Combien d’élèves par classe ?

Témoignage d’une directrice d’école

Isabelle SORBELLI, février 2023

Identifier les raisons puis remédier aux causes d’un élève en difficulté nécessite de l’attention de l’enseignant et donc du temps. Souvent ce temps est réduit à une minute ou deux par élève ce qui est très insuffisant.

Témoignage d’une institutrice puis directrice d’école sur la nécessité d’accompagner des élèves dans leur manques de repères, évoquant une collégienne qui déchiffre parfaitement mais ne comprend pas ce qu’elle lit.

J’ai reçu le mois dernier un appel téléphonique d’une maman qui m’appelait au secours car sa fille était perdue dans ses devoirs.

J’ai donc reçu cette ancienne élève et depuis, à chaque retour du collège, elle passe à la maison et je l’accompagne dans ses devoirs au travers desquels je réalise l’étendue de ses difficultés.

Dès le premier rendez-vous, j’ai réalisé que la principale source d’incompréhension venait de la lecture, elle déchiffre parfaitement mais ne comprend pas ce qu’elle lit ! Depuis la 6ème (elle est actuellement en 5ème), elle fréquente une aide aux devoirs proposée par le collège. Cette heure hebdomadaire est encadrée par un adulte pour un groupe de plusieurs élèves. Pourtant cette adolescente continue de se perdre. En l’accueillant chaque jour, je peux mesurer combien ces heures à deux sont précieuses car elles permettent de pointer précisément les difficultés et d’y remédier.

Cela pointe une des grandes différences entre les enfants qui ont un suivi possible et éclairé à la maison et les autres qui sont livrés à eux-mêmes. Je me souviens parfaitement de l’attention particulière que je portais à cette élève en CM2 mais mon aide était limitée car pendant le temps de classe, lorsque vous avez 26 élèves, même lorsque vous encouragez l’entraide entre camarades, vous avez, dans le meilleur des cas deux minutes par élève et par heure, tout en gérant l’ensemble de la classe !

Elle avait à lire pendant les vacances Vendredi ou la vie sauvage. Je lui parle de Robinson Crusoé, de la Grande Bretagne et lui demande si elle sait ce que c’est : « oh oui, c’est grand la Bretagne », je lui montre alors une carte sur un planisphère, puis lui raconte la domination anglaise avec ses nombreuses colonies (je sais, la colonie c’est pendant les vacances !).

Pourtant je sais que mon collègue qui intervenait en anglais, historien de formation et merveilleux pédagogue enrichissait ses cours en ouvrant sur l’histoire et la civilisation. Mais, et cela se confirme par toutes les dernières études, la capacité d’attention est devenue tellement faible et nos propos souvent abscons pour des élèves privés d’un riche vocabulaire !