Des détenus créateurs de jardins générateurs de lien social

Les Jardins du Lien

Pascale Thys, September 2001

Habitat et Participation ASBL

Cette fiche s’intéresse à la création d’un jardin générateur de lien social sur un terrain en friche dans un quartier de Tourcoing. Ce jardin a été pensé et créé avec les habitants du quartier, en partenariat avec une association pour la réinsertion socio-professionnelle des anciens détenus en situation précaire.

Cette fiche a été réalisée avec le concours de Gérard Chaubiron, directeur du centre socioculturel de Belencontre et de l’Association des Amis de Belencontre (association loi 1901)

Contexte

Le quartier de Belencontre à Tourcoing, comprend 5 tours de 12 étages et 700 logements sociaux.

Origines du projet

Tourcoing, dans le quartier de Belencontre, un terrain en friche de 3.000m2 est très fréquenté par des toxicomanes. Le projet du centre socioculturel de Belencontre est de recréer une image correcte du quartier et de générer du lien social, des liens intergénérationnel et interethnique, via l’implantation de jardins. Ce projet s’inscrit dans la mouvance des jardins de Cocagne1 - jardins collectifs où travaillent des hommes et des femmes en situation précaire, et qui, avec un encadrement, cultivent des légumes distribués aux adhérents du jardin, ainsi que des jardins en bas d’immeubles qui ont comme fonction d’être un prolongement de l’appartement, de faire sortir les gens, de recréer des liens et de fournir une aide à la subsistance.

La projet a été lancé en avril 2000 et fut conçu en 2001. Il est appelé « Les Jardins du Lien ».

Objectifs du projet

L’objectif de la municipalité est la prévention de la récidive et l’insertion des Rmistes2 du quartier (double insertion).

Population concernée

9 détenus en formation qualifiante sont concernés,ainsi que les habitants du quartier et la population logeant dans les tours d’habitations sociales.

Montage financier

La municipalité à mis un terrain à disposition et a financé l’aménagement paysager.

La Fondation de France a financé :

Le Conseil Général a apporté sa contribution dans le cadre de l’accompagnement de Rmistes (un animateur assure l’encadrement technique)

Montage légal

Une convention a été signée avec l’association des Amis de Belencontre pour la mise à disposition du terrain et sa gestion. Cette association est l’employeur du technicien via le Centre.

Partenaires du projet

Déroulement du projet

Neuf détenus en formation qualifiante (CAP3 de métallerie) ont aménagé le terrain en friche et ce d’après des photos. La coordination du chantier-école était assurée par l’association Appel d’aire pour l’aspect formation et par le Centre pour l’aspect chantier.

La conception des plans des jardins (8 parcelles) fut réalisée par ordinateur et la réalisation du mobilier en métal (grille et abri de jardin) a été effectuée par les détenus en formation. Un parc avait déjà été réalisé de la même façon dans la ville (Parc du Moulin Tonton).

Les détenus ont proposé plusieurs maquettes. Ils ont proposé, notamment, d’implanter un système de récupération de l’eau de pluie, un système de compost, un aménagement convivial pour permettre les rencontres, des parcelles pour des cultures thématiques (aromates, légumes anciens, …).

La disposition est celle des jardins en carré d’1m sur 1m – en réponse au « comment faire vivre beaucoup de personnes sur peu de terrain ». Cinq carrés peuvent faire vivre une famille4. Les jardins sont destinés aux différents publics du quartier (écoliers, jardiniers néophytes, …).

Le terrain est divisé en 2 parties qui allient l’individuel et le collectif

Une partie est destinée aux parcelles nominatives. La location des parcelles se fait sur base d’un contrat et est gratuite. Il faut respecter le règlement intérieur et adhérer au Centre (50FF-300FB-responsabilité civile).

L’autre partie qui n’est affectée à personne en particulier est destinée aux jardins communautaires. Le Centre le gère pour la collectivité. Par exemple, un groupe de femmes du Centre y cultivent des fleurs, des adultes sans travail retrouvent une utilité sociale en aidant des écoliers à cultiver leur parcelle…

Vous pouvez consulter la fiche proposition qui analyse la situation en région Wallonne en tirant les apprentissages du cas des Jardins du Lien

1 Extrait du Dossier de présentation du Réseau Cocagne de janvier 2001 : « les Jardins de Cocagne fonctionnent selon 4 grands principes regroupés au sein d’une charte : une vocation d’insertion sociale et professionnelle de personnes en difficulté ; la production de légumes cultivés en agriculture biologique ; la distribution de ces légumes auprès d’un réseau d’adhérents ; la collaboration avec le secteur professionnel local. »

2 RMI : Revenu Minimum d’Insertion (équivalent du Minimex)

3 CAP : Certificat d’Aptitude Professionnelle

4 Predine E. 1999 ; Predine E. 2001.

Sources

Kharbache N. 2001. « Quand les détenus prennent l’aire », In Comme la ville, n°3, février, DIV, France, p.7

Guide méthodologique, Jardinage et développement social : du bon usage du jardinage comme outil d’insertion sociale et de prévention de l’exclusion sur le site Jardinons

Predine E. 1998. Jardins ouvriers : l’art et la manière, Flammarion

Predine E. 1999. Art du potager en carré, éd.Les nouveaux jardiniers

Predine E. 2001. Mon jardin de poche, éd.Plume de carotte

To go further

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