Projet territorial de la basse vallée de la Saâne (Seine-Maritime)
décembre 2022
Entre 2011 et 2014, la basse vallée intègre le programme européen LiCCo (Littoraux et changements côtiers) dont le but est d’accompagner les populations côtières pour comprendre, se préparer et s’adapter aux effets du changement climatique. Suite à l’approbation du projet PACCo (Promouvoir l’Adaptation aux Changements Côtiers) en février 2020 par le comité du programme Interreg VA France (Manche) Angleterre, le projet territorial Basse Saâne 2050 entre dans sa phase de mise en œuvre.
Le territoire
La Saâne est un fleuve côtier normand long de 41 km. Elle prend sa source dans le Pays de Caux, sur la commune de Val-de-Saâne, et se jette dans la Manche à Quiberville-sur-Mer (côte d’Albâtre). L’intégralité de son cours est située dans le département de Seine-Maritime. A Gueures, la Saâne reçoit sur sa rive droite l’apport d’un affluent long de 15 km, la Vienne.
Le territoire de la basse vallée de la Saâne est constitué des communes de Longueil (561 habitants), Quiberville-sur-Mer (541 habitants) et Sainte-Marguerite-sur-mer (468 habitants)*. Sa superficie totale est de 20,5 km2. La vallée est parsemée de nombreuses fermes cauchoises appelées clos-masures, qui présentent l’aspect d’îlots boisés de 2 à 3 hectares plantés le plus souvent de pommiers à cidre, cours de fermes ceinturés de talus plantés de hêtres. A l’intérieur de ces enclos, divers bâtiments sont disséminés : maison d’habitation, bâtiments d’exploitation, colombier…
La vallée de la Saâne représente un grand ensemble écologique composé de prairies humides et de quelques cultures. L’intérêt principal de cette zone humide est sa grande taille, son ouverture et ses paysages. On y trouve deux types de paysage :
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le fond de vallée : large et plat, essentiellement agricole ;
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les coteaux, asymétriques, avec à l’ouest des pentes relativement marquées alors qu’à l’est, où se situe Sainte-Marguerite, les pentes sont plus douces et le coteau est entaillé par deux vallées sèches.
Les activités agricoles connaissent d’importantes mutations depuis plusieurs décennies. On assiste à une diminution régulière des surfaces de prairies au profit des terres labourables et des zones urbanisées. Les terres cultivées sont réparties largement sur les plateaux mais ont gagné les zones à forte pente et le fond de vallée.
Les activités économiques se sont développées dans la vallée, héritant des implantations autrefois réalisées pour exploiter l’énergie hydraulique. A ce titre, de nombreux moulins (52 au total pour la vallée de la Saâne et celle de la Vienne, au début du 19ème siècle) étaient également installés le long des berges, bénéficiant de la remarquable régularité du débit et d’une puissance hydraulique suffisante. Les vallées de la Saâne et de la Vienne restent souvent en herbage en raison de la présence de la nappe et du vieillissement ou l’abandon des réseaux de drainage. Toutefois, leur configuration a été impactée par des activités humaines (campings, lotissements, activités de loisirs).
Le projet PACCo
Le projet européen (France – Angleterre) PACCo a pour objectif de démontrer que des démarches d’adaptation au changement climatique peuvent être mises en œuvre dans les zones littorales et estuariennes de la façade Manche. Elles rassemblent les acteurs locaux concernés autour d’un projet pour un territoire résilient source de bénéfices socio-économiques et environnementaux.
Le budget total du projet PACCo s’élève à 26 millions d’euros, dont 17,8 millions d’euros issus du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER). L’initiative permettra de recréer 100 hectares d’habitats intertidaux et humides, de renforcer les services écosystémiques et de générer des avantages socioéconomiques sur les deux sites cibles, que sont la basse vallée de l’Otter (Devon, Angleterre) et la basse vallée de la Saâne (Seine-Maritime).
Pour le projet territorial français, cela implique des financements pour deux opérations majeures :
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La création du nouvel équipement touristique municipal de Quiberville-sur-Mer, sous maîtrise d’ouvrage communale, pour un montant de 8.6M€, avec une contribution de 5.9M€ par le FEDER,
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La création d’une station d’épuration et de réseaux d’assainissement à Longueil, sous maîtrise d’ouvrage de la Communauté de communes Terroir de Caux, pour un montant de 4.1M€, avec une contribution de 2.8M€ par le FEDER.
Ces opérations bénéficient d’aides complémentaires via un Contrat Territorial co-signé avec la Région Normandie et le Conseil Départemental de la Seine-Maritime.
La réalisation de ces opérations suit le calendrier du projet PACCo : les constructions doivent se terminer en mars 2023.
La troisième opération majeure, la reconnexion de la Saâne à la mer et travaux hydromorphologiques connexes, sous maîtrise d’ouvrage du Syndicat Mixte des Bassins Versants Saâne Vienne Scie, bénéficie de financements au travers d’un Contrat Territorial Eau et Climat co-signé avec l’agence de l’eau Seine-Normandie. Cette opération est estimée à environ 5M€.
Le calendrier n’est pas indexé sur celui du projet PACCo : la fin des travaux est prévue pour 2025.
L’engagement de l’Union Européenne
Début février 2020, le comité de programmation de l’Interreg France (Manche) Angleterre a officialisé l’engagement de l’Union Européenne à travers la validation du projet PACCo (malgré le Brexit). L’Interreg PACCo dispose d’un chef de file anglais, l’Environment Agency et d’un coordinateur en France, le Conservatoire du littoral (Délégation Normandie). Cet appui financier exceptionnel va permettre de mettre en œuvre le projet territorial de la Saâne (cf. lettre de la Saâne de février 2020). Les travaux vont se dérouler jusqu’en 2025.
Un site internet dédié au projet PACCo est opérationnel depuis 2021. Il présente les actions menées dans la basse vallée de la Saâne et dans la basse vallée de l’Otter.
Dorénavant le projet territorial de la Saâne constitue l’un des projets les plus ambitieux en matière d’adaptation au changement climatique et de recomposition spatiale d’un territoire littoral.
Avancement du projet ces dernières années
Le comité de pilotage de septembre 2016 a permis de valider la trajectoire globale du projet à court, moyen, long terme et les grands principes des actions à conduire dans les prochaines années :
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L’aménagement d’un ouvrage hydraulique de reconnexion de la Saâne à la mer ;
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La relocalisation du camping de Quiberville et des bungalows de Sainte Marguerite sur Mer ;
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L’organisation de l’ensemble des usages et de la valorisation touristique du site ;
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La valorisation des milieux en restaurant les fonctionnalités des zones humides.
Le comité de pilotage du 18 décembre 2018 a officialisé le transfert du camping de Quiberville élément important du projet territorial de la Saâne (cf. compte rendu).
Lors du comité de pilotage du 11 septembre 2019, le territoire a réitéré sa candidature pour bénéficier des crédits européens via l’élaboration d’un projet Interreg Franco-Anglais dénommé PACCo (Promouvoir l’Adaptation aux Changements Côtiers – Promoting Adaptation to Changing Coasts) avec l’Environment Agency et le site de la vallée de l’Otter (Devon). Il s’agit de disposer de 69% de crédits européens en cas de candidature retenue.
Dans le cadre de PACCo, deux opérations majeures bénéficieront de financements du FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) ainsi que l’animation du projet :
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La relocalisation de l’équipement touristique de Quiberville (maitrise d’ouvrage communale) 6,9 M€,
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Les réseaux d’assainissement et la station d’épuration à Longueil pour environ 4 M€ (maitrise d’ouvrage Communauté de Communes Terroir de Caux).
Le comité de pilotage du 21 juin 2022, en présence du Vice-Président de la Région Normandie, Hubert DEJEAN DE LA BATIE, du Vice-Président du Conseil Départemental de la Seine-Maritime, Alain BAZILLE et du sous-préfet de la Seine-Maritime, Alain GUEYDAN, a réuni l’ensemble des partenaires du projet autour du problème de l’augmentation des coûts des matières premières liée aux contextes sanitaire, géopolitique et économique actuels. Cette situation a non seulement impacté les budgets des travaux mais a également rendu plus incertain le respect des calendriers.
Les partenaires impliqués
Ce sont l’agence de l’eau Seine-Normandie et la Région Normandie qui financent l’animation du projet. Le Conservatoire du littoral assure la coordination et la mise en œuvre avec un agent sur site. Les partenaires (Etat, Région, Département, Intercommunalités, Communes, associations, riverains, agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, …) contribuent à sa construction via deux instances de concertation. Le comité technique permet la co-construction du projet territorial et le suivi des travaux des bureaux d’étude. Il se réunit en fonction des besoins plusieurs fois par an. Le comité de pilotage est l’instance de prise de décision et de validation des travaux qui se réunit une fois par an. Plusieurs réunions publiques et ateliers ont également permis d’informer et associer la population locale.
Le projet territorial de la basse vallée de la Saâne
Depuis 2012, le Conservatoire du littoral anime le projet territorial de la basse vallée de la Saâne en travaillant sur une approche globale, comprenant un ancrage local et une concertation renforcée avec tous les acteurs (privés, publics, locaux, départementaux et régionaux). Le projet territorial intègre trois volets :
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Appréhender le risque inondation en favorisant l’écoulement de la Saâne à la mer tout en répondant au risque submersion marine ;
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Prendre en compte l’ensemble des usages socio-économiques de la basse vallée (riverains, usagers, agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, touristes, …) ;
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Améliorer la qualité du milieu (zone humide, continuité écologique, paysage, eau, etc.) et restaurer la biodiversité.