COP16 Biodiversité, FUM, COP29 Climat et COP16 Désertification : l’agenda international de fin d’année

octobre 2024

Association Climate Chance (Climate Chance)

À mi-parcours de la « Décennie de l’action » visant à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, les mois à venir, marqués par une succession rapide de réunions internationales de haut niveau, seront cruciaux pour définir et renforcer la réponse mondiale aux crises planétaires. L’année 2024 verra se succéder trois COP (conférences des parties) des trois conventions de Rio qui remontent au sommet de la Terre de 1992 : la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la convention sur la diversité biologique (CDB) et la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD). Plusieurs rendez-vous majeurs de l’agenda international du climat et de la biodiversité se déroulent d’ici la fin de l’année 2024. L’Observatoire Climate Chance vient de publier une première note d’analyse sur les enjeux de convergence des 3 COP. Une autre note, sur les crédits biodiversité, sera publiée prochainement et présentée à Cali.

COP16 biodiversité : opérationnaliser le cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal

La seizième conférence des parties à la CDB se tiendra du 21 octobre au 1er novembre à Cali, en Colombie. La priorité sera de traduire en actions concrètes les engagements du cadre mondial pour la biodiversité (CMB) de Kunming-Montréal, adopté lors de la COP15 en 2022. Il s’agit notamment d’aider les pays à faire en sorte que leurs stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité (SPANB) soient conformes aux 23 objectifs du CMB, dont l’objectif 30×30 : conserver 30 % des terres et des mers de la planète d’ici à 2030, grâce à la création de zones protégées ou à d’autres mesures de conservation basées sur les zones.

Parmi les priorités, soulignées notamment par la société civile ou les organismes de recherche :

En ce qui concerne la présidence colombienne de la COP, le thème choisi pour cette édition est « La paix avec la nature », la ministre de l’environnement du pays, Susana Muhamad, ayant déclaré que les résultats de cette COP pourraient contribuer aux efforts de paix en « responsabilisant et en mobilisant les communautés locales dans les régions où se déroule la lutte armée, en particulier pour faire face aux économies illicites ». Cette déclaration s’inscrit dans le contexte d’une importante déforestation à la suite de l’accord de paix conclu en 2016 par le pays avec le groupe rebelle des FARC, qui a conduit d’anciens combattants à se tourner vers l’agriculture non réglementée, aux côtés d’autres groupes rebelles qui rejettent l’accord de paix et continuent de se battre. Selon Global Witness, la Colombie a enregistré le plus grand nombre cumulé d’assassinats de défenseurs de l’environnement depuis 2012.

COP29 climat : la « COP de la finance »

La plus suivie des trois, la COP climat, se tenant cette année à Bakou, en Azerbaïdjan, a été surnommée « la COP de la finance », car les pays devront fixer un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) pour les flux financiers liés au climat. Ces négociations, qui portent à la fois sur la quantité, la forme et les sources de financement, permettront d’apaiser les tensions de plus en plus vives entre les pays développés et les pays en développement sur la question « qui paiera pour la réduction des émissions, l’adaptation et les pertes et dommages ? ». Les négociations sur plusieurs autres questions ont été bloquées antérieurement par des problèmes de financement, et l’objectif précédent de 100 milliards de dollars par an en 2020 n’a été atteint qu’en 2022, selon les chiffres de l’OCDE.

Alors que la question du financement est au premier plan, les négociations se poursuivront sur d’autres sujets, car les pays préparent la prochaine série de leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), plus précisément les CDN 3.0, qui doivent être soumises avant la COP30 en 2025 et couvriront la période allant jusqu’à 2035. Ces documents auront donc un rôle important à jouer pour faire le lien entre les politiques actuelles et les politiques à moyen terme, et seront alimentés par les résultats du premier bilan mondial dans le cadre de l’Accord de Paris, qui s’est achevé en 2023. La mise en œuvre des CDN plus solide dépendra du suivi des actions et la transparence, une priorité déclarée de la présidence azerbaïdjanaise. Les pays devraient également soumettre leurs premiers rapports biennaux de transparence d’ici la fin de l’année.

Parmi les autres thèmes prioritaires des négociations en cours :

COP16 désertification : la plus grande mobilisation sur le sujet à date

Après l’adoption du cadre stratégique 2018-2030, l’établissement d’un niveau de référence pour la dégradation des terres en 2018, suivi d’évaluations basées sur des données de la perte et de la restauration des terres pour la première fois en 2023, l’UNCCD continue de travailler à la réalisation de ses objectifs stratégiques, notamment l’amélioration de l’état des écosystèmes touchés, la lutte contre la désertification/dégradation des terres, la promotion de la gestion durable des terres et la contribution à la neutralité en matière de dégradation des terres. Les autres priorités de la CCD, relativement moins connue, dans ce nouveau cadre, sont l’amélioration des conditions de vie des populations touchées, le renforcement de la résistance à la sécheresse, la génération d’avantages environnementaux mondiaux à partir de la mise en œuvre de la convention et la mobilisation de ressources financières et non financières pour la mise en œuvre.

La précédente COP de l’UNCCD, en 2022 à Abidjan, Côte d’Ivoire, a fait avancer les négociations entre les Parties sur la sécheresse, le genre, les tempêtes de sable et de poussière, les migrations induites par la dégradation des terres, et pour la première fois, le régime foncier. La COP de 2024, qui devrait être la plus importante jamais organisée par les signataires de la CCD, sera accueillie par l’Arabie saoudite à Riyad et visera à « mobiliser les gouvernements, les entreprises et les communautés du monde entier pour accélérer l’action en faveur de la restauration des terres et de la résilience à la sécheresse en tant que pierre angulaire de la sécurité alimentaire, de l’eau et de l’énergie »]. Elle sera également marquée par l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du cadre stratégique, dans le but de formuler des recommandations en vue des objectifs de 2030. Parmi les priorités de cette COP figure également le passage d’évaluations et d’actions volontaires par les pays à des évaluations et actions plus harmonisées au niveau mondial, afin d’atteindre l’objectif de la COP15 de restaurer 1,5 milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030.

La convergence climat-biodiversité-sols : Les écosystèmes au cœur de l’action

Le concept « One Health » est une itération de la convergence entre les trois conventions de Rio et leurs objectifs, et les objectifs de développement durable, qui a pris une importance particulière avec l’apparition de la pandémie de Covid-19. Dans une tribune publiée par le Forum économique mondial en septembre 2024, Astrid Schomaker, Ibrahim Thiaw et Simon Stiell, les secrétaires exécutifs respectifs des conventions sur la biodiversité, la désertification et le changement climatique, ont souligné l’interdépendance des objectifs des trois conventions. La restauration des écosystèmes, les systèmes agroalimentaires et les énergies renouvelables sont présentés comme des domaines permettant de faire progresser les trois agendas, tout en appelant à une plus grande cohérence des politiques et des financements aux niveaux national et infranational.

En effet, les écosystèmes sont au cœur des solutions aux crises interdépendantes, et leur protection et leur restauration contribueront à la réalisation des objectifs des trois conventions. Le rapport du groupe de travail II du GIEC sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité affirme que les Solutions fondées sur la Nature (SfN) pour l’adaptation au changement climatique réduiront les risques et les vulnérabilités des personnes et de la nature et contribueront à la résilience, tout en restant réalisables et efficaces.

Par exemple, la restauration des zones humides peut protéger la biodiversité tout en réduisant les risques d’inondation, ou la végétalisation urbaine peut réintroduire des ceintures vertes dans les villes tout en réduisant les risques d’inondation et les risques liés à la chaleur. L’application des SfN peut ainsi contribuer à la réalisation de l’objectif mondial d’adaptation sous l’Accord de Paris, de l’objectif 8 du CMB liés à la résilience climatique, et même des ODD. Une mise en œuvre commune sur le terrain contribuera au suivi commun d’indicateurs sous les différentes conventions.

De même, la connectivité écologique peut également répondre aux priorités des trois conventions de Rio – en protégeant et en conservant les zones de biodiversité et la faune qui s’y trouve, en les rendant plus résistantes au changement climatique, en restaurant les terres dégradées et même en contribuant à l’atténuation par le biais de la séquestration dans le cas de plus grandes étendues de forêt.

S’il existe de nombreuses synergies, il existe également des compromis dans le cas de certaines actions qui, tout en étant bénéfiques sur un plan, peuvent être préjudiciables sur un autre (par exemple, des parcs solaires ou éoliens à grande échelle mal planifiés peuvent affecter la biodiversité dans la région). Pour éviter ces compromis, il faut également planifier de manière intégrée les actions relatives au climat, à la biodiversité et aux sols, et ce dès le stade du financement.

Références