité de productions : culture pluviale, plaines fertiles, oliviers et vignes. 0,26 % de la population active madrilène travaille dans le secteur agricole.
Depuis 2015, la plateforme Madrid Agroécologique représente le principal espace de mobilisation de la société civile pour promouvoir la transition agroécologique. Elle joue un rôle d’interface, influant sur les politiques publiques. Signataire du Pacte de Milan, la mairie madrilène travaille selon plusieurs axes stratégiques, directement ou indirectement liés à la politique alimentaire de la ville. Le projet de système agroalimentaire régional est construit comme un outil. Son objectif est de coordonner les initiatives existantes, d’intensifier la logique de collaboration entre les différents acteurs de la chaîne alimentaire et d’étendre la participation à d’autres protagonistes. Le projet aborde et installe une vision globale, associée au développement d’actions spécifiques. Celles-ci agissent dans deux domaines distincts du système alimentaire : l’intégration dans les achats publics de clauses privilégiant l’approvisionnement en produits bio et locaux, et le renforcement du secteur agricole de la biorégion de Madrid.
La mairie de Madrid organise toutes les actions concernant le Pacte de Milan, à travers son service de coordination territoriale et associative. Le service d’égalité, des droits sociaux et de l’emploi travaille directement avec les cantines des crèches publiques. L’association VSF-Justicia Alimentaria, la coopérative Germinando, l’association Surcos Urbanos et la coopérative Garúa soutiennent la coordination des différents axes du projet. Les ateliers participatifs servent de point de départ à la construction d’une vision commune. Grâce à la complémentarité des compétences de chaque protagoniste impliqué, la mise en relation de l’offre agricole du territoire et de la demande des cantines scolaires est facilitée.
Le projet de la ville de Madrid s’articule avec un autre programme visant à stimuler l’économie sociale et solidaire, le projet Mares, afin d’accélérer le renforcement du secteur agricole.
Intégrer l’alimentation durable de proximité dans les achats scolaires
En passant à la gestion municipale des crèches, la ville de Madrid a coordonné la transition des cantines de 56 centres. L’introduction de clauses rendant obligatoires une alimentation équilibrée et durable permet de proposer chaque année un plus grand nombre de produits bio et locaux. Les cahiers des charges sont conçus sur quatre ans, avec une éventuelle prorogation de deux ans, afin d’assurer la continuité. Ils sont accompagnés de formations, à destination de la communauté éducative, sur l’application de ces cahiers des charges, le suivi et le contrôle.