Helsinki - Des progrès notables fragilisés par les besoins en chauffage
Bilan de l’action climat des territoires
2018
Association Climate Chance (Climate Chance)
Depuis 2015, l’Association Climate Chance participe à la mobilisation dans la lutte contre le dérèglement climatique. Il s’agit de la seule association internationale se proposant de réunir à égalité l’ensemble des acteurs non-étatiques reconnus par l’ONU. Dans le but de renforcer leur action et crédibiliser les scénarios de stabilisation du climat, l’Association Climate Chance a lancé en 2018 un Observatoire mondial de l’action climat non-étatique, qui se donne comme objectif d’expliquer les évolutions des émissions de gaz à effet de serre, en croisant les politiques publiques nationales, avec les dynamiques sectorielles, les stratégies des acteurs privés, les politiques publiques locales, et les actions entreprises par les acteurs du territoire. Pour analyser la mise en cohérence des poli¬tiques publiques locales, Climat Chance propose un bilan des « mobilisations territoriales » à travers des exemples choisis de villes et de régions. Ici, Helsinki.
Affichant en 2017 une réduction de 24 % de ses émissions globales et de 42 % de ses émissions per capita, par rapport à 1990, la ville d’Helsinki est en passe d’atteindre son objectif 2020 et réduire ses émissions globales de 30 %. En septembre 2017, le conseil municipal a ainsi voté ses objectifs pour les quatre prochaines années, intégrés dans la stratégie globale de la ville Helsinki City Strategy 2017-2021, « The most fonctional city in the world ». Ce programme s’appuie en particulier sur le volontarisme de la compagnie municipale d’énergie (Helsinki Energia), qui a préparé un programme ambitieux sur la place des énergies renouvelables adopté par le conseil municipal.
L’ENJEU DU CHAUFFAGE URBAIN DURABLE ET DE L’ISOLATION
Pour atteindre ses objectifs la ville doit concentrer ses efforts le chauffage urbain, qui représente 50 % des émissions et en augmentation de 12 % en 2016 du fait de l’utilisation du charbon pour répondre à la hausse de la demande. La hausse fut limitée à 1 % en 2017, et contrebalancée par les émissions de la consommation d’électricité (–5 %) et du chauffage électrique (-6 %), permettant une réduction globale de 2 % en 2017 soit 2,67 MtCO2eq. Les énergies renouvelables représentent encore moins de 15 % de la production d’énergie dédiée au chauffage urbain. Mais la ville explore actuellement son potentiel géothermique avec le forage de plus de 3 000 puits, et continue l’expansion de panneaux solaires pour alimenter les bâtiments publics.
L’efficacité énergétique reste un autre levier important pour la réduction des émissions de la ville, qui s’est fixé un objectif 7,5 % sur la période 2017-2025. Le premier thermostat intelligent a été installé en 2017 pour réguler le chauffage d’un immeuble pilote. De nouvelles normes adoptées en 2017-2018 imposent aux nouveaux bâtiments publics d’afficher une consommation d’énergie « quasi-nulle », et des facilitations sur les permis de construire sont accordées au secteur privé pour les bâtiments basse consommation. Par ailleurs la ville améliore ses capacités de gestion et d’usage des données avec le lancement de l’atlas 3D qui rassemble toutes les données relatives à la performance et la consommation énergétique, les fuites de chaleur etc. des bâtiments. Il est également consultable par les différents opérateurs du secteur de l’habitat.
DES INNOVATIONS DANS LES TRANSPORTS ET LE TRAITEMENT DES EAUX DONT LES IMPACTS RESTENT À OBSERVER
Les émissions dues aux transports ont peu évolué ces dernières années avec une baisse de 9 % depuis 1990 et de 4 % par rapport à 2016, elles représentent environ 20 % des émissions globales. La ville a multiplié les initiatives en 2017 pour encourager l’usage des transports doux ou publics et atteindre la neutralité carbone de ces derniers en 2025 : réaménagement du réseau, pistes cyclables multipliées par 3, extension du métro, bus à recharge rapide et tramways électriques plus efficaces. Des bornes de recharge en partie alimentées à l’énergie solaire et à destination des voitures électriques ont été installées. D’autres innovations ont également fait leurs preuves, comme le service de santé virtuel qui permet aux infirmières de prodiguer leurs soins à distance et d’éviter ainsi 200 000 km de trajet, et une plateforme internet proposant plusieurs services aux entreprises tels que du covoiturage, des vélos électriques etc. Enfin, Viikinmäki la plus grande station d’épuration de Finlande, traitant les aux usées de 800 000 personnes dont les résidents d’Helsinki est devenue en 2013 la première au monde à relever quotidiennement ses émissions des différents gaz. Malgré l’élimination de l’azote avant le rejet des eaux en mer récemment améliorée grâce à des bactéries dénitrifiantes, la station émet 134 tonnes/an de protoxyde d’azote, s’ajoutant aux 350 tonnes/an de méthane.