Izmir - Des progrès récompensés au niveau régional
Bilan de l’action climat des territoires
2018
Association Climate Chance (Climate Chance)
Depuis 2015, l’Association Climate Chance participe à la mobilisation dans la lutte contre le dérèglement climatique. Il s’agit de la seule association internationale se proposant de réunir à égalité l’ensemble des acteurs non-étatiques reconnus par l’ONU. Dans le but de renforcer leur action et crédibiliser les scénarios de stabilisation du climat, l’Association Climate Chance a lancé en 2018 un Observatoire mondial de l’action climat non-étatique, qui se donne comme objectif d’expliquer les évolutions des émissions de gaz à effet de serre, en croisant les politiques publiques nationales, avec les dynamiques sectorielles, les stratégies des acteurs privés, les politiques publiques locales, et les actions entreprises par les acteurs du territoire. Pour analyser la mise en cohérence des poli¬tiques publiques locales, Climat Chance propose un bilan des « mobilisations territoriales » à travers des exemples choisis de villes et de régions. Ici, Izmir.
Membre de la Convention des Maires depuis 2015, la municipalité d’Izmir s’est engagée à réduire ses émissions de 20 % d’ici 2020 par rapport à 2014. Un défi ambitieux pour la 3e ville de Turquie, qui affiche une croissance démographique et un taux d’urbanisation élevés. La réalisation de cet objectif passe par la modernisation de l’offre de transport public de la ville, ainsi que par une augmentation de la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. Le plan régional 2014-2023 établi par l’Agence de Développement d’Izmir (IZKA) intègre ces impératifs. Izmir s’est vue décerner le « Prix Istanbul pour les villes respectueuses de l’environnement », récompensant l’engagement des villes côtières méditerranéennes pour la qualité de vie et le développement durable. Ce prix s’inscrit dans le cadre de la « Mediterranean Strategy for Sustainable Development 2016-2025 » (MSSD) qui vise à harmoniser les politiques municipales pour l’environnement à l’échelle régionale.
REPORT MODAL ET VÉHICULES ÉLECTRIQUES AU CŒUR DE LA POLITIQUE DE MOBILITÉ
Les transports représentaient 54 % des émissions totales de GES en 2014. La municipalité met donc en œuvre depuis 2015 un plan ambitieux de modernisation de son réseau de transport public, visant à concurrencer les déplacements automobiles et à décongestionner les axes périphériques. Une nouvelle ligne rapide (Izban) est venue s’ajouter en 2010 au réseau de métro, reliant l’aéroport au centre-ville en moins de 30 minutes. Dans le cadre de son programme « Green Cities », la Banque Européenne de Reconstruction et Développement a accordé en 2018 un prêt de 80 M€ pour la construction d’une nouvelle ligne de métro de 7,2 km pour un coût total estimé à 250 M€, et fait suite au financement de 85 rames de métro en 2014 (23 M€) et de 3 nouveaux ferries en 2013 (33 M€).Le « Green City Action Plan » d’Izmir vise ainsi la réduction de 15 % les émissions de GES liées au transport public (BERD 2018). Par ailleurs, ESHOT, l’opérateur public du réseau de bus de la ville, a mis en circulation 20 bus électriques, avec un objectif de 400 véhicules d’ici 2020. Enfin, la ville a mis en œuvre une politique active en faveur des mobilités douces grâce à des initiatives comme la création en 2014 d’un système de partage de vélos BISIM avec 31 stations le long de la baie, ou l’extension en 2017 de son réseau de pistes cyclables de 39 km à 90 km. Izmir a participé à l’« European Cycling Challenge 2016 » et a le projet d’intégrer le réseau cyclable européen EUROVELO.
UN RÉÉQUILIBRAGE AMORCÉ DU MIX ÉNERGÉTIQUE EN FAVEUR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES
La ville d’Izmir, comme le reste de la Turquie, est fortement dépendante des énergies fossiles représentant 76 % de sa consommation en énergie. Toutefois, la municipalité d’Izmir œuvre depuis les années 1990 à devenir un centre d’innovation pour les énergies renouvelables en Turquie, grâce à une politique attractive envers les industries de ces secteurs (Ormat, Enercon, TPI) et à une concentration des instituts de recherche. Une réforme de la législation sur la régulation du marché de l’électricité en Turquie, en 2016, visant à promouvoir les énergies propres à l’échelle nationale, a permis à la ville d’Izmir de mettre en place plusieurs initiatives en faveur du développement de la géo-thermie et l’éolien, avec des objectifs respectivement de 175 000 MW et 2 540 MW de capacité en 2023. Elle est en 2017 la première région productrice d’énergie éolienne avec une capacité installée de 1 333 MW sur les 6 500 MW à l’échelle nationale (Izmir 2017). La construction d’une nouvelle usine de traitement et de valorisation de déchets a débuté en janvier 2018 dans le nord de la ville. Elle a une capacité de 2100 tonnes/jour et a été réalisée dans le cadre de l’« Urban Projects Finance Initiative (UPFI) » soutenu par l’Union pour la Méditerranée.