Quand la participation des habitants accélère la transition, expériences de terrain

Laurence Renard, Nicolas Tinet, septembre 2019

Le Collectif Paysages de l’Après-Pétrole (PAP)

Partant du constat que les procédures descendantes des grandes études et grands projets imaginés par de célèbres experts et mises en oeuvre par d’importants élus ont montré leurs limites, Laurence Renard, paysagiste, et Nicolas Tinet, urbaniste, tous deux co-fondateurs de la Fabrique du lieu, ont choisi, à travers 4 expériences, de renouveler les approches en partant des besoins et des envies des hommes et des femmes qui habitent le territoire. Ils parient sur une telle méthode afin d’orienter son devenir vers un « paysage de l’après-pétrole », convaincus qu’elle permettra une évolution indispensable. Pour parvenir à cette manière de penser, il leur a fallu désapprendre leurs métiers respectifs et imaginer de nouvelles procédures, inventer des outils d’animation légitimes et savoir en analyser les résultats.

À télécharger : article-32-collectif-pap-fr.pdf (780 Kio)

Quand la participation des habitants accélère la transition, expériences de terrain

Les procédures descendantes des grandes études et grands projets imaginés par de célèbres experts et mises en œuvre par d’importants élus ont montré leurs limites. Paysagiste et urbaniste à la Fabrique du lieu, nous avons choisi de renouveler les approches en partant des besoins et des envies des hommes et des femmes qui habitent le territoire. Nous parions sur une telle méthode afin d’orienter son devenir vers « un paysage de l’après-pétrole », convaincus qu’elle permettra une évolution indispensable.

Pour parvenir à cette manière de penser, il nous a fallu désapprendre nos métiers de paysagiste et d’urbaniste et imaginer de nouvelles procédures, inventer des outils d’animation légitimes et savoir en analyser les résultats.

L’ambition des expériences ici décrites était d’atteindre collectivement un avenir plus résilient. Certains contextes autorisent une réelle capacité de changement chez les habitants. Mais chaque terreau est unique. Aucune de ces expériences n’est duplicable à l’identique.

Quatre terrains d’échelle locale nous ont permis de mettre en place autant d’expériences de participation : Le hameau de Lhopiteau en Beauce regroupe une cinquantaine d’habitations, plusieurs exploitations agricoles céréalières et un maraîcher bio. Celui-ci souhaitait planter des haies pour protéger ses cultures. La démarche a impliqué d’autres exploitants et s’est appuyée sur les habitants pour débloquer les crispations locales 1(2014-2018).

Une commande publique du Pays Centre Ouest Bretagne nous a été confiée à Trémargat, une petite commune connue pour ses actions militantes. Les habitants organisés en collectif souhaitaient valoriser leur ressource en bois pour le chauffage et la construction. Attachés à leur paysage bocager, ils ont fait appel à des paysagistes pour mener une concertation et réussir à préserver un bocage utile (2015- 2016).

Dans le cadre de l’appel à projet « vallées habitées » financé en grande partie par l’Etablissement public foncier de Normandie, la démarche commencée en 2018 porte sur huit communes de la vallée de la Lévrière et un peu plus de 2000 habitants. Le CAUE de l’Eure avait identifié un potentiel de mobilisation citoyenne dans ce territoire rural, avec une volonté forte de redynamiser les villages.

La question des lisières agri-urbaines avait été abordée lors des forums organisés par l’association terre&Cité sur le plateau de Saclay. La commune de Villiers-le-Bâcle représentait un terrain d’expérimentation idéal. La démarche entamée en 2018 est donc soutenue financièrement par la Communauté Paris-Saclay et la Fondation de France.

Méthodes et forme de ces expériences : déjouer les missions classiques réservées aux experts

Dans une grande part des commandes publiques traditionnelles, les habitants sontinvités à donner des avis quand les architectes, les urbanistes et les paysagistes ont fait leur travail d’expertise et d’invention. Comme si les habitants n’y connaissaient rien, et que c’était aux experts d’avoir les bonnes idées, payés qu’ils sont pour ce faire. Derrière ces postures instituées, des inquiétudes se profilent, des habitudes parfois difficiles à contourner.

Plusieurs stratégies peuvent être tentées pour renouveler les situations. On peut sortir du cadre de la commande publique et monter des démarches d’autosaisine. Avec un ensemble d’habitants et différents partenaires, on formule un programme et on part à la recherche de soutiens pour le financer.

Pour élaborer ce type d’action, il faut avoir fréquenté le terrain et compris les enjeux du territoire à partir de ses documents stratégiques. On en déduit une idée d’action et on la soumet aux partenaires qui pourraient s’y associer afin de vérifier si elle suscite un certain enthousiasme et de la faire évoluer si nécessaire. Au lieu de rédiger des dossiers de candidature à des appels d’offre préexistants, il faudra monter des demandes de financement spécifiques. C’est la démarche entreprise pour ce projet agroforestier, en Beauce, avec les agriculteurs et les habitants du hameau de Lhopiteau (Eure et Loir). De même le projet écopaysager engagé avec des habitants et la mairie de la commune de Villiers-le-Bâcle (Essonne) est-il issu d’une telle autosaisine. Bien que sans garantie de réussite et très chronophage, ce type de montage permet de tester des méthodes de co-construction qui constitueront autant de références rassurantes pour de futurs commanditaires 2.

Les expériences participatives trouvent un terreau fertile dans les collectifs d’habitants. C’est le cas à trémargat, dans les Côtes-d’Armor, où la gestion collective des paysages de la commune que nous avons installée a trouvé un soutien impliqué voire passionné et, en ce moment même, celui de la vallée de la Lévrière où se met en place la dynamisation de sept communes dans le cadre d’une commande publique.

Aller chercher les habitants

Il n’existe pas de méthode universelle ni de mallettes d’outils duplicables pourmettre en place des actions mobilisant les habitants et les amenant à contribuer au projet de territoire. Refusant une méthodologie préexistante, on échange alors avec les gens pour repérer le profil des habitants, leurs disponibilités et habitudes d’implication citoyenne. Comment prévoir des supports de communication efficaces ? A trémargat, tout passe par le café associatif : des permanences y ont donc été installées, alors qu’en Beauce, c’est le porte-à-porte qui a permis de faire sortir quelques personnes de chez elles. Dans la Lévrière, ces visites n’avaient eu aucun effet. Les artistes de notre collectif ont réussi à faire participer quelques habitants lors d’ateliers de création.

A cette étape de la mobilisation, l’ambition de la démarche doit être annoncée et admettre toute bonne volonté qui s’y impliquerait. Dans tous les cas, la réussite d’une démarche ne se mesure pas à un taux de participation. Il faut beaucoup d’énergie et de temps pour transformer en citoyens impliqués des contribuables qui ont bénéficié de services préformés pendant des décennies.

Tous légitimes dans le projet local

Qu’il soit paysagiste, urbaniste, architecte ou écologue, la première épreuve, pour l’expert, est de savoir rester en retrait : ne plus tenir le crayon, ne pas détenir le savoir, supporter la frustration quand les choses ne semblent pas avancer ou que des conflits se dessinent. Si l’on souhaite que les habitants s’expriment et s’emparent de l’avenir de leur territoire, ceux-ci doivent se sentir en totale confiance, légitimité et écoute. Pour que chaque parole puisse valoir toutes les autres, des règles ont été instituées à Villiers-le-Bâcle : une fois aboli le « tour de table » réglementaire, l’usage du prénom et le tutoiement effacent les distinctions, chacun s’implique en tant qu’ « habitant/citoyen/usager », même les élus et institutionnels qui gravitent autour du projet.

Reconnaître la légitimité des habitants reste souvent difficile pour nombre de professionnels et d’élus : il faut anticiper les réactions défensives pour éviter que se rétablisse un rapport de force. Dans une concertation, le pire est d’avoir mobilisé des habitants en leur annonçant qu’ils auront un impact sur le projet, et que ce processus échoue à se mettre en place. C’est pourquoi l’ambition de la concertation doit être validée en amont de façon très officielle, et les postures arrêtées d’un commun accord. Les discussions seront ouvertes pour mieux définir le projet, mais le rôle de décisionnaire des élus respecté et rappelé aux participants 3. Quant aux experts, qu’ils soient institutionnels, professionnels ou associatifs, on peut, au cas par cas, leur allouer un espace d’expression pour donner des conférences qui lanceront le projet, guider des randonnées commentées qui aiguiseront les regards et sensibiliseront la population.

Ou bien on leur fait rencontrer des représentants associatifs, des agriculteurs, des institutionnels et des politiques pour un échange de compétences, comme nous l’avons fait à Villiers-le-Bâcle. L’essentiel va se passer dans l’échange.

De l’individuel au collectif

Une fois le cadre mis en place et les participants réunis, le projet participatif commence. La méthode dépend des moyens disponibles : du temps accordé à la co-construction, du nombre des animateurs, des locaux où se passe la concertation. Parfois le temps est réduit à une séance de deux heures, parfois la démarche comporte des rendez-vous réguliers sur plusieurs mois, comme ce fut le cas à trémargat où nous avons enchaîné les randonnées commentées, les permanences, les questionnaires, les ateliers dessins/photographies, les séances de travail collectif et les plans-guides sur des sites pilotes.

A chaque étape, nous proposons aux participants de s’exprimer individuellement sur la question posée, puis à débattre en groupe, et enfin de partager en assemblée. De la vision individuelle à une vision partagée, ce processus permet à chacun, une fois posé son avis, de se nourrir étape par étape du regard des autres participants. Nous conservons une trace écrite de chacun de ces moments afin de suivre l’évolution des idées et des avis échangés. « Aucune idée n’est mauvaise » : une des règles est de ne juger aucune proposition et de prévoir un espace d’affichage pour chacune afin d’en garder la trace dans un espace intitulé « en débat » où sont inscrites les idées qui ne font pas consensus. Il s’avère parfois que des idées ambitieuses ou décalées qui ont été écartées un peu rapidement ressortent plus tard quand la réflexion a mûri 4.

Il y a ce qui fait débat mais surtout ce qui fait consensus. Les démarches de co-construction aboutissent souvent à de telles convergences. A Villiers-le-Bâcle, l’aménagement d’une parcelle publique vierge d’aménagements a été traité par deux groupes d’habitants, sans possibilité d’échange entre les deux. Le résultat est impressionnant : 80% des grands principes d’aménagements et des solutions techniques (essences, mobilier, gestion) sont comparables. Même expérience avec les salariés d’une entreprise privée, et même résultat.

L’expérience du terrain

En matière d’aménagements de proximité, les moments sur le terrain sont les plus efficaces pour aboutir à des propositions pertinentes et partagées. Le dispositif y est moins formel qu’en salle et libère la parole. Cette étape a été particulièrement révélatrice à Trémargat, où l’usage d’un crayon et d’une feuille de papier avait créé des crispations chez certains participants qui jugeaient le dispositif trop scolaire. Sur le terrain, le corps et sa gestuelle remplacent le crayon, chacun peut se positionner dans l’espace pour matérialiser un élément ou écarter les bras pour montrer où dégager la végétation. Lors de ces expériences in situ, nous esquissons des plans schématiques afin de localiser les principaux éléments. A trémargat, nous avons proposé des blocs diagramme, les participants ont préféré les plans.

Sur la frange de Villiers-le-Bâcle, nous avons amené les habitants, les écoliers et les salariés d’une entreprise à arpenter un secteur pour qu’ils émettent un diagnostic paysager. Munis de ces plans simplifiés, nous les invitons à mesurer « l’état de santé » du paysage – bon, moyen ou mauvais - par une couleur ou un symbole. Ces trois niveaux seront traduits en enjeux : à préserver, à valoriser, à supprimer.

Le terme « état de santé » est facile à comprendre et les crayons de couleur, gommettes ou smileys ne rebutent presque personne.

Pour aller plus loin dans l’appropriation du paysage, nous avons expérimenté le « baluchon sensoriel » imaginé par la chercheuse Théa Manola, qui distribue aux habitants un petit sac contenant différents outils pour récolter leurs impressions 5. Certains habitants se sont rendus compte qu’ils croyaient que leur appréhension de l’espace familier se limitait à la vue. Par cet exercice, ils redécouvraient la variété de leur expérience sensible face à un paysage. Le terrain, c’est surtout le temps de la réalisation, le temps de la vie du site. Nous essayons donc d’intégrer une phase de chantiers collectifs lors de nos projets. Nous l’avons fait en Beauce avec des ateliers de plantation d’arbres fruitiers et de haies, et dans la vallée de la Lévrière avec une manifestation culturelle sur une route départementale où nous avons organisé une promenade, un pique-nique, des jeux et une exposition. Ces actions d’appropriation de l’espace permettent la compréhension d’un site et induisent son évolution.

Les résultats

Si ces méthodes permettent une réelle participation des habitants au processus d’aménagement du territoire, elles ne peuvent pas garantir qu’il s’agisse de projets plus résilients. L’analyse des actions en cours semble pourtant démontrer que, dans certaines conditions, la concertation des habitants facilite le changement.

Des habitants plutôt résilients

Qu’elles soient impliquées, voire militantes, ou à l’inverse méfiantes face à des projets qui porteraient atteinte à leur cadre de vie, ces démarches ouvertes à tous attirent en fait une majorité des personnes déjà concernées par un désir de changement. La plupart des participants avaient une fibre environnementale ou sociale qui dans la vallée de la Lévrière avec une manifestation culturelle sur une route départementale où nous avons organisé une promenade, un pique-nique, des jeux et une exposition. Ces actions d’appropriation de l’espace permettent la compréhension d’un site et induisent son évolution a permis d’orienter les projets vers une approche respectueuse du territoire et de son environnement.

A Villiers-le-Bâcle, les habitants ont ainsi proposé spontanément des essences locales, des pratiques de gestion différenciée (prairie fauchée, éco pâturage…), le recyclage (mobilier en bois issu des coupes d’arbres, reconversion de sites délaissés), des dispositifs pour favoriser la biodiversité (nichoirs, hôtels à insectes, ouvertures pour le passage de la faune). Les circulations multimodales ont été défendues avec un abri à vélo accolé à l’abri bus, des connexions piétonnes et cyclables, un bivouac pour les vélo-touristes équipé de toilettes sèches publiques 6.

Dans la Lévrière où l’ambition est aussi de tendre vers un territoire de l’après-pétrole, les utopies collectées lors de la phase de mobilisation artistique par le Collectif PetitPoisPrincesses regorgent de solutions alternatives. En matière d’énergie, les habitants proposent la création d’un syndicat citoyen installant des turbines énergétiques sur un moulin. En matière d’habitat, une reconversion d’école en Ehpad suscite l’idée d’un « béguinage », habitat partagé intergénérationnel pour personnes âgées. Sur le plan de l’alimentation, une conserverie mutualisée serait mise à disposition des agriculteurs et des particuliers. Pour le lien social, un concept de « café tournant à la maison » permettrait de créer des lieux de rencontre au domicile des habitants. L’ouverture des églises à des activités autres que cultuelles s’organise.

La modestie au cœur des projets

On pourrait craindre que les habitants expriment des souhaits démesurés : ceux-ci s’avèrent généralement fort soucieux de la dépense publique. Tempérant certaines ambitions souvent nourries par les élus, les habitants préfèrent des solutions plus locales et plus collectives que les projets pharaoniques. Dans la vallée de la Lévrière, certains élus militent pour la création d’un hôpital ou la mise en place d’un réseau de bus. Face à ces propositions, des habitants ont enquêté sur des exemples de maisons médicales rurales accueillant des permanences de différents spécialistes comme sur le développement de la télémédecine. Ils suggèrent aussi de négocier avec la société de transports scolaires pour y accueillir des passagers non scolaires.

A Lhopiteau, en Beauce, les chemins ruraux constituent souvent la seule trame non cultivée. Un des exploitants maraîchers utilisant principalement un de ces chemins y a tracé des ornières profondes sur un sol pelé, sans végétation. Notre solution d’experts était de programmer une restauration du chemin avec un ensemencement résistant. Les habitants ont eu une meilleure idée, celle de diversifier les itinéraires du maraîcher pour mieux répartir la charge de ses passages. Cette proposition s’est révélée compatible avec le fonctionnement de l’exploitant.

A Trémargat, où la prise en compte du paysage avait été voulue dès le départ, la concertation avec les habitants a permis de tempérer les ardeurs des bûcherons et d’aboutir à des modes de gestion moins radicaux, plus fins et plus respectueux des sites : maintien des arbres emblématiques, taille sujet par sujet plutôt que linéaire, création de vues, maintien de lisières.

Des initiatives et résultats inattendus

En Beauce, alors que la motivation initiale était timide, les habitants se sont réunis en collectif pour défendre leur paysage contre un projet d’implantation d’antenne-relais, et l’un des habitants a peint des fresques représentant les paysages beaucerons sur les façades de sa maison située à l’entrée du hameau.

A trémargat, un blocage est apparu à propos des arbres taillés en trognes. La tradition des trognes consiste à rabattre périodiquement les branches latérales et sommitales des chênes pour produire du bois de chauffe. Les arbres se réduisent alors à des sections de troncs râclés et amputés. La jeune génération n’accepte pas l’idée de brutaliser ainsi la nature des chênes. Il a donc été décidé de mener ultérieurement une démarche de sensibilisation et de concertation spécifique sur ce sujet qui semblait inscrit dans l’identité de ce territoire.

L’expérience la plus déroutante s’est finalement déroulée avec une classe de CM1 de Villiers-le¬Bâcle. Après avoir prévu de protéger tout ce qui était de l’ordre du naturel, la forêt et les oiseaux, les enfants ont imaginé avec un bel ensemble un avenir bruyamment urbain pour la frange de leur village, avec un parc d’attraction, un centre commercial, des villas de luxe… à notre grand désarroi et celui de la maîtresse.

En dépit de pareilles surprises, ces démarches démontrent manifestement le bon impact de notre accompagnement. Mieux qu’une étude destinée à finir sur une étagère, notre travail suscite du lien social, l’appropriation de la chose publique et des avenirs plus résilients. Bien souvent, nous nous effaçons progressivement de ces démarches. Notre réussite se mesure quand les habitants finissent par oublier de nous citer lors d’une réunion ou dans un article, utilisant la formule « nous avons fait » et omettant que nous, les experts, avons contribué à leur résultat.

La posture des professionnels est donc déterminante pour favoriser l’appropriation des citoyens. De leur côté, il serait utile que les fonds publics puissent permettre de développer ce champ d’action. Plutôt que de financer autant d’études et de dispositifs espérant convaincre la population de se conformer à de nouvelles pratiques en changeant son mode de vie, les financements publics pourraient donner les moyens aux habitants de s’organiser et de construire leur propre « paysage sans pétrole ».

Ces quatre expériences menées dans des territoires ruraux avec une population fortement attachée à son identité montrent qu’avec un peu de coordination, la transition se fait en conviant l’effort de chacun et en sollicitant son invention. Cette transition se fonde sur un renouvellement de la gouvernance locale et un partage de l’initiative. Ainsi le paysage peut-il devenir « l’affaire de tous »

1 Ce projet s’est déroulé avec des financements du programme Leader, du Pays de Beauce et de la Fondation de France.

2 Une stratégie plus simple peut être d’utiliser le « volet concertation » prévu le plus souvent, dans la majorité des commandes publiques, sous la forme d’une réunion d’information. Selon le Robert, concertation signifie «projeter ensemble, en discutant». Nous pouvons nous montrer plus ambitieux que les cahiers des charges et profiter de telles réunions pour inventer un projet.

3 Il est peu probable que leur décision renie le processus qui a co¬construit un projet et va faciliter son acceptation. « La participation n’est pas un but mais un moyen pour améliorer la qualité de la conception et l’acceptation progressive du changement. » Bertrand Folléa, L’archipel des métamorphoses, Editions Parenthèses, 2019, page 78.

4 A Villiers-le-Bâcle, l’idée d’un bivouac aménagé avec un abri couvert avait d’abord paru incongrue puis est revenue peu à peu au cœur du projet. En Beauce, la plantation de fruitiers a semblé superficielle puis est devenue l’élément emblématique qui a permis à plusieurs habitants de s’impliquer.

5 Concernant les impressions auditives, une clé USB copiera les enregistrements réalisés avec son téléphone. Pour le toucher, un pot, une enveloppe, une feuille et du scotch collecteront des échantillons de matières. Pour le goût, une feuille où écrire une recette composée à partir d’ingrédients ramassés localement. Pour la vue, une feuille de papier canson, des pastels aquarellés et un pinceau pour y peindre un paysage. Pour l’odorat, une feuille pour décrire les parfums qu’on a pu sentir.

6 Du point de vue paysager, le résultat est digne d’un professionnel. Les cônes de vue sont révélés, les motifs - alignement de poiriers francs, murs en meulières, bosquets plutôt que haies - ont été choisis pour respecter les valeurs paysagères du lieu. L’espace est travaillé avec des respirations, des pleins, des vides et des contrastes, de la nuance dans les limites comme dans les profondeurs.

Références

Le Collectif Paysages de l’après-pétrole a pour objectif de redonner durablement à la question du paysage un rôle central dans les politiques d’aménagement du territoire, dans un contexte de transition énergétique et plus largement de transition vers un développement durable.

En savoir plus