Musée du Sabotier, Soucht, Moselle

Architecture frugale : 20 exemples inspirants dans le Grand Est

septembre 2021

FRUGALITÉ HEUREUSE et CREATIVE (FH&C)

Il existe déjà un grand nombre de bâtiments que l’on peut qualifier de « frugaux » et qui témoignent d’un nouvel équilibre entre tradition et modernité. Cet ouvrage met en valeur vingt projets construits récemment dans la région pionnière du Grand Est, dont les groupes locaux (en Lorraine et en Alsace) comptent parmi les plus engagés. En partageant ces exemples inspirants, l’intention du Mouvement pour une frugalité heureuse et créative est de donner envie aux professionnels, décideurs et citoyens de s’impliquer dans le nécessaire changement de paradigme, qui commence à poindre.

Nouveaux processus

La frugalité vise la décroissance du matériel, mais prône la croissance et l’épanouissement des relations humaines, dans toute leur richesse. La conception de bâtiments frugaux fait souvent l’objet d’une démarche participative intégrant les futurs usagers, voire les riverains. Elle instaure dès l’amont une collaboration bienveillante entre tous les acteurs, du maître d’ouvrage aux entreprises, en passant par les architectes, les ingénieurs des bureaux d´études et de contrôle, etc. La Maison des enfants de Tendon, construite en hêtre de la commune, est championne des circuits courts. Le Making Hof à Strasbourg symbolise les multiples facettes de l’habitat participatif et ses avantages pour la création de liens sociaux entre les résidents. Quant au musée du sabotier de Soucht, il a été porté par une association qui voulait préserver la mémoire de ce savoir-faire vosgien. L’essentiel est dans l’humain, pas dans la technique

« L’ambition initiale était de faciliter l’appropriation du lieu par les habitants et les visiteurs. Aujourd’hui, de jeunes adhérents de l’association stimulent la vie du musée autour du design contemporain ».

Pascal Demoulin Parc naturel régional des Vosges du Nord

La fabrique de sabots de Soucht a nourri pendant des décennies des centaines de familles. Pour en préserver la mémoire, quelques anciens se sont réunis en association pour créer un musée destiné à un public scolaire et familial. Le bâtiment suit le relief pour se nicher entre un vallon humide et une colline boisée.

L’accès se fait à pied au bord d’un talus en longeant une placette, une aire de pique-nique et le « Holzplatz », un espace de stockage des grumes utilisé par les enfants pour grimper, sauter ou se balancer. Machines et outils sont regroupés sous l’auvent, près de l’atelier mécanisé situé à l’intérieur du musée. Les plis de la toiture en cuivre accompagnent les mouvements du terrain et définissent à l’intérieur des sous-espaces en réduisant les cloisonnements. Grâce à une isolation renforcée, le poêle central, alimenté par des bûches ou des déchets de la fabrication des sabots, suffit à chauffer l’ensemble du musée. En passant dans les tuyaux du puits canadien, l’air est naturellement préchauffé en hiver, mais aussi rafraîchi en été.

La scénographie de Laurence Moreau fait revivre aux visiteurs le quotidien des ouvriers, présente plus de deux cents paires de sabots du monde entier et retrace leur fabrication manuelle puis mécanisée. Les visiteurs sont immergés dans un cocon de bois : façades en panneaux d’épicéa massif, plafonds en lattes de mélèze, mobilier en contreplaqué vernis. Une attention particulière a été portée à la dimension sensorielle de la visite : l’odeur du bois, le bruit des machines et des manipulations simples.

Cahier technique

Lieu: Soucht, France

Année de construction: 2010

Surface: 250 m2

Coût de la construction: 510.000 €

Maîtrise d’ouvrage: Communauté des Communes du Pays de Bitche

Maîtrise d’oeuvre: Urbane Kultur, Dominique Cornaert

Références

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