BIHARTEAN : une Chambre de Commerce et d’Industrie Transfrontalière

août 2020

Conseil économique, social et environnemental régional (CESER)

L’appellation BIHARTEAN (BI = deux, BIHAR = demain, ARTEAN = entre) est un GEIE - Groupement Européen d’Intérêt Économique, fruit d’une première collaboration entre la CCI Bayonne Pays Basque et la Cámara de Comercio de Gipuzkoa. En 2010 BIHARTEAN a été constituée pour développer les projets économiques transfrontaliers, répondre aux besoins des entreprises situées dans chacun des deux territoires et créer une offre économique et de formation en commun. En 2018 la Navarre a rejoint le groupement, et BIHARTEAN est donc aujourd’hui composée de 3 territoires : Pays Basque, Euskadi, Navarre représentés par la CCI Bayonne Pays Basque, la Cámara de Gipuzkoa et la Cámara de Navarra. Ce texte est basé sur l’audition de Olga Irastorza, Directrice de Bihartean CCI, 19 février 2020.

Dispositif unique en Europe, Bihartean est un Groupement Européen d’Intérêt Économique (GEIE) composé de trois Chambres de commerce : la CCI Bayonne Pays Basque, la Cámara de Comercio, Industria y Navegación de Gipuzkoa (les deux membres fondateurs) et la Cámara de Comercio de Navarra. Créé en 2010 avec l’objectif de construire un espace économique, d’emploi et de formation transfrontalier, Bihartean vise à développer les projets économiques et répondre aux besoins des entreprises situées dans les trois territoires de l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine – Euskadi – Navarre tout en créant une offre économique et de formation commune. A l’issue d’une enquête menée auprès des PME et PMI sur la pertinence d’une telle initiative, la proximité, la continuité y compris culturelle et les échanges économiques déjà existants ont été mis en exergue. Ce résultat se reflète dans sa mission :

Depuis 2013, Bihartean a signé un accord stratégique avec l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine – Euskadi – Navarre pour laquelle la Chambre mène un certain nombre d’actions d’accompagnement individuel et collectif, notamment dans la mise en relation de clusters des trois territoires. Pour ce faire, Bihartean a procédé à l’analyse des clusters existants. Ces analyses ont montré la difficulté de mettre en place des collaborations sectorielles car les clusters qui se trouvent dans le même secteur défendent leurs spécificités et leurs marchés, ce pourquoi Bihartean préconise des collaborations intersectorielles, de façon transversale.

La philosophie de la CCI transfrontalière :

favoriser la convergence, apporter une valeur ajoutée (augmenter le niveau de compétitivité, compléter des chaînes de valeur, répondre à des appels d’offres, etc.) en élargissant l’activité au périmètre transfrontalier pour capter des opportunités d’affaires. Au moment de la rédaction de ce rapport, les Chambres de commerce néo-aquitaines ont développé une plateforme « offre-demande » de l’emploi transfrontalier, pour mettre en relation les besoins d’entreprises et la demande. Cette plateforme alimentera également la plateforme de l’Eurorégion (Empleo).

Le périmètre transfrontalier

La vocation de Bihartean est de répondre à la sollicitation des entreprises de l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine. Parmi les entreprises qui consultent Bihartean, 48 % proviennent du Pays basque français. Ceci s’explique par la vision selon laquelle le transfrontalier serait plus prégnant dans un rayon de 150 km. Par le fait aussi que, culturellement, les frontières intrarégionales n’ont pas encore disparu : d’une part, les entreprises des territoires au nord de Bordeaux ne conçoivent pas de participer à l’action transfrontalière et d’autre part, les acteurs proches de la frontière rechercheraient plus facilement des partenaires en Navarre qu’à Poitiers ou à Limoges, même si l’intégration de la Communauté forale à l’Eurorégion est intervenue un an après la fusion de la Nouvelle-Aquitaine.

Néanmoins, progressivement, les contacts avec les autres Chambres de commerce s’intensifient, ainsi qu’avec la Chambre de commerce néo-aquitaine, et des exemples concrets des entreprises d’autres territoires, intéressées par le transfrontalier commencent à voir le jour.

Quelques exemples :

L’impact le plus important semble intervenir en lien avec les clusters. Les rencontres biosanté transfrontalières sont un bon exemple. Il s’agit d’une coopération concrète entre le cluster santé du pays basque espagnol, l’Agence de développement économique de la Navarre -volet santé-, le cluster des industries de santé de la Nouvelle-Aquitaine GIPSO et le TIC Santé Nouvelle-Aquitaine.

Cette collaboration est en train de s’élargir avec la création d’Alliance Innovation Santé Nouvelle-Aquitaine (ALLIS NA), une initiative de la région Nouvelle-Aquitaine rassemblant et fédérant les acteurs économiques, les établissements de santé, les associations de patients et les institutionnels, privés ou publics, porteurs d’une nouvelle dynamique pour la filière santé en Nouvelle-Aquitaine, à laquelle participent aussi la Technopôle Grand Poitiers et Invivolim de Limoges.

Certes, les échanges transfrontaliers sont tout d’abord une réponse à un besoin local. Néanmoins, même s’ils sont limités géographiquement, ils ne sont pas moins transposables à d’autres territoires de la région. Des études mettant en évidence la vision du transfrontalier du nord de la Nouvelle-Aquitaine, notamment pour les PME et les TPE pourraient ainsi éclairer des besoins et des opportunités transfrontalières pour ces territoires.

Dans le domaine de la formation

Bihartean essaie de dégager des collaborations entre les centres de formation transfrontaliers sur les trois territoires, pour faire face aux tensions auxquelles sont soumis certains métiers, notamment dans l’industrie. Ce programme consisterait à « mettre dans la boucle » les centres de formation pour trouver des stagiaires et des diplômés potentiels qui pourraient à terme répondre à cette demande d’emploi. Avec le monde universitaire, des partenariats et des collaborations sont mis en place dans le cadre de projets européens POCTEFA autour par exemple, des actions telles que l’analyse des stratégies de spécialisation de trois territoires et l’identification de convergences.

Certification et validation de l’apprentissage

In fine, ce sont les entreprises qui prennent la décision d’embaucher, si elles estiment que l’apprenti ou le jeune professionnel a les compétences pour répondre à un profil de poste. En amont, la validation des formations d’un territoire à l’autre, pose davantage des problèmes. Selon la Directrice de la Chambre de commerce, transfrontalière, pour résoudre ce problème, il faut faire avancer l’Europe ou en tout cas, la relation transfrontalière Nouvelle-Aquitaine – Euskadi – Navarre.

Références