Penser le territoire autrement

Einstein faisait remarquer qu’on ne peut résoudre un problème dans les termes mêmes qui lui ont donné naissance. On peut dire la même chose pour les territoires et la transition. Des concepts et des modes d’action créés pour la gestion locale des territoire, considérés comme des espaces de mise en oeuvre de politiques définies à un autre niveau -comme le symbolise le slogan "penser globalement, agir localement"- ont peu de chances d’être adaptés à la nouvelle réalité qui nous impose de repenser à la fois la société, l’économie et la gouvernance.
En partant cette fois des territoires : "penser localement pour agir globalement", c’est penser autrement le territoire c’est le définir autrement, le caractériser autrement et le gérer autrement.

Voici à titre d’exemples des approches promues par Citego et que l’on retrouve dans les modules de formation.

Définir autrement le territoire

Territoire. Un territoire est une portion d’espace aménagée par les sociétés humaines au fil de siècles.
Lire Vous avez dit : ‘territoire’  ? Comment chaque discipline l’appréhende-t-elle  ? De l’éthologie à la philosophie)

Territoire de vie. C’est le lieu de la vie quotidienne d’une partie de la société, bassin d’emploi, bassin d’habitat, bassin de vie.
Lire Le territoire acteur central de la transition vers des sociétés durables : de l’économie à l’œconomie)

Le territoire, un système de relations et d’acteurs. Un territoire se définit non par des limites administratives et politiques mais par une densité des relations qui s’y nouent, dont beaucoup vont du local au mondial. C’est un nœud dans des réseaux de relations ; Loin de se réduire à des collectivités territoriales, le territoire peut être vu comme un système local d’acteurs nouant entre eux des relations plus ou moins intenses.
Lire La gestion territoriale des relations entre acteurs ; La Charte de la Fabrique des transitions)

Caractériser autrement le territoire

Territoire acteur. Passer du territoire support passif des évolutions de l’économie et de la société à un territoire « acteur collectif ».

Les quatre capitaux d’un territoire. Capital matériel, capital naturel, capital humain, capital immatériel. Le capital immatériel, fruit de longs apprentissages, est le plus précieux : il caractérise l’art de relever en commun des défis anciens et nouveaux.

Métabolisme territorial. Le métabolisme d’un être vivant est l’ensemble des réactions chimiques qui se déroulent dans son sein pour lui permettre de se maintenir en vie, de se reproduire, de se développer et de répondre aux stimuli de son environnement. Par analogie, le métabolisme d’un territoire décrit ses mécanismes de fonctionnement interne et ses échanges avec l’extérieur.

Empreinte écologique d’un territoire. C’est l’impact sur la biosphère de la société vivant sur un territoire. Elle se mesure par l’ensemble des consommations d’énergie fossile ou de ressources non ou faiblement renouvelables, que celles ci soient consommées directement ou indirectement à travers le processus de production des biens et services consommés par la sociétés.
Lire Glossaire du Petit traité d’oeconomie ; et La Charte de la Fabrique des transitions

Définir autrement la gouvernance territoriale

Gouvernance territoriale. Passer de l’idée de « gestion locale » qui met l’accent sur l’activité administrative de collectivités locales à la « gouvernance territoriale » qui s’intéresse aux multiples régulations de la société locale et fait intervenir aussi bien des collectivités de niveau géographique plus élevé, régions, Etat, Union européenne que d’autres acteurs publics et privés.
Voir Vous avez dit gouvernance ?

Co-production du bien public. Le bien public n’est pas le monopole des acteurs publics mais est une co-construction par un ensemble d’acteurs.
Voir L’éducation à la responsabilité, un prototype de co-production du bien public  ?

Gouvernance à multi-niveaux et subsidiarité active. La gouvernance territoriale s’inscrit dans une gouvernance à multi-niveaux qui va du local au global. La gouvernance à multi-niveaux vise à combiner au mieux unité et diversité et repose sur la mise en œuvre du principe de subsidiarité active.
Lire La gouvernance à multi-niveaux

Le territoire, acteur pivot de la transition

La transition. Un processus de changement systémique (concernant la manière de penser, de se gouverner, de produire, de consommer, de se relier aux autres) qui fait passer de la société actuelle, qui met en péril la biosphère et les conditions de vie de l’humanité future à une société écologiquement et socialement durable.

Le territoire et la gestion des relations. Les crises de la modernité sont des crises des relations : entre les êtres humains, entre les société, entre l’humanité et la biosphère. Les territoires et les filières mondiales de production (aussi appelées chaînes de valeur) sont les deux lieux les plus appropriés pour gérer ces trois ordres de relations.
Lire La Charte de la fabrique des transitions

Oeconomie. Terme en vigueur jusqu’en 1750 pour désigner l’art de produire le bien être de tous dans le respect des limites de l’environnement. C’est le défi du 21ème siècle d’où l’idée de « grand retour en avant » de l’économie à l’oeconomie.
Lire le chapitre 1 "de l’économie à l’oeconomie" ; - Petit traité d’oeconomie

Oeconomie territoriale. L’approche de l’oeconomie à l’échelle d’un territoire. Son enjeu est de réduire de façon radicale l’empreinte écologique d’un territoire. Parmi les réponses possibles : l’économie circulaire qui met l’accent sur la fermeture des cycles de production de manière à assurer le bien être tout en prélevant le moins possible de ressources non renouvelables ; l’économie de la fonctionnalité qui vise à remplacer des biens matériels par des services ; l’économie sociale et solidaire qui met l’accent sur la coopération entre acteurs et la participations directe des bénéficiaires à la gestion des biens et services ; l’écologie industrielle et territoriale qui vise à densifier les flux d’échange de matière et d’énergie au sein d’un territoire pour jouer des complémentarités et que le déchet de l’un devienne la ressource de l’autre.

Complexité et gestion des relations. Un système complexe est un système où les relations entre les parties du système sont plus importantes que chaque partie prise isolément. Un territoire en transition doit apprendre à gérer les relations de tous ordres, à l’opposé des « politiques en silos » qui caractérisent en général l’action publique.