Démocratiser et responsabiliser le monde rural

Le réseau des chambres d’Agriculture du Togo

Koffi KINIKPOR, février 1999

Dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale (DPH)

Cette fiche décrit la mise en place des chambres d’agriculture au Togo, et la nécessaire mise en relation des différents acteurs depuis les territoires ruraux jusqu’aux instances nationales et internationales. Le monde rural devient ainsi « maître » de son développement.

Comment parvenir à démocratiser et responsabiliser le monde rural ?

Cette question se pose avec acuité depuis l’indépendance politique des pays africains dans les années 1960. Elle demeure préoccupante à l’aube du 21e siècle, si l’on sait que le secteur rural occupe encore plus de 60 % de la population dans des pays africains. C’est le cas du Togo. D’après une définition faite en 1992 lors de la rencontre nationale sur l’Agriculture et le Foncier au Togo, la démocratisation et la responsabilisation du monde rural sont perçues comme un processus conduisant à la création de conditions nécessaires à l’autodétermination du monde rural et à sa prise en charge par lui-même.

Ainsi, la démocratisation devra contribuer à libérer le paysan de l’emprise de l’État et des autres intervenants, notamment en le plaçant en position de partenaire à part entière et non d’objet. De la démocratisation découle la responsabilité du monde rural sur tous les plans, notamment en matière de définition des politiques, de planification, de programmation, d’exécution et d’évaluation. Bref, le monde rural devra être en position d’assumer par lui-même sa pleine réalisation. Parmi les mesures propres à faciliter cette démocratisation et cette responsabilisation du monde rural, figure la mise en place de structures de représentation et de défense des intérêts de ce secteur, telles que les chambres d’Agriculture. A propos de ces chambres d’Agriculture, le Togo a connu jusqu’en 1998 une situation peu satisfaisante sinon confuse : jusqu’à cette date, il n’existait pas une chambre d’Agriculture autonome dans ce pays.

Au temps colonial, une « Chambre de Commerce » fut créée à Lomé en 1921, animée surtout par des commerçants européens et quelques « évolués » togolais. Dans les années 1950, cette chambre de Commerce fut transformée en « Chambre de Commerce d’Agriculture et d’Industrie du Togo » (CCAIT). Malgré cette appellation bien rassurante, la section « Agriculture » de cette Chambre n’incluait que quelques gros agriculteurs et propriétaires terriens. L’immense majorité de la population rurale togolaise n’y était pas représentée. Cette injustice, cette marginalisation de l’immense majorité paysanne du Togo a perduré près de quarante ans après l’Indépendance du pays. Mais entre-temps, des voix se sont élevées pour dénoncer cette situation et réclamer vertement le détachement et la mise en place d’une Chambre d’Agriculture autonome. Cette situation est en train de trouver une issue heureuse depuis 1998. En effet, avec l’appui technique et financier de l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (F.A.O.), le Togo vient de mettre en place non seulement une chambre d’Agriculture autonome, mais bien un réseau national décentralisé de 5 Chambres régionales d’Agriculture (une chambre pour chacune des 5 grandes régions du pays). Un bureau national élu par les Chambres régionales assure la coordination des activités ainsi que leur représentation au niveau national et international. La mise en place du réseau national de Chambres d’Agriculture du Togo est l’aboutissement d’un processus communicationnel et consultatif de bas en haut, ayant permis l’élection de représentations au niveau des villages, des Cantons, des Préfectures, des régions puis au niveau national. Avec l’appui d’un consultant de la F.A.O. et des services nationaux spécialisés, ce processus de communication, de consultation et de lancement a été bouclé dans l’espace d’une année, approximativement, de fin 1997 à fin 1998. Cette nouvelle expérience togolaise des Chambres d’Agriculture est à adopter et à améliorer sans cesse pour représenter véritablement le monde rural.

Objectifs des chambres régionales d’Agriculture du Togo

Les Chambres régionales d’Agriculture du Togo créées par la Loi N° 97-12 du 9 Juillet 1997 sont notamment chargées de :

Organisation des chambres régionales d’Agriculture du Togo

Les Chambres régionales d’Agriculture sont composées de membres élus suivant les modalités suivantes :

En plus des membres élus comme indiqué ci-dessus, les chambres régionales comprennent aussi des représentants des Organisations professionnelles agricoles (un représentant élu par Préfecture). Le nombre de membres élus composant chaque Chambre régionale d’Agriculture est fixé par un Arrêté du Ministère de l’Agriculture.

Références

État généraux de l’Agriculture et du foncier au Togo, le 06 mars 1992, FAO

OLADOKOUN W. 2013. Etats généraux du foncier togolais, harmonisation des pratiques foncières et domaniales dans les politiques sectorielles au Togo, Laboratoire de Recherche sur la Dynamique des Milieux et des Sociétés (LARDYMES), Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLESH), Université de Lomé

GARED (Groupe d’Action et de Recherche en Environnement et Développement)

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