Quelle place pour l’automobile dans la ville ?
Quelle articulation entre ville et voiture du point de vue d’un constructeur automobile ?
Pascal Feillard, septiembre 2013
Cette fiche propose le retour d’expérience du responsable d’une équipe d’études et de recherches en marketing et en prospective automobile au sein de PSA Peugeot Citroën, également secrétaire général de l’Institut pour la Ville en Mouvement/PSA Peugeot Citroën. Il revient sur l’importance des projets d’innovation sociale, organisationnelle et culturelle centrés sur la mobilité urbaine mis en place par l’IVM.
Depuis 5 ans, en tant que responsable d’une équipe d’études et de recherches en marketing et en prospective automobile au sein de PSA Peugeot Citroën, et depuis 3 ans, en tant que secrétaire général de l’Institut pour la Ville en Mouvement/PSA Peugeot Citroën, je tente avec mes collaboratrices/teurs, d’adresser ces questions avec un point de vue qui va bien au-delà d’un axe purement fonctionnel ou organisationnel. L’individu, à la fois consommateur et citoyen est placé au centre de la réflexion avec ses besoins, ses moyens, ses contraintes, ses imaginaires et ses émotions.
Depuis 2000, l’Institut pour la Ville en Mouvement/PSA Peugeot Citroën anime des projets d’innovation sociale, organisationnelle et culturelle centrés sur la mobilité urbaine. Ses travaux ont pour ambition d’allier des travaux académiques, la conduite d’expérimentations de solutions ou de services de mobilité innovants, le développement de supports d’apprentissage, la réalisation d’événements de sensibilisation destinés au grand public - expositions, éditions, performances- en relation avec le monde des villes, de la société civile, de l’architecture et de l’urbanisme.
La mondialisation et le développement économique s’accompagnent sur tous les continents d’une urbanisation croissante où la question de la mobilité prend une importance de plus en plus grande, dans un contexte où les contraintes environnementales et économiques sont devenues cruciales. Les récents évènements au Brésil avec des manifestations rassemblant des centaines de milliers de personnes dans les rues des grandes villes du pays ont pour déclencheur une hausse des coûts du transport en commun. En 2007, même cause, même effet à Santiago de Chili. La mobilité quotidienne des classes moyennes est donc un enjeu majeur de nos sociétés développées. En 2012, la « Fabrique du Mouvement » en réunissant les expériences en Europe, Asie, et Amérique Latine nous a permis de dresser un panorama des impacts de l’action publique sur la mobilité quotidienne et urbaine.
Cette approche systématiquement internationale permet de mettre en perspective des thématiques et des problématiques généralement adressées au niveau local, limitant ainsi le partage de connaissances et la comparaison de pratiques. Toujours pluridisciplinaire, l’IVM tente avec pragmatisme et avec des moyens limités de mettre à l’agenda des sujets « orphelins », peu médiatiques, complexes mais centraux pour la vie urbaine et quotidienne de chacun.
Ainsi la mobilité pour l’accès à l’emploi ou la santé, les enjeux croissants autour du « social business » ou encore l’impact des politiques publiques sur la mobilité urbaine ont été depuis 10 ans au cœur de nos travaux et sont maintenant repris et poursuivis par d’autres. Aujourd’hui, nous engageons de nouveaux projets qui prolongent l’approche architecturale des espaces de la mobilité : le thème du Passage en partenariat avec de grandes villes du monde, de la ville lisible axée sur les apprentissages de la mobilité et les enjeux des informations multi et intermodales dans les réseaux de transports.
L’Institut pour la Ville en Mouvement a une vocation d’intérêt général. Animateur de débats, il invite à la controverse, et prône une « approche laïque des mobilités », pour que chacun, citoyen et expert, puisse prendre position en toute connaissance de cause et d’effet.
Pour autant, ses travaux nourrissent la réflexion globale menée par PSA Peugeot Citroën et axée sur le changement de paradigme de la mobilité urbaine, questionnant le modèle d’affaires traditionnel des constructeurs automobiles. Ce changement s’articule autour de :
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Passage de la mobilité axée sur le déplacement à une mobilité vécue comme une expérience, quel que soit le moment et le lieu ;
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Passage d’une mobilité principalement monomodale et définie en fonction du besoin le plus exigeant, mais aussi le moins fréquent (ex : départ en vacances) à une mobilité, de plus en plus multimodale, évaluée en fonction du moment-circonstance, pour être la plus performante et/ou agréable possible ;
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Chaque mode, considéré isolément et qui cède la place, dans une approche systémique, à une offre globale de mobilité, faite d’objets, de services et d’informations, au centre de laquelle, l’individu peut faire ses choix, peut consommer sa mobilité.
La véritable mutation, pour tout acteur de la mobilité, et principalement un constructeur automobile, est donc de mettre l’individu au cœur de ses préoccupations, de ses champs de réflexions et de décisions, de basculer d’une logique d’offre des systèmes de la mobilité à une logique de demande « intelligente » de mobilité individuelle et à relever le défi d’une véritable intelligence de la mobilité.
Referencias
Pour accéder à la version PDF du numéro de la revue Tous Urbains, n°2
Para ir más allá
Institut pour la ville en mouvement (IVM)
Fondation PSA-Peugeot-Citroën, Institut pour la ville en mouvement