Améliorer les logements grâce aux micro-crédits en région wallonne
Retour sur l’expérience de Casa Melhor
Pascale Thys, septembre 2001
Pour faire écho au programme Casa Melhor, cette fiche propose une comparaison avec ce qui existe en région Wallonne et ce qui pourrait être reproduit, c’est-à-dire, par exemple, un partenariat public–privé initié par « les groupes de base », afin d’améliorer les logements, via l’octroi de micro-crédits à des familles propriétaires, à faible revenus, organisées en groupe d’épargne et engagées dans une entité locale.
Exemples des actions mises en œuvre dans la région wallonne
Les subventions publiques
En matière de subventions publiques apportées aux particuliers pour améliorer le logement on peut citer, les aides, primes et prêts de la Région, comme, par exemple :
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La prime à la réhabilitation (pour entreprendre des travaux qui améliorent le logement) ;
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La prime à la réhabilitation en faveur des locataires (« bail à réhabilitation » - travaux pour améliorer un logement) ;
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La prime à la restructuration (pour des transformations importantes) ;
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L’aide à la rénovation et à l’embellissement extérieurs ;
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La subvention aux ménages à revenu modeste pour la promotion des économies d’énergie (travaux pour réduire les dépenses en matière d’énergie) ;
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La prime à l’épuration individuelle ;
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Le prêt jeune (notamment pour la rénovation) ;
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Les aides aux personnes morales (société d’habitations sociales, …) ;
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Les prêts de la Société Wallonne du Logement (notamment pour l’amélioration d’un logement) ;
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Les prêts du Fonds du Logement des Familles Nombreuses (notamment pour divers travaux).
De nombreuses associations, Entreprises de Formation par le Travail, Régies de Quartier et autres, via les actions, préformations et formations en bâtiment qu’elles dispensent contribuent aussi à l’amélioration des logements, notamment, de leurs travailleurs et/ou stagiaires.
Par exemple, l’asbl Sans Abris Castor, à Charleroi, effectue un accompagnement socioprofessionnel, dans le cadre de la rénovation de logements inoccupés par les futurs locataires issus de publics précarisés.
Les aides du secteur privé
En ce qui concerne les aides du secteur privé on peut citer :
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Les associations d’épargne de proximité1, comme Le Pivot, L’Aube, La Bouée, Les Ecus Balladeurs, et La Fourmi Solidaire, qui regroupent des personnes qui mettent en commun leur épargne afin d’octroyer des prêts de 50.000 à 500.000 FB, sans intérêt ou avec un intérêt minime. Les prêts sont destinés principalement, mais pas exclusivement, à des projets sociaux ou alternatifs qui n’ont pas ou difficilement accès au crédit bancaire.
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Les micro-crédits octroyés par la Fondation Roi Baudouin (prêt solidaire) et le Crédal2 (pour chômeurs, minimexés, candidat à la régularisation, …) à des projets dont les initiateurs ont peu ou pas d’accès au crédit bancaire.
Ici il est surtout question d’aides à des associations et d’aide à la création d’emploi et très peu, voire pas du tout, de crédit à la consommation pour, par exemple, améliorer son logement.
Éléments à reproduire issus de l’exemple du programme Casa Melhor
Le micro-crédit à la « consommation » pour les personnes défavorisées reste à développer en Région wallonne3. Le programme Casa Melhor et de nombreuses expériences étrangères en matière de prêt accordés aux bas revenus démontrent l’intérêt et la viabilité du système4. Ces expériences reposent en grand partie sur la solidarité et la confiance accordée aux « bas revenus ».
Casa Melhor montre que le crédit est aussi un outil qui, entre autre, crée et renforce les liens communautaires et la participation :
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Pour se voir attribuer un prêt il faut former un groupe et être « parrainé » par une association, ce qui implique une participation active à la vie collective locale ;
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Le groupe est responsable de ses membres, non pas au sens financier, mais dans la mesure où les ménages sont présentés -et donc « approuvés » - par l’entité locale ;
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Tous les habitants y ont droit s’ils respectent les règles ;
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Les décisions sont prises lors d’une concertation des membres d’un partenariat public-privé. La responsabilité des décisions est partagée par chacune des composantes (ONG-associations-pouvoirs publics).
Les quelques exemples cités plus haut montrent que toutes les ressources (humaines, financières, …) existent pour initier ce genre d’expérience. Il faudrait peut-être l’adapter à notre culture plus basée sur l’individualisme5.
Pourquoi ne pas tenter l’expérience dans des quartiers dits « sensibles », des cités d’habitations sociales où existe déjà une vie associative développée ?
1 On pourrait apparenter ces organismes aux Cigales françaises. La Cigale est un club d’investisseurs qui a pour fonction de collecter l’épargne de ses membres et de l’investir dans des entreprises industrielles ou commerciales dont les modes de fonctionnement vont dans le sens d’une lutte contre l’exclusion et d’un effort en faveur de la justice et de la paix. La Cigale est régie par une circulaire de la Direction générale des impôts.
2 Le Crédal est une coopérative de crédit alternatif et agence conseil agréée en économie sociale. Crédal propose et promeut des produits d’épargne solidaire. Quelques-unes des priorités du Crédal sont : de combattre l’exclusion sociale via des formations ou la création d’emplois ; d’encourager des projets qui combattent l’injustice ; de fournir des conseils pour des projets basés sur la solidarité.
3 Certains CPAS octroient des prêts à la consommation (par exemple le CPAS d’Havelange).
4 L’exemple le plus médiatisé est celui de la Grameen Bank, au Bangladesh.
5 Dans le sens où le « je ne fais confiance qu’en moi » est difficile à transformer en « je fais confiance au groupe ».
Références
Bodart P. 2000. « Casa Melhor, un fonds solidaire », In L’horloge du Sud, n°4 octobre, Supplément du Traverses, n°157.
Cavalcanti D. 1996. « Partenariat franco-brésilien » (encadré 1), In Vivre Autrement, n°7, vendredi 7 juin 1996.
Russo P-D., Verley R. 1995. « Cigales, des clubs d’épargnants solidaires pour investir autrement », FPH-Fédération des cigales, Paris.
Habitat International Coalition. 1997. Building the city with the people, Mexico. (initiatives communautaires en partenariat avec les pouvoirs locaux en Afrique, Asie, Amérique latine, Europe et Amérique du Nord)
Mazouz M. 1994. En Grande Bretagne. Les immigrés et leur place dans la ville : des prêts répartis sur plusieurs têtes pour diminuer les risques, 150 fiches pour des dynamiques et des idées en matière de politique du logement en milieu urbain, Documents de travail, n°57, FPH, France
Réseau Capacitation citoyenne. 2000. De l’histoire des quartiers à l’action collective. L’Ecole de Planification Urbaine et Recherche Populaire à Fortaleza, France.
MacIsaac N. Le sommet mondial sur le micro-crédit : possibilités de programmes améliorés pour la micro-entreprise ?
Ortoli P. Le micro-crédit un outil pour quel développement ?
Harsch E. 1996. , Micro-crédit : une arme contre la pauvreté
En savoir plus
Associations
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Association Cearah Periferia (Brésil)
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Association Periferia (Belgique)
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Sans-Abri Castor asbl - Rue Léopold 36 - 6000 Charleroi
Organismes qui octroient des prêts et micro-crédits
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Dossier sur les circuits courts solidaires
Divers
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Uniformation est le partenaire emploi et formation des entreprises de l’économie sociale, de l’habitat social et de la protection sociale
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INAISE – Association Internationale des Investisseurs dans l’Economie Sociale – Réseau d’échange d’expériences, d’informations afin de démontrer que l’argent peut aussi un moyen d’accomplir des changements sociaux et environnementaux
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