Larnaca - Une gestion des ressources naturelles préservant l’attractivité du territoire

Bilan de l’action climat des territoires

2019

Association Climate Chance (Climate Chance)

Depuis 2015, l’Association Climate Chance participe à la mobilisation dans la lutte contre le dérèglement climatique. Il s’agit de la seule association internationale se proposant de réunir à égalité l’ensemble des acteurs non-étatiques reconnus par l’ONU. Dans le but de renforcer leur action et crédibiliser les scénarios de stabilisation du climat, l’Association Climate Chance a lancé en 2018 un Observatoire mondial de l’action climat non-étatique, qui se donne comme objectif d’expliquer les évolutions des émissions de gaz à effet de serre, en croisant les politiques publiques nationales, avec les dynamiques sectorielles, les stratégies des acteurs privés, les politiques publiques locales, et les actions entreprises par les acteurs du territoire. En 2019, pour analyser la mise en cohérence des politiques publiques locales, Climat Chance propose 13 nouveaux cas d’études de villes et de régions. Ici, la ville portuaire chypriote de Larnaca.

À télécharger : climate-chance-2019.pdf (1,5 Mio)

Gouvernance et intégration des politiques climatiques

Larnaca accorde une grande importance à la protection de son patrimoine naturel et culturel, car ils concentrent son potentiel touristique. L’attractivité de la ville tient à sa géographie naturelle et stratégique : entre son aéroport international, son grand port maritime et sa marina, Larnaca est la force économique du pays.

La Grande Région Urbaine de Larnaca affiche ses préoccupations environnementales en initiant des programmes focalisés sur l’utilisation raisonnée des ressources naturelles et l’efficacité énergétique. Le plan pour le développement stratégique de la ville, LARNACA 2040, décrit ses objectifs depuis 2014 pour consolider les rôles de centre énergétique, portail stratégique, destination touristique et multiplicateur d’opportunités de la ville.

Son plan d’action pour l’énergie durable (SEAP) présente 23 mesures locales pour y parvenir. Larnaca a aussi contribué aux objectifs nationaux en participant au Plan national pour les économies d’énergie de l’éclairage public, qui vise 44 % d’économies d’énergie d’ici à 2021. Ce plan n’a pas été renouvelé : les autorités locales se sont ainsi saisies de la question, et ont commencé à collaborer avec Energy Authority Cyprus afin de remplacer près de 8 000 ampoules de lampadaires avec des ampoules à LED, permettant plus de 2 300 MW d’économies d’énergie par an.

Suivi-évaluation de la politique climat

La crise économique de 2008 explique en partie les réductions de consommation d’énergie et d’émissions de GES, les données montrent de telles réductions qu’elles impliquent des engagements politiques coordonnés. En effet, Larnaca a réduit ses émissions globales de 28,7 % entre 2009 et 2014 (de 390 à 278 MtCO2eq). Sur cette même période, la consommation énergétique globale de Larnaca a chuté de plus de 25 %, de presque 1 GWh en 2009 à 723 504 MWh en 2014. Cette diminution est surtout due à la réduction de la consommation de combustibles fossiles.

Énergie – L’efficacité par le changement de comportement

Larnaca vise l’autonomie énergétique : la municipalité la transition énergétique au cœur de son plan stratégique LARNACA 2040 La municipalité a pris part au projet FIESTA (financé par Intelligent Energy Europe), qui a permis près de 60 MWh d’économies d’énergie et a réduit les émissions de 51 t CO2 avec des systèmes efficaces de chauffage et refroidissement et à des changements de comportement.

Or, la production locale d’électricité reste limitée, et tandis que la production d’énergie renouvelable locale en représente moins de 0,1 %, elle a récemment quintuplé, passant de 148 à 739 MWh/an de 2009 à 2014. 2 parcs photovoltaïques de 150 kW chacun ont ouvert entre 2014 et 2016. Les objectifs de Larnaca semblent atteignables, à condition que la reprise économique ne se soit pas traduite par une augmentation de la consommation d’énergie ou d’émissions de GES.

Mobilité – Inverser la part modale des voitures et vélos

Le Plan de mobilité urbaine durable de Larnaca

« SUMP FOR LARNACA » de 2018 vise à améliorer la qualité de vie urbaine via le transport non- motorisé. En 2019, on estime que 76 % des ménages possèdent 2 véhicules ou plus, et 32 % au moins 3 voitures particulières, servant aux trajets quotidiens. En revanche, à peine plus d’1/3 des ménages possèdent un vélo. Pour favoriser leur utilisation, la ville prévoit d’ajouter 43 km de pistes cyclables aux 25 km existants.

Le SEAP de Larnaca permet aux véhicules à faibles émissions de CO2 bénéficient de taux d’imposition bas et de subventions, à tous les véhicules électriques stationnent gratuitement, et les infrastructures ont été rénovées et améliorées : 2 bornes de recharge pour voitures électriques, rues à sens unique, etc. Larnaca participe à la Semaine européenne de la mobilité depuis 2002 – date d’introduction de la première journée sans voiture. La ville a reçu 5 distinctions pour ses efforts de sensibilisation et de mobilité durable.

Le réseau d’infrastructures de Larnaca est bien intégré dans son contexte régional, oU 17 lignes (et 8 lignes de nuit) régionales circulent. L’Aéroport International de Larnaca a réduit ses émissions de CO2, sa consommation d’énergie de 32 %, et a ainsi atteint le Niveau 3 « Optimisation » de l’Airport Carbon Accreditation.

Ressources naturelles – Gérer les ressources naturelles pour soutenir le tourisme durable

Plusieurs projets de protection environnementale ont été déployés : l’initiative « Larnaca met fin aux pailles en plastique », le nettoyage d’une plage dans le cadre d’un marathon vert et l’installation de poubelles sous-terraines le long des plages sont parmi les plus médiatisés. Larnaca souhaite résoudre le problème esthétique que posent les poubelles classiques et s’assurer que les 64 points de collecte sont situés idéalement avant septembre 2019 pour améliorer le taux de recyclage des déchets. Le projet, à 1,5 millions d’euros (cofinancé par Larnaca et le Ministère de l’Environnement), comprend la rénovation des camions poubelle de la ville et des équipements d’entreprises locales. Tous les 3 mois, les taux de recyclage sont évalués en fonction de la quantité de déchets pesée.

Soucieuse de préserver l’environnement autant que son potentiel touristique, Larnaca se tourne vers des alternatives durables, telles que l’agrotourisme. ANETEL, l’agence de développement du District de Larnaca, a développé le projet ALTER ECO (2016-2019) pour renforcer le développement du tourisme local et durable par la promotion de l’identité méditerranéenne. Le Centre d’information environnementale de la région montagneuse de Larnaca et le kiosque d’observation du lac salé (un des sites remarquables de Larnaca) ont été créés pour préserver l’environnement par la sensibilisation. En outre, les citoyens de Larnaca appellent à la relocalisation d’installations pétrolières, afin de libérer une grande partie du front de mer.

Larnaca prend également les devants en matière de recherche, et accueille le nouveau Cyprus Marine and Maritime Institute (CMMI) qui concentre son travail sur l’économie bleue et sur un ensemble de missions liées au climat et à l’environnement (océans sans plastique, navire zéro-émission, un système de surveillance de l’interface terre-océan, etc.).

Adaptation - Contrer les conséquences du changement climatique

Certaines zones de Larnaca ne se trouvent qu’à 2 mètres au-dessus du niveau de la mer, et en font la région de l’île la plus vulné- rable à l’érosion côtière et aux inondations – des phénomènes aggravés par l’activité humaine (urbanisation, mines). 23m de plage ont été perdus au cours des dernières années (1m/an) selon les estimations de 2013.

L’élévation du niveau de la mer menace les infrastructures et augmente les besoins en défenses côtières coûteuses : 6 digues ont été construites entre 2009 et 2018, 16 autres sont en construction. Elles sont financées par le gouvernement national, chargé de l’entretien des fronts de mer. Les experts s’inquiètent des perturbations que ces digues peuvent causer aux courants naturels en créant des eaux stagnantes. Ils recommandent de remplacer les matériaux des digues à construire par des déchets de construction pour créer des roches artificielles. Le Water Development Department met en œuvre diverses autres mesures : barrages de protection, voies d’évacuation des eaux de surface, technologies de prévention d’inondations, etc.

Chypre est très sujette aux sécheresses : malgré des restrictions d’eau, Larnaca reste sous-approvisionnée (70 %). Conjuguée au stockage insatisfaisant de l’eau dans les barrages, une usine de dessalement de l’eau de mer est nécessaire pour alimenter Larnaca et ses environs en eau potable.

Références

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