Le projet transfrontalier MUGIGAIN : « Mobilité au-delà des frontières »
août 2020
Conseil économique, social et environnemental régional (CESER)
Face à la montée des maladies chroniques et au vieillissement de la population, le besoin de professionnels aides-soignants dans le domaine de la santé est en constante augmentation. Il se fait particulièrement sentir au Pays Basque Nord. C’est pour répondre à ces nouveaux besoins que la région Nouvelle-Aquitaine, la Communauté autonome basque et la Navarre ont décidé de mutualiser leurs compétences dans le cadre du projet Mugigain. La finalité du projet consiste à développer un profil aide-soignant sur le territoire de l’Eurorégion en favorisant la mobilité des futurs professionnels et leur insertion dans ce territoire.
Le projet MUGIGAIN offre un bon exemple d’une initiative répondant à la fois à un défi partagé par la Nouvelle-Aquitaine et ses voisins de l’Eurorégion (l’augmentation des besoins en santé et soins aux personnes âgées dans un contexte de vieillissement de la population), et aux besoins concrets identifiés dans le territoire transfrontalier :
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Premièrement, le constat d’un métier en tension : le besoin de professionnels dans le domaine de la santé, en particulier au Pays Basque Nord où la demande accrue par le vieillissement des immigrés espagnols en France, dont l’utilisation de la langue maternelle améliore la prise en soin, peine à trouver une offre.
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Deuxièmement, une mobilité entravée par la méconnaissance des fonctionnements des deux régions transfrontalières, l’insuffisante maîtrise des langues et, malgré un métier commun, la méconnaissance de la part des professionnels de la santé des différences et similitudes de leur pratique.
A l’initiative du projet, l’Institut de Formation des Aides-Soignants (IFAS) et ses partenaires ont conçu MUGIGAIN comme une communauté transfrontalière de pratiques en apprentissage et formation professionnelle d’excellence.
Ses objectifs :
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Premièrement, améliorer la qualité de la formation et l’employabilité des futurs professionnels en définissant des compétences communes, en améliorant les connaissances mutuelles sur les systèmes de santé et en développant un vocabulaire professionnel spécifique au territoire transfrontalier.
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Deuxièmement, développer une offre de soins de chaque côté de la frontière facilitant la mobilité des futurs aides-soignants tout en prenant en compte les particularités culturelles et sociologiques de chaque territoire.
Étant donné sa contribution à ces objectifs, et bien que défini comme un micro-projet, MUGIGAIN s’inscrit, ni plus ni moins, dans un effort de construction de politique sociale transfrontalière dans le domaine de la santé.
La mobilité sur le territoire transfrontalier et la mutualisation des ressources humaines (les futurs aides-soignants) sont donc les piliers d’une méthode de travail pensée pour répondre aux besoins d’aujourd’hui mais aussi de demain.
Elle s’est organisée sur trois phases :
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la première, centrée sur la mobilité des formateurs ;
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la deuxième, sur celle des apprenants en stage clinique ;
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la troisième, sur celle des élèves et formateurs en formation.
La méthode du projet inclut :
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le développement de bonnes pratiques professionnelles et pédagogiques visant à favoriser le plurilinguisme ;
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la réalisation d’un comparatif économique, juridique et social au prisme de la formation des aides-soignants ;
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la comparaison des référentiels et des pratiques de formation ;
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la participation à la COP transfrontalière et le soutien à une mobilité choisie en France et en Espagne.
Malgré une connaissance fine des territoires, du métier et des besoins, les difficultés pour obtenir des fonds ont menacé la viabilité du projet en affectant la relation partenariale. La validation et la reconnaissance des acquis d’apprentissage sont un autre obstacle, que le projet cherche à contourner en menant une réflexion sur le système européen ECVET et la constitution de « visas » permettant d’accéder aux formations, obtenir des diplômes de part et d’autre de la frontière et des autorisations d’exercice exportable.
Cette expérience, très ancrée dans la réalité transfrontalière, est riche en apprentissages qui peuvent servir ailleurs. L’intérêt qu’elle suscite et son caractère « reproductible » en font une ressource pour d’autres territoires de la Nouvelle-Aquitaine : « les besoins des personnes âgées sont les mêmes, peu importe le côté de la frontière », peu importent les territoires…