Une forte croissance, y compris pour l’emploi
Eric Charmes, octobre 2015
Aujourd’hui, les espaces périurbains au sens de l’INSEE couvrent une partie très importante du territoire français. Dans le zonage de 2010, environ deux tiers des communes du territoire métropolitain, soit 24 700 communes, sont périurbaines au sens de l’INSEE. Elles comptent 19 millions d’habitants. Les couronnes des grands pôles urbains et les communes multipolarisées des grandes aires urbaines comptent à elles seules 16 250 communes et 14,8 millions d’habitants, soit près d’un quart de la population française. Ces chiffres sont en forte croissance. En moins de 10 ans, l’espace périurbain des grands pôles a vu sa population augmenter de 40 % et sa superficie de plus de 43 % !
Il est par ailleurs à noter que l’espace périurbain polarisé par les grands pôles compte un nombre significatif d’emplois. Cet espace regroupe environ 17 % de l’emploi à l’échelle des grandes aires urbaines et 11 % à l’échelle nationale. C’est moins que son poids démographique, mais ce n’est pas négligeable. En outre, l’emploi progresse rapidement, plus vite même que la population. Cela confirme la validité des thèses exposées dans la fiche La ville émergente soulignant que le périurbain ne peut pas être réduit à un espace dortoir et que de nombreuses personnes y travaillent.
Les pouvoirs publics affichent certes une volonté constante d’organiser et de contrôler l’expansion des villes, avec notamment la loi Solidarité et renouvellement urbain de 2000, loi réactualisée dans la loi portant engagement national pour l’environnement de 2010, puis plus récemment dans la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové de 2014. Mais ces politiques sont en concurrence avec d’autres, comme celles visant à soutenir l’activité de construction de logements neufs (qui pour environ la moitié sont des maisons individuelles) ou comme celles visant à assurer l’égalité des territoires et le développement rural (ce qui prépare la périurbanisation des espaces ruraux). En tout cas, les faits sont là : les villes continuent de s’étaler. Les couronnes périurbaines des villes s’étendent toujours plus loin des centres. A Lyon par exemple, l’aire urbaine est passée de 296 à 514 communes entre le zonage de 1999 et celui de 2010.
La périurbanisation a un poids tel qu’elle domine les dynamiques de croissance urbaine, du moins sur le plan démographique. Ainsi, le développement récent des métropoles résulte en majorité de la croissance démographique des communes périurbaines et de l’inclusion de nouvelles communes dans leur aire d’influence : alors qu’entre 1999 et 2008, les grands pôles gagnaient 3,4 millions d’habitants, l’espace périurbain polarisé par ces pôles gagnait 4,3 millions d’habitants. Pendant cette période, près de 20 % du territoire français a basculé dans l’orbite des grands pôles urbains (attention : il ne s’agit pas d’une mesure de l’artificialisation des sols dans la mesure où les communes qui deviennent périurbaines ne sont souvent artificialisés qu’à 20 %).
Références
BRUTEL Chantal et David LEVY, 2011, Le nouveau zonage en aires urbaines de 2010. 95 % de la population vit sous l’influence des villes, Insee Première n° 1374
FLOCH Jean-Michel et David LEVY, 2011, Le nouveau zonage en aires urbaines de 2010. Poursuite de la périurbanisation et croissance des grandes aires urbaines, Insee Première n° 1375