Amsterdam Smart City : la création de nouveaux partenariats pour une ville intelligente
2014
Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV)
Les « smart cities », nouveau mode de gouvernance et de gestion urbaine « où les technologies numériques prendraient une place prépondérante dans le but d’améliorer les relations et les flux sur un territoire 1», s’inscrivent dans la démarche des collectivités locales soucieuses d’améliorer leur performance publique en temps de crise. Ainsi, la mise en œuvre de technologies localement rendant possible une meilleure gestion et collection des données dans une démarche participative améliorée, est considérée comme un marché important qui permettrait de concilier qualité de vie pour les populations et les entreprises, protection de l’environnement et croissance économique 2.
La plateforme Amsterdam Smart City vise à la création de nouveaux projets et partenariats entre les différents acteurs de la gouvernance urbaine, permettant à terme de faire de la ville une « smart city » ou ville intelligente.
To download : innover_localement_pour_financer_les_territoires8.pdf (1.5 MiB)
La ville d’Amsterdam s’est depuis de nombreuses années positionnée comme un acteur de premier plan dans la lutte contre le réchauffement climatique et la mise en œuvre de projets novateurs en faveur d’un développement économique durable 3. C’est dans cet esprit que la plateforme « Amsterdam Smart City » a vu le jour. Initiée en 2009 par the Amsterdam Economic Board 4 et l’opérateur d’électricité Liander, en étroite collaboration avec la municipalité, cette initiative vise à la mise en œuvre de projets pilotes dans l’aire métropolitaine d’Amsterdam et à la création de nouveaux partenariats entre compagnies privées, institutions publiques, organismes de recherche et habitants. En d’autres termes, Amsterdam Smart City est une plateforme de coopération cherchant à regrouper différents types d’acteurs du développement urbain afin de développer l’aire métropolitaine d’Amsterdam en « smart city ». Fonctionnant comme un incubateur de projets, cette plateforme permet de tester une large variété d’initiatives et d’en partager les résultats : la ville est alors conçue comme un laboratoire d’innovations où de nouveaux modes de financement, technologies et coopérations aideront à la mise en œuvre d’un territoire urbain plus efficient et à un changement de mentalités à grande échelle. Structurée autour de 5 thèmes principaux 5 et de 3 zones géographiques 6, l’initiative a pour but d’aider à la mise en œuvre d’un développement économique durable du territoire privilégiant un usage efficace et pertinent des ressources naturelles disponibles 7.
La coopération entre acteurs publics et privés, essentielle à la conduite de l’initiative
Un des facteurs principaux du succès d’Amsterdam Smart City est le portage politique de la ville d’Amsterdam et son association avec d’importants opérateurs privés. Ces associations ont été cruciales pour attirer les partenaires, mobiliser les fonds et initier la mise en œuvre des projets. La ville a ainsi fait le pari de privilégier les sources de financement privées, en se positionnant comme partenaire et non pas comme financeur principal. La première phase du projet (2009-2011), bénéficiant d’un budget de 4 millions d’euros, a ainsi été financée à 20 % par des fonds publics provenant de la municipalité, à 40 % par les principaux partenaires privés et à 40 % par des fonds européens (FEDER). A terme, la municipalité cherche à développer des lignes de financement privées pour s’éloigner d’un modèle basé sur les subventions publiques, tout en demeurant garante de l’intérêt général. Chaque projet a néanmoins ses propres axes de financement, qui varient en fonction des partenaires impliqués et des besoins d’investissement. La plupart des projets d’envergure a ainsi été financée à travers des partenariats publics privés (PPP), alors que des projets nécessitant moins de capital initial ont pu être portés financièrement directement par des PMEs.
Une initiative au succès croissant
Amsterdam Smart City a permis à de nombreux projets de voir le jour et ce dès les premières années après son lancement. Cependant, compte tenu de la variété d’initiatives, d’échelles et de temporalités nécessaire à leur mise en œuvre, il reste très difficile d’en évaluer l’impact, a fortiori sur le long terme. La plateforme a néanmoins prouvé son efficacité et sa pertinence puisque le nombre de partenaires et de projets n’a cessé d’augmenter (43 projets mis en œuvre en 4 ans) : Amsterdam Smart City semble donc avoir réussi à se positionner comme un espace de rencontre, de collaboration et d’inspiration pour les acteurs du développement urbain, esquissant une nouvelle gouvernance de la ville et ayant un véritable impact positif sur le territoire (création de 800 emplois en 3 ans). La plateforme a également contribué à la renommée de la ville 8 et son rayonnement, la positionnant comme un pôle d’innovations techniques permettant une croissance durable et attirant ainsi de nouveaux investisseurs. L’initiative offre enfin une échelle d’expérimentation particulièrement pertinente, rendant possible l’identification de pratiques et initiatives prometteuses qui pourront être mises en œuvre à plus grande échelle ou dans d’autres contextes. A terme, ces projets seront ainsi de potentiels vecteurs d’une meilleure qualité des services publics et d’une rationalisation des dépenses des collectivités. La plateforme doit néanmoins faire face à d’importants défis, en particulier son mode de gouvernance et l’inclusion de certains acteurs, comme les citoyens ou les PMEs aujourd’hui trop peu présents dans le processus de prise de décision et de mise en œuvre des projets. Des ajustements sont donc nécessaires pour permettre aux usagers et aux petites entreprises de devenir de véritables acteurs de la ville durable et intelligente, au-delà du statut de consommateurs de services urbains. Enfin le financement de nombres d’infrastructures urbaines par des investisseurs privés fait débat, dans la mesure où leur place croissante dans la fabrique de la ville questionne le rapport entre rentabilité, intérêt général et bien commun ainsi que le rôle de la municipalité dans l’ajustement des différents objectifs.
Pour agrandir l’image
1 A. Picon (2013), Theorie et critique d’un idéal auto-réalisateur, Collection Actualités
2 Les estimations potentielles du marché des technologies intelligentes avoisinent ainsi les 40 milliards d’euros en 2016 in Abi Research (2011), Smart City Technologies will grow fivefold to exceed $39 billion in 2016,
3 La ville a ainsi établi en 2008 un « New Amsterdam Climate » établissant un cadre pour aider la transition vers une ville bas carbone et fixant un objectif de réduction des émissions de C02 de 40 % d’ici 2025 comparé aux émissions de 1990.
4 Institution réunissant agences gouvernementales, instituts de recherches et entreprises privées, en charge du renforcement de la position de l’aire métropolitaine d’Amsterdam.
5 Living, Working, Mobility, Public facilities et Open Data
6 Trois quartiers d’Amsterdam, relativement différents en termes de population, d’activité et d’histoire : le quartier de Nieuw West, celui de Zuidoost et celui d’Ijburg.
7 Sur le même sujet, un outil particulièrement pertinent, l’Ecobudget, a été mis en œuvre dans les villes de Växjö en Suède et Tubigon, Philippines. Cet instrument permet de valoriser le capital environnemental d’une ville ou d’une région en intégrant dans un budget son apport à la richesse collective.
8 Amsterdam a ainsi remporté en 2011 le European City Star Award pour ses efforts en faveur de la transition énergétique et du développement durable, incluant l’initiative Amsterdam Smart City. La ville a également été classée 5e dans l’Index Européen des villes vertes de Siemens.
To go further
Informations générales (en catalan)
Article sur les enjeux de la création de l’AMB Roig i Marti J. et Haro Garcia J.L (2011), La ley del Area Metropolitana de Barcelona, una oportunidad para el territorio, in Hacienda Publica
Article sur les enjeux de la péréquation sur les territoires