Fighting social exclusion through social innovation on housing and social and professional integration
Pascale Thys, September 2001
This dossier takes a closer look at the approach taken by the Habitat et Participation association.
The purpose of efforts to capitalise on social innovation is not just to create information sheets on experiences, to arrive at a ‘simple’ product or list of case studies. Rather, the goal is to encourage exchanges of experience between political figures and associations, between project initiators and beneficiaries, as well as amongst associations themselves, and whether the experience was in Belgium or elsewhere. Thus it is important to find working methods that favour these processes – yet also result in a useful dossier that can be easily disseminated.
Contexte du projet
Nous appuyant sur nos expériences passées en matière d’échange d’expériences, il nous est apparu d’emblée que la première question à laquelle il nous fallait répondre était : quel(s) serai(en)t les objectif(s) de ce travail pour les groupes rencontrés. En effet, il est impossible de promouvoir l’échange d’expériences si un objectif clair n’est pas établi avec les participants à cet échange. De même, un processus participatif ne peut se mettre en place si cette participation ne porte pas sur un objet précis avec un enjeu de type décisionnel.
Il nous a semblé, lors de ce travail, que les objectifs pouvaient être :
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Visibiliser une pratique si elle est peu connue, surtout lorsqu’il s’agit d’une innovation sociale dont la mise en œuvre implique un fonctionnement sans moyens, sans reconnaissance, à la limite de la législation existante ;
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Prendre, le temps d’une rencontre organisée par l’association, un certain recul face à une pratique innovante en y incluant le point de vue des « bénéficiaires » du projet ;
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Systématiser certaines questions de manière à pouvoir dialoguer avec les pouvoirs publics lors d’une journée de rencontre finale.
Lors du processus d’échange d’expériences, la seconde grande question à se poser est le niveau de l’échange. Trois niveaux sont possibles :
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De personne à personne (ce qui s’est passé lors des interviews)
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De personne vers un groupe plus ou moins formalisé (ce qui s’est passé lorsque l’association rencontrée a bien voulu se présenter en groupe ; c’est ce qui pourrait être l’enjeu du travail de synthèse de la recherche ainsi que des ateliers lors de la journée de restitution)
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Du groupe vers l’extérieur (ce sera l’enjeu de la fin de cette journée de restitution)
La méthode utilisée lors de ce travail a dès lors été déterminée par les objectifs que nous souhaitions atteindre, à savoir réaliser un produit, mais aussi lancer un processus dans lequel devait pouvoir s’inscrire les 3 objectifs potentiels des groupes rencontrés.
Faire une fiche d’expériences : un produit
A priori, ce produit peut être obtenu de diverses manières :
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On téléphone à l’association pour envoi de documents et on fait une fiche ;
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On rencontre un responsable et on le questionne ;
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On rencontre un responsable, on le laisse parler ;
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On rencontre le responsable, on réalise la fiche, puis il la relit pour approbation ;
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On rencontre un groupe de travailleurs et on parle,…
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On rencontre un groupe et l’on fait de l’observation participante,…
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On rencontre un groupe de gens impliqués dans le projet, dont les bénéficiaires,…
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Etc.
Selon la méthode utilisée, le produit sera plus ou moins complet, plus ou moins fiable, plus ou moins organisé, prendra plus ou moins de temps pour être obtenu. Les choix sont donc limités par le temps imparti et les autres objectifs à poursuivre.
De manière à pouvoir utiliser ensuite ces fiches-produits, nous avons voulu leur donner une forme relativement structurée sous forme de rubriques (elles sont expliquées plus bas). Cette structure a été réfléchie en amont du projet avec d’autres partenaires. A l’usage, il est évident que certaines rubriques sont plus difficiles à compléter de manière systématique que d’autre. Par exemple, l’efficacité du projet (mesure d’adéquation entre résultats et objectifs) demanderait plus de temps pour être correctement complétée. Habitat et Participation ne pouvait donner ici de jugement et les personnes interrogées auraient eu besoin de plus de temps pour y réfléchir de manière plus pertinente.
Il faut encore signaler que, pour de nombreuses raisons qu’il serait fastidieux d’énumérer ici, notre choix s’est porté vers une fiche d’auto-évaluation par les partenaires du projet eux-mêmes. Il n’était donc pas question pour nous ni d’utiliser des analyses réalisées par ailleurs ni de porter un jugement de valeur sur le résultat des interviews.
En septembre 2001, est réalisée la lecture dite « transversale » de ces fiches pour arriver à en tirer les éléments récurrents, les idées forces, les « constantes ».
Faire une fiche d’expériences : un processus
Puisque nous ne voulions pas privilégier le produit sur le processus, il nous a fallu réfléchir à une méthode de recueil d’informations qui permette à un processus de se mettre en place. La « simple » interview d’une personne sur base d’un canevas bien défini limitait le lancement d’un processus.
C’est pourquoi, bien que les fiches suivent un canevas strict, les rencontres ont plutôt privilégié le débat, l’entretien informel, l’écoute active via des techniques et des outils d’animation de groupes. Lorsque cela fut possible – et c’était notre souhait de base – nous avons rencontré des groupes de personnes, groupes face auxquels nous sommes intervenus moins comme « journaliste » que comme animateur. Plusieurs associations qui ont bien voulu « jouer le jeu » en Belgique semblent en avoir tiré des éléments très instructifs pour elles-mêmes. Par exemple, une responsable du CASI-UO a montré son étonnement lorsque, durant les discussions, elle a réalisé à quel point les stagiaires étaient conscients des objectifs sous-jacents à la formation et pas seulement de l’objectif premier d’obtenir une formation.
Il est évident que ce même processus n’a pu être élaboré pour les fiches d’expériences étrangères. En l’occurrence, nous avons privilégié des expériences de partenaires de réseaux proches de notre association, de manière à pouvoir établir des liens avec ceux-ci si des associations belges en faisaient la demande. L’originalité de ces fiches réside dans la présence d’une partie « éléments de reproductibilité » où l’on peut y lire des expériences proches déjà existantes en Belgique, des réflexions pour aider à les reproduire et des références multiples pour aller plus loin dans la réflexion ou la mise en place de tels projets en Belgique.
Notre souhait est ici que ce processus amorcé servira de base à la création ou l’accroissement de synergies à l’intérieur des associations, entre les associations et entre pouvoirs publics et ces associations. C’est aussi pour cette raison que la journée dite de restitution finale nous paraît importante : établir un dialogue qui dépasse la « simple » revendication des divers acteurs, mais permette de concrétiser des propositions applicables pour permettre à la société de pouvoir avancer en donnant aux « pratiques innovantes » les moyens de fonctionner. Cette journée, qui se déroule le 17 septembre 2001, a pour intitulé : « Quand les actions rencontrent les politiques ».
Méthode utilisée pour la collecte d’expériences en Belgique
L’organisation de la rencontre se passe en trois temps qui s’étalent sur une période plus ou moins longue. Les contacts n’ont toutefois pas toujours pu aboutir à une séance de rencontre « idéale » pour diverses raisons que nous n’évoquerons pas ici.
Dans un premier temps, Habitat et Participation prend d’abord contact par téléphone avec les projets identifiés comme ayant une pratique innovante. Au cours de ce contact, une première information sur le projet d’inventaire est fournie. Nous mettons l’accent sur le cadre de travail et notre volonté méthodologique d’organiser une rencontre avec les différents protagonistes de l’initiative : travailleurs, bénéficiaires, porteurs du projet,… Des documents sont également envoyés afin de fournir davantage d’informations sur le contexte dans lequel s’inscrit le projet d’inventaire.
Dans un second temps, nous recontactons l’initiative, une à deux semaines plus tard, afin de fournir d’éventuels compléments d’information et d’envisager une date de rencontre.
Enfin dans un troisième temps, il s’agit de la rencontre proprement dite. Nous avons défini la séance idéale de rencontre comme suit :
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Cette séance comporte une dizaine de participants rassemblant des représentants de chaque groupe de personnes impliquées dans l’initiative.
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Après une introduction du projet, nous procédons à un premier « tour de table » dans le but de faire connaissance et de créer un climat favorable à l’échange, décontracté et sécurisant. Ce tour de présentation permet aussi de récolter déjà un certain nombre d’informations précieuses sur le fonctionnement du projet. On demande à chacun de se présenter et d’expliquer de manière très large mais concise ses relations avec le projet (rôle, comment on l’a connu, depuis combien de temps, ce qu’on y fait,…).
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Suite à cette présentation, nous proposons deux animations de support à la discussion et à la collecte d’informations que nous avons voulue sur un mode ludique :
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La première animation propose que chaque participant réfléchisse à trois idées-clef pour définir l’initiative, pour lui, à partir de la place qu’il occupe dans le projet. Chacun est invité à noter ses idées sur un papier (ou de les retenir si l’écrit pose problème). Suite à ce travail individuel, nous invitons une personne à présenter sa première idée au groupe et de l’expliquer. Chaque intervention est utilisée pour rebondir sur les idées des autres participants qui peuvent renforcer ou compléter l’idée présentée. Nous sommes attentifs à « distribuer » la parole et le temps d’intervention de façon à ce que tous les participants puissent partager leur point de vue avec les autres.
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La seconde animation porte sur les obstacles rencontrés dans le cadre de la mise en œuvre du projet pour chaque participant par rapport à la place qu’il occupe dans le projet. Pour cette seconde phase, Habitat et Participation a mis au point un outil facilitant l’expression des participants : un recueil de dessins. Ces dessins n’ont pas de signification univoque mais présentent une série de situations-obstacles face auxquelles un personnage se retrouve. Nous demandons à chacun de choisir trois situations-obstacles pour ensuite adopter le même genre de procédure que dans le cadre de la première animation. Il s’agit de les présenter au groupe et d’expliquer leur choix. Après que l’un des participants ait présenté et expliqué son premier dessin choisi, nous demandons au groupe si quelqu’un d’autre à choisi le même dessin et l’invitons à expliquer ce choix. Au bout du compte, chacun a pu présenter les situations-obstacles qu’il a choisies et réagir aux choix des autres en s’y associant ou en marquant sa différence.
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Au cours de cette rencontre, via ces animations limitées dans le temps (environ deux heures) et dans le nombre d’animations, nous tentons de collecter un maximum d’informations de façon à obtenir un contenu le plus riche possible pour alimenter les différentes rubriques de la fiche que nous nous sommes proposés de réaliser. C’est pourquoi, dans la fiche elle-même, il se peut qu’apparaissent des avis différents, voire contradictoires. Ceci nous semble très important parce qu’une vision unique ou univoque va à l’encontre de la réalité (ou de sa perception).
Enfin, pour la rédaction de la fiche, nous avons complété la collecte d’informations par l’interview de certains responsables et par l’utilisation de sources d’informations produites par les associations elles-mêmes (Rapport d’activités, projets pédagogiques, folders de présentation, sites Internet, CD-Rom, et autres documents internes divers tels que des contrats avec les bénéficiaires, etc.).
Commentaires
Au niveau de l’impact de ce recueil d’expériences, on peut émettre les constats suivants :
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Les fiches semblent très riches en contenu. La nouveauté apportée dans ces fiches est la dimension « perception du projet par les acteurs ». Cela a davantage permis de recueillir la parole des personnes. Le recueil d’expériences auprès d’un groupe est aussi une démarche nouvelle pour nous.
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Les animations ont été un moment fort dans plusieurs associations où bénéficiaires de projets et porteurs de projet se sont découverts un autre niveau de compréhension de leur action au travers de notre travail.
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La publication (avec les moyens du bord) ne s’est pas avérée d’une grande utilité pour les porteurs de projet : ils n’utilisent pas cela comme carte de visite et ne lisent pas les autres expériences. Nous pouvons ici faire un constat d’échec d’une production qui s’en tiendrait à une collecte de fiches : les gens ne prennent pas le temps de la lire. C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête que nous avons mené suite à la distribution des dossiers de fiches.
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L’impact sur les politiques publiques n’a pas été direct, mais ce fut le point de départ d’autres travaux en lien avec les difficultés pour les acteurs à mettre en œuvre l’innovation sociale. Nous avons en effet retravaillé deux thèmes précis : l’habitat groupé pour les personnes en précarité sociale et l’habitat écologique pour les personnes âgées. Dans les deux cas, des évolutions dans les cadres juridiques ont pu être réalisées.
Sources
32 case studies
- A Porto Alegre, c’est la population qui trace les destinées de la ville via « le budget participatif » ou par une co-élaboration du budget de la ville
- La réhabilitation de logements dans le quartier l’Etoile (Aide Locative de Charleroi)
- Le projet intergénérationnel Le Balloir
- Centre de rénovation et service d’aide à la rénovation pour des propriétaires à faibles revenus
- Un projet intégré de formation socioprofessionnelle dirigé vers les technologies nouvelles
- Un service d’aides aux réfugiés mettant l’accent sur la participation et la responsabilisation des bénéficiaires
- Un service d’actions bénévoles de première ligne d’aide et de soutien aux personnes sans abri ou mal logées
- Un service facilitant l’accès à la location de logement en s’appuyant sur le système du bail glissant
- Une Entreprise de Travail Adapté et une coopérative qui misent sur la participation démocratique
- Un logement de transit et d’insertion prioritairement pour les stagiaires d’une Entreprise de Formation par le Travail (EFT)
- Un service d’insertion en logement individuel supervisé pour personnes présentant un handicap
- La création de logements d’insertion en partenariat avec un établissement scolaire et d’autres services locaux
- Un recours alternatif à la Justice de Paix en matière de conflits locatifs
- Association des habitants du « Chêne Houdiez »
- Le Phare, un projet construit collectivement avec des hébergés d’une Maison d’accueil
- Un jeu collectif en construction continue pour favoriser l’échange et l’inter-formation entre personnes en difficulté
- Un programme d’insertion globale par le logement et l’emploi
- Production d’habitat adapté pour des gens du voyage à St-Bonnet de Mûre
- Le programme Casa Melhor pour « un meilleur logement »
- Quand des habitants auto-gèrent leur espace de vie et de travail
- Opération expérimentale de désendettement dans la cité d’habitations sociales d’Empalot
- L’Epicerie Locale d’Initiative Solidaire (ELIS)
- Le quartier spontané de Fitiribougou
- Habitat adapté en bois construit par et pour des personnes défavorisées
- Des détenus créateurs de jardins générateurs de lien social
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- Gdańsk (PL) - Rethinking welfare from a neighbourhood level
- Aarhus (DK) - A welfare plan with a fresh approach to jobseeker support
11 proposals
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- Les pratiques d’auto-construction de logements sociaux en région wallonne
- Integration gardens for the socio-professional integration of prisoners in the Walloon region
- Wooden construction and social exclusion, initiatives in the Walloon region