La Luire-Viscose – Grenoble Alpes Métropole
Renaturer les Quartiers Prioritaires de la Ville #3
janvier 2024
Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT)
Dans le cadre de la Fabrique Prospective, chaque intercommunalité accompagnée a constitué un groupe de travail local composé d’une quinzaine d’acteurs de son choix. Le groupement Ellyx et Oxalis a animé quatre séminaires locaux dans chaque territoire afin d’aider les groupes de travail à se projeter dans le long terme et à coconstruire un programme d‘actions à mener à court terme autour des quatre axes de la Fabrique Prospective :
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L’amplification de la transition écologique des QPV ;
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L’émergence et le développement de nouvelles activités économiques fondées sur la nature dans les QPV ;
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Le lien social et la participation des habitants à la vie publique ;
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Le renforcement de la cohésion territoriale, c’est-à-dire les liens entre les QPV et leurs territoires environnants.
Retour d’expérience en région Rhône-Alpes, au sein de la communauté urbaine Grenoble Alpes Métropole.
Située en Isère, Grenoble Alpes Métropole (GAM) est composée de 49 communes réunissant un peu plus de 448 457 habitants en 2020. GAM compte dix QPV répartis sur cinq communes dont trois à Echirolles : Essarts-Surieux, La Luire-Viscose et Village Sud. Ces trois QPV regroupaient, en 2018, 10 341 habitants soit environ 28 % de la population de la commune. Depuis les années 2000, la commune d’Echirolles est engagée dans des démarches de développement durable.
En effet, en 2020, son label Cit’ergie a été renouvelé pour la troisième fois par l’Ademe. De plus, Echirolles a élaboré un plan climat énergie pour la période 2020-2026 articulé autour de trois axes :
1. l’accélération de la transition écologique ;
2. l’adaptation de la ville au changement climatique ;
3. la diffusion et la promotion de l’action de la commune en faveur de la transition écologique et de l’adaptation au changement climatique.
Le QPV de la Luire-Viscose est situé à l’ouest d’Echirolles. Il voisine le verger participatif du parc Pablo Picasso financé et aménagé en 2022 par la ville d’Echirolles. La Luire-Viscose a la particularité de regrouper deux quartiers ayant des caractéristiques propres : la Luire et la Viscose. Le quartier de la Luire est un grand ensemble composé de barres d’immeuble construites dans les années 1960, séparées par des espaces verts (pelouses, arbres) et des parkings. Le bailleur Société pour le développement de l’habitat (SDH) a notamment prévu une opération de réhabilitation thermique du parc immobilier d’ici 2027.
Le quartier de la Viscose s’apparente à une cité jardin. Il regroupe des unités d’habitation comportant quatre à cinq logements entourés d’espaces verts. Le bailleur Alpes Isère habitat (AIH) gère le parc social et emploie deux jardiniers à plein temps. Il loue à l’année environ 80 parcelles aux habitants de ce quartier et des environs pour en faire des jardins familiaux. Le canal des « cent vingt toises » constitue une liaison entre la Luire et la Viscose. Il alimente une usine d’électricité située à l’entrée de la Viscose ainsi que les jardins familiaux du quartier. Les piétons peuvent par ailleurs relier les deux quartiers en traversant le parc Géo-Charles. Par ailleurs, le quartier de la Luire-Viscose comprend une école maternelle, une école élémentaire et un collège, et est labellisé « Cité éducative » depuis 2019.
Dans le cadre de la Fabrique Prospective, Pierre Labriet, conseiller métropolitain délégué à l’enseignement supérieur et à la recherche, et Laëtitia Rabih, conseillère métropolitaine déléguée aux solidarités et à la politique de la ville, ont réuni une vingtaine d’acteurs du territoire (services déconcentrés de l’État, bailleurs sociaux, LPO, associations locales, services de la commune et de l’intercommunalité, collège, l’entreprise à but d’emploi (EBE) Soleeo, les compagnons bâtisseurs, etc.). Ils ont collectivement élaboré une vision autour de quatre axes pour faire de la nature un levier en termes de transition écologique, lien social, développement économique et cohésion territoriale :
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le quartier de la Luire-Viscose est adapté au changement climatique : les tours de la Luire sont bioclimatiques et des forêts, prairies urbaines sont aménagées. L’ensemble des cours d’écoles ont été transformées en îlots de fraîcheur. Le collège Picasso propose des formations aux métiers de l’environnement et à la prise en charge des réfugiés climatiques. Ces formations sont innovantes à l’image des « Ecoles 42 » ;
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le quartier vit avec le vivant : les tours disposent d’aménagements favorables aux chauves-souris. Des rouges-queues noirs sont (ré) introduits dans le quartier notamment pour lutter contre les moustiques. La végétalisation du quartier, des toits et les différents aménagements (ex. nichoirs) favorisent la faune. Un poulailler partagé est installé par la commune. Certains espaces végétalisés font l’objet d’une expérimentation afin de développer une nature sauvage c’est-à-dire sans aucune intervention des services des espaces verts de la commune. Une coulée verte a été créée afin de relier le quartier aux territoires environnants et de favoriser les mobilités douces ;
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le quartier est un lieu de production : des espaces de productions maraîchères ont été développés dans le quartier. Une ferme avec des moutons a été installée. Les ateliers textiles de la Viscose ont été relancés. Les circuits courts se sont largement développés dans le quartier ;
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le canal est valorisé grâce à des aménagements de loisirs (péniches, bassin, aménagements pour la pêche, etc.).
Pour traduire cette vision, les élus et les acteurs locaux ont identifié trois orientations déclinées en actions :
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valoriser la ressource en eau et les points d’eau : identifier les systèmes de collecte des eaux pluviales adaptés aux bâtis en fonction des équipements existants (gouttières extérieures ou intégrées) ; équiper le parc de logements sociaux et les bâtiments publics de collecteurs d’eau pluviale (ex. récupérateur d’eau) ; déployer des actions de sensibilisation à la gestion de l’eau auprès des habitants avant l’installation des collecteurs d’eau de pluie ; valoriser et aménager l’étang du parc Géo-Charles (réaliser une étude hydraulique, consulter les habitants pour identifier les aménagements pertinents : bancs, barbecue, etc.) ;
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favoriser l’école et les activités périscolaires du dehors c’est-à-dire dans l‘espace naturel et culturel proche où la nature est un support des apprentissages : constituer un groupe de travail avec l’ensemble des parties prenantes (enseignants, villes, associations de parents d’élèves, LPO, etc.) ; nommer une personne référente ou recruter un service civique pour coordonner et animer le projet ; sensibiliser et former des animateurs, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles et les accompagnants d’élèves en situation de handicap ; organiser des temps en nature complémentaires en direction des familles et sur des temps plus longs (sorties, week-ends).
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végétaliser le quartier et mobiliser les habitants : organiser une consultation citoyenne sur les usages des espaces verts et les besoins ; cartographier les sites disponibles pour développer l’agriculture urbaine ; identifier les solutions pour désimperméabiliser et renaturer les parkings ; expérimenter des projets participatifs dans le parc Géo-Charles ; concevoir un programme avec des animations dans le parc Géo-Charles.