Retours d’expérience de politique de covoiturage

décembre 2023

Le covoiturage consiste en l’utilisation commune d’un véhicule par un conducteur non professionnel avec un (ou plusieurs) passager(s) pour effectuer tout ou partie d’un trajet initialement prévu par le conducteur. La pratique ne doit pas être rémunérée en dehors du partage des frais de déplacement. En 2023, première année de mise en œuvre du plan covoiturage, une importante progression du nombre de trajets effectués en covoiturage par plateforme est enregistrée (x 2,3 entre le premier semestre 2022 et le premier semestre 2023). Les politiques publiques locales en faveur du développement du covoiturage se structurent et se massifient. Illustration à travers quatre expériences concrètes.

1 – « Tous ensemble pour le covoiturage », Île-de-France

L’opération « Tous ensemble pour le covoiturage » est une initiative d’Ile-de-France Mobilités, établie sous forme de conventions de partenariats avec des opérateurs de covoiturage courte distance. Plusieurs éditions expérimentales ont eu lieu depuis octobre 2017, impliquant des subventions pour les opérateurs qui s’engagent à reverser des aides aux conducteurs et à offrir des trajets gratuits aux passagers avec un abonnement de transport collectif valide. Les trajets de covoiturage sont disponibles dans l’application SNCF, avec redirection vers l’application de l’opérateur choisi pour finaliser la réservation. La première édition a subventionné près de 500 000 trajets passagers pour un budget de 1,1 million d’euros, impliquant huit opérateurs partenaires. La seconde édition a concerné cinq partenaires et a soutenu environ 1,4 million de trajets passagers pour un budget de 3,7 millions d’euros. La troisième édition n’a pas été mise en œuvre dû à des conflits avec les opérateurs.

Une quatrième édition a été mise en place en 2022. Celle-ci prévoyait deux aides : une rémunération directe de l’opérateur basée sur le nombre de trajets passagers réalisés et une aide pour les développements visant à intégrer les offres de l’opérateur dans le MaaS d’Île-de-France Mobilités.

Le premier dispositif d’aide s’applique en « période normale » avec une indemnité de 1,50 € par passager jusqu’à 15 km, puis de 0,10 € par km au-delà, plafonnée à 3 € par trajet passager. Les passagers abonnés Navigo bénéficient de deux trajets gratuits par jour jusqu’à 30 km/trajet. Le second dispositif s’applique en cas de « perturbations majeures pour les transports » et de « pics de pollution », avec une indemnité majorée aux conducteurs et la gratuité du trajet pour tous les passagers. La rémunération directe à l’opérateur est plafonnée à 100 000 € HT. Le Registre de Preuve de Covoiturage est utilisé pour contrôler la fraude et remonter les trajets éligibles à la subvention

Résultats

L’opération « Tous ensemble pour le covoiturage » a cofinancé près de 1,9 millions de trajets entre octobre 2017 et juin 2020, avec une subvention de 4,8 millions d’euros. L’activité a connu une forte croissance, passant de 10 000 trajets aidés par mois en 2017 à plus de 170 000 trajets par mois en février 2020. L’application Karos a enregistré 223 000 trajets principalement en zones rurales et péri-urbaines, dont 79% en grande couronne.

2 – « MOV’ICI », Auvergne-Rhône-Alpes

MOV’ICI est un service numérique de covoiturage en Auvergne-Rhône-Alpes, développé en open source par Mobicoop. Il met en relation les covoitureurs pour les trajets domicile-travail, études, loisirs, etc. La plateforme est gratuite et permet une mise en relation planifiée ou instantanée. Des communautés de covoitureurs sont créées en ligne pour des trajets partagés avec des intérêts communs. Les conducteurs sont défrayés par les passagers via un porte-monnaie électronique. MOV’ICI fournit des justificatifs de trajets (certification) pour les incitations au covoiturage. Le service est interopérable avec d’autres plateformes, et une nouvelle version améliorée est prévue en septembre 2020.

Résultats

Depuis le lancement de la plateforme en 2016 jusqu’à fin décembre 2019, 389 441 trajets ont été publiés, dont 148 600 trajets pour l’année 2019. Durant la même période, il y a eu 639 185 mises en relation, dont 298 666 pour l’année 2019.

3 – « Lane », Lyon et Bourgoin-Jallieu

Lane est un service de covoiturage en temps réel, sans réservation, reliant divers quartiers et pôles d’emploi des agglomérations de Lyon et Bourgoin Jallieu. Complétant le réseau de transports en commun existant, il fonctionne en périodes de pointe du lundi au vendredi. Les passagers peuvent demander un covoiturage via des bornes connectées, une application mobile, ou par SMS/téléphone. Les conducteurs déclarent leurs trajets sur l’application et peuvent accepter des passagers en route. L’indemnisation est de 2€ par passager et trajet, avec une indemnité supplémentaire de 1€ pour les sièges libres. Lane offre des garanties en cas d’impossibilité de réaliser le voyage prévu. Le service est issu d’un partenariat public/privé et a bénéficié du soutien de l’ADEME et de l’Union Européenne.

Résultats

Lane permet des économies de près de 300 €/mois par passager covoiturant entre Lyon et Bourgoin. 80 % des utilisateurs étaient auparavant en autosolisme. Le service a augmenté avec près de 400 utilisateurs réguliers et 800 trajets/mois en février 2020. Le coût d’installation des stations varie de 4 000 € à 25 000 €. Le coût d’exploitation visé est d’environ 20 €/trajet covoituré à pleine fréquentation du service. Utilisateurs satisfaits du court temps d’attente et de la flexibilité du service.

4 – « Synchro Covoiturage », Agglomération du Grand Chambéry

« Synchro Covoiturage » est un service public de covoiturage spontané développé par le Grand Chambéry pour desservir les zones périphériques montagneuses. Il complète les transports collectifs existants et encourage l’intermodalité. Le service fonctionne sans application, les passagers se rendent aux arrêts dédiés et attendent qu’un conducteur se présente. Des panneaux à messages variables et un mobilier urbain sobre sont utilisés pour faciliter le covoiturage. Les usagers s’inscrivent, obtiennent une carte de covoitureur et une vignette pour leur voiture, garantissant la sécurité. La mise en place de ce projet a nécessité plusieurs investissements financiers, mais aussi plusieurs actions animations (près de 340 heures et 2000 personnes rencontrées sur 2 ans).

Résultats

Au bout des deux années d’essai, le programme a permis une augmentation nette des trajets de covoiturage, notamment parmi les seniors (30% des 100 premiers inscrits).

Évaluation comparée de 4 politiques d’incitation au covoiturage

Références

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