Minas Gerais - L’agriculture, un enjeu central

Bilan territorial de l’action climat

2018

Association Climate Chance (Climate Chance)

Depuis 2015, l’Association Climate Chance participe à la mobilisation dans la lutte contre le dérèglement climatique. Il s’agit de la seule association internationale se proposant de réunir à égalité l’ensemble des acteurs non-étatiques reconnus par l’ONU. Dans le but de renforcer leur action et crédibiliser les scénarios de stabilisation du climat, l’Association Climate Chance a lancé en 2018 un Observatoire mondial de l’action climat non-étatique, qui se donne comme objectif d’expliquer les évolutions des émissions de gaz à effet de serre, en croisant les politiques publiques nationales, avec les dynamiques sectorielles, les stratégies des acteurs privés, les politiques publiques locales, et les actions entreprises par les acteurs du territoire. Pour analyser la mise en cohérence des poli¬tiques publiques locales, Climat Chance propose un bilan des « mobilisations territoriales » à travers des exemples choisis de villes et de régions. Ici, le Minas Gerais brésilien.

Troisième puissance économique du Brésil, l’État du Minas Gerais est souvent qualifié de « condensé du Brésil », du fait des très fortes disparités territoriales et sociales au sein de son territoire. Il s’est lancé en 2014 dans l’élaboration d’un Plan climat énergie territorial (PEMC), alors considéré comme pionnier au Brésil. Ce plan établit qu’en 2014 les émissions du Minas Gerais étaient de 124 MtCO2eq soit une hausse de 24 % par rapport à 2005 (99,5 MtCO2eq). Elles se répartissent comme suit : agriculture (40 %), énergie (37 %), procédés industriels (16 %), déchets (7 %).

POLLUTION AGRICOLE ET DÉFORESTATION

Le Minas Gerais est le second État du Brésil en termes de bétail (23,8 millions de bovins en 2015) et de production agricole (riz, canne à sucre et grains), avec une production en hausse constante de 2 % par an depuis 2005. Cette croissance a ainsi entrainé une hausse de 22 % des émissions du secteur agricole entre 2005 (16,2 MtCO2eq) et 2014 (19,8 MtCO2eq), due pour moitié aux changements d’usage des sols et à la déforestation. Le Minas Gerais a mis en place dès 2010 une série de lois pour par exemple limiter drastiquement la pratique de brûlage des déchets agricoles en plantation. Cela a eu pour conséquence une diminution de 75 % des émissions liées aux déchets agricoles entre 2009 et 2015, passant de 0,66 à 0,16 MtCO2eq. En parallèle, le Minas Gerais a mis en place en 2016 un vaste programme de récupération des pâturages dégradés et limiter les effets de la déforestation, cause de 17 % des émissions du secteur. 715 producteurs ont été formés à des techniques permettant une meilleure gestion de leur activité, la récupération des zones dégradées, une production accrue et des revenus des producteurs ruraux (FAEMG 2018).

AMÉLIORER L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE DE L’INDUSTRIE

En 2014, près d’un tiers des émissions dues à la combustion d’énergie provenait de la production industrielle. La baisse de 3 % du PIB en 2009 par rapport à 2008 aura eu pour impact une baisse de 8 % du total des émissions dans le Minas Gerais. Cette baisse s’explique directement par la rétractation de l’industrie du métal, qui a subi en 2009 une diminution de 39 % de sa production, et de 8 % de ses émissions de CO2. Depuis la reprise économique du secteur en 2011, les émissions ont toutefois augmenté de 12 %. Pour tenter de réduire l’intensité carbone et énergétique de l’industrie, le Minas Gerais a mis en place un programme d’appui financier pour la modernisation des procédés industriels et la réduction de leur consommation d’énergie, visant une réduction des émissions de 79 537 tCO2eq d’ici à 2030 tels que : l’usage du gaz naturel pour le fonctionnement des turbines, le renouvellement des flottes de camions de marchandises pour des véhicules plus grands et fonctionnant aux biocombustibles, ou encore l’intégration de compresseurs à vitesse variable au sein des ventilateurs industriels de façon à optimiser la consommation énergétique de ces derniers. En 2015, les bénéfices de ces différentes mesures sont estimés à 500 tCO2eq.

MESURER ET LUTTER CONTRE LA VULNÉRABILITÉ SOCIALE ET CLIMATIQUE

Fréquemment touché par des événements climatiques extrêmes comme les sécheresses et les inondations, le Minas Gerais est le premier État du Brésil à avoir réalisé un diagnostic de vulnérabilité au changement climatique en 2010, actualisé en 2015. En 2015, la Banque de développement de l’État du Minas Gerais (BDMG) et l’Agence Française de Développement ont financé la création d’un indice de Vulnérabilité du Minas Gerais (IMVC) permettant de mesurer la vulnérabilité des territoires de l’État aux impacts liés aux changements climatiques ainsi qu’un appel à projets à destination des municipalités pour des projets d’atténuation et d’adaptation.

Références