Mobilité entravée : comprendre et agir

juin 2024

Réseau pour la transition énergétique (CLER)

Pivot de l’émancipation individuelle, la mobilité est primordiale pour accéder à l’emploi, à la santé, aux commerces, aux loisirs, aux activités du quotidien, aux droits et à la citoyenneté. Reportage dans l’Hérault et en Ardèche.

Selon une enquête du Laboratoire de la Mobilité Inclusive publiée en 2017, près d’un quart des Français aurait renoncé à un travail ou une formation professionnelle faute de moyen pour se déplacer. Cette entrave à la mobilité touche surtout les jeunes (46 %) et les personnes les plus fragiles socialement (54 %). « En matière d’accès à l’emploi, la mobilité est un frein premier. Certaines personnes n’ont pas le permis, pas les moyens de se le payer ou ne peuvent pas conduire pour des raisons de santé. Elles ont des problématiques financières ou de logement. Les difficultés se cumulent », alerte Muriel Balluais. Cette conseillère en insertion professionnelle au Plan local pluriannuel pour l’insertion et l’emploi (Plie) Est-Héraultais de Lunel accompagne les plus de 46 ans éloignés de l’emploi. « Je reçois des femmes qui n’ont aucun moyen de locomotion », poursuit-elle. Ce déficit de mobilité diminue les chances de recrutement et peut conduire à l’isolement social. Pour permettre à ces publics vulnérables d’être autonomes et d’élargir leur périmètre de mobilité, le Plie Est- Héraultais leur met à disposition des trottinettes électriques. Muriel Balluais fait aussi appel à l’Association de prévention spécialisée de l’Hérault (APS34).

L’absence d’accès à la mobilité : un obstacle à l’insertion sociale

Piloté par Mob’In Occitanie et l’Agence régionale énergie-climat d’Occitanie, l’APS34 œuvre pour l’insertion sociale des jeunes les plus en marge et leur famille dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Des éducateurs animent des ateliers d’autoréparation de vélos dans les quartiers défavorisés du Pays de Lunel, Montpellier Mosson et Marsillargues.

« Certains participants n’ont ni vélo ni moyen de transport accessible. Nous prêtons ou donnons des vélos à des jeunes en recherche d’emploi et des personnes âgées qui en ont besoin pour aller chercher leurs médicaments ou faire leurs courses », explique Yohan Lazary, en service civique. L’association s’emploie à inculquer la culture du vélo et la liberté de déplacement qui lui est associée.

« Le vélo permet aux bénéficiaires de se présenter à des entretiens d’embauche et de travailler en dehors de leur ville », ajoute Muriel Balluais. Le vélo est un mode de transport efficace pour favoriser l’accessibilité à la mobilité sur des trajets urbains et périurbains de courtes et moyennes distances. En faisant sa promotion, les acteurs locaux tentent de limiter les freins à l’insertion professionnelle et sociale.

Le difficile accès aux solutions de mobilité pour les seniors

Adhérente du réseau Mob’In Auvergne- Rhône-Alpes, l’association Mobilité 07–26 mène des actions autour du vélo dans toute l’Ardèche. Elle propose des ateliers pour reprendre confiance, se perfectionner, rouler en sécurité ou découvrir le vélo électrique. Sophie s’est remise en selle à 65 ans :

« Je voulais réapprendre à faire du vélo pour pouvoir me déplacer, faire un peu d’exercice et des balades. J’avais très peur mais l’encadrante m’a mise en confiance », raconte-t-elle.

Cette infirmière libérale retraitée subit au quotidien des entraves à la mobilité. Son mari est atteint d’un handicap moteur. Il se déplace à l’aide d’un fauteuil roulant.

« J’ai énormément de difficultés à me déplacer dans le Teil : centre-ville inaccessible, rampes et trottoirs inadaptés, manque de places de parking réservées », fustige-t-elle.

Se déplacer constitue pourtant un droit fondamental. Heureusement, les dispositifs de mobilité solidaire et durable se multiplient. Les actions portées par l’APS34 et Mobilité 07–26 sont d’ailleurs lauréates du programme Tims. « Pour favoriser une mobilité inclusive, il faut augmenter les initiatives et sensibiliser sur les aides existantes », soutient Muriel Balluais.

Des propos qui rejoignent ceux de l’économiste Pierre Taillant : « Il faut cartographier les solutions existantes dans les territoires, créer des ponts entre les différents types de mobilité et imaginer des solutions qui vont déverrouiller les freins. »

Références

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