L’ambiguïté du pouvoir étatique dans le processus d’expansion de la ville informelle
Damas, SYRIE
Aurélie LANDON, 2014
Centre Sud - Situations Urbaines de Développement
Cette fiche présente la problématique de la planification urbaine et de l’accès au logement en Syrie et le rôle ambigu joué par l’Etat syrien.
La ville de Damas a été bâtie sur une oasis aux portes du désert. Cette ceinture verte, la Ghouta, est en train de disparaître sous l’urbanisation. La population officielle de l’agglomération était de 4,5 millions d’habitants en 2008. La croissance urbaine se fait essentiellement en périphérie car il n’y a plus de réserves foncières à Damas.
Le marché foncier syrien présente une faiblesse structurelle dans l’offre de logements à bas coût, avec une production formelle annuelle qui tourne autour de 50 000 logements. Paradoxalement, la volonté de l’État, dans un contexte qui ne connaît pas de décentralisation, d’encadrer et de se substituer au marché privé afin de limiter la spéculation, renforce les difficultés d’accès au logement formel.
Face à l’ampleur du phénomène, l’État syrien a oscillé entre des périodes de répression et légalisation. L’ambiguïté des textes ne permet actuellement pas une sécurisation réelle des propriétés et entraîne des effets pervers tels que la corruption pour obtenir une sécurisation relative de son bien.
Ainsi, une recommandation présidentielle suggère aux responsables de la municipalité de Damas d’éviter la démolition de toute unité d’habitation couverte d’une dalle de béton et dotée d’une porte et d’une fenêtre. Cela encourage indirectement la construction illégale avec les constructions en une nuit. Les inflexions, entre assouplissement et durcissement, ont de forts impacts sur le marché foncier informel et la consolidation des quartiers, les propriétaires se sentant menacés de destructions n’investissant que peu dans le second œuvre et les finitions de leurs logements.
L’impossibilité de l’État de répondre aux besoins actuels doit amener une réflexion sur le partage des rôles entre les différents acteurs de l’aménagement. La question de la place des acteurs privés est d’autant plus cruciale que l’on voit arriver sur le marché syrien les premiers investisseurs immobiliers étrangers, jouant actuellement sur les failles juridiques et la demande en logement importante du marché foncier.
Références
Aurélie LANDON (Architecte urbaniste, Communauté d’Agglomération de Cergy Pontoise, ancienne étudiante ENSAPLV) Source : « Accompagnement de la densification d’un quartier auto construit, Bustan Al Ruz, Damas », PFE, sous la direction d’Agnès Deboulet, pôle ASM, 2009