Accra - Vers une neutralité carbone d’ici à 2050
Bilan de l’action climat des territoires
2018
Association Climate Chance (Climate Chance)
Depuis 2015, l’Association Climate Chance participe à la mobilisation dans la lutte contre le dérèglement climatique. Il s’agit de la seule association internationale se proposant de réunir à égalité l’ensemble des acteurs non-étatiques reconnus par l’ONU. Dans le but de renforcer leur action et crédibiliser les scénarios de stabilisation du climat, l’Association Climate Chance a lancé en 2018 un Observatoire mondial de l’action climat non-étatique, qui se donne comme objectif d’expliquer les évolutions des émissions de gaz à effet de serre, en croisant les politiques publiques nationales, avec les dynamiques sectorielles, les stratégies des acteurs privés, les politiques publiques locales, et les actions entreprises par les acteurs du territoire. Pour analyser la mise en cohérence des poli¬tiques publiques locales, Climat Chance propose un bilan des « mobilisations territoriales » à travers des exemples choisis de villes et de régions. Ici, Accra
Les émissions de GES de la ville d’Accra représentaient environ 2,57 MtCO2 en 2015, soit moins d’une tonne par habitant, bien loin de la moyenne mondiale (C40). Ces émissions sont dues : aux déchets (38,5 %), aux transports (37 %), puis à l’énergie stationnaire (24 %). L’Assemblée métropolitaine d’Accra (AMA) est engagée depuis plusieurs années dans une démarche de développement climato-compatible et a, à ce titre, rejoint plusieurs réseaux de villes, depuis 2009 le C40 et plus récemment la Convention des Maires en Afrique Sub-saharienne.
VILLE PIONNIÈRE D’AFRIQUE DE L’OUEST SUR L’ATTÉNUATION
Accra affiche une volonté forte de faire de la ville un exemple à suivre en Afrique de l’Ouest :
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Accra divulgue ses données climat au CDP depuis 2016, démontrant ainsi sa capacité à recueillir et agréger les données, difficulté majeure dans beaucoup de territoires africains. Pour ce faire, les équipes municipales ont bénéficié d’un renforcement de capacités sur les dispositifs de MRV (Mesure, Reporting Verification) et notamment la réalisation d’inventaires d’émissions ;
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Accra s’est engagée, lors de la COP23 à mettre en oeuvre un plan d’action climatique ambitieux d’ici à la fin de l’année 2020 et à présenter un bilan carbone neutre d’ici à 2050 ;
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En août 2018, la ville a été la première métropole en Afrique à joindre la campagne mondiale Breathe Life, pour la réduction de la pollution atmosphérique.
UN ENGAGEMENT DE NEUTRALITÉ CARBONE À CONCRÉTISER
L’engagement de neutralité carbone n’est, pour l’heure, pas décliné en plan d’action, mais la ville bénéficie du soutien, depuis mai 2018, du C40 Climate Action Planning Africa Programme (financé par l’International Climate Initiative
– IKI). Ce programme, qui accompagne 9 villes africaines dans l’élaboration de plans climat alignés avec l’Accord de Paris, inclura dans les 3 prochaines années l’organisation d’ateliers et la mise à disposition d’un conseiller dédié localement.
Un premier atelier, tenu en septembre 2018, a rassemblé plusieurs départements de l’AMA, des représentants nationaux (dont l’Environmental Protection Agency) et la société civile autour de la définition de scenarios prospectifs de développement de la métropole. Cet atelier a été l’occasion de rappeler que la lutte contre les changements climatiques permettrait en outre d’améliorer le cadre de vie de la population et qu’une collaboration étroite avec le niveau national était nécessaire. Ce constat est d’autant plus vrai qu’avec une population de près de 2 millions d’habitants (2015) et 4 millions dans l’Aire métropolitaine élargie, la région d’Accra concentre une grande partie de la population et de l’économie ghanéenne.
DES STRATÉGIES D’ADAPTATION À RENFORCER
Accra souffre régulièrement d’inondations qui ont parfois des conséquences désastreuses en termes humains avec le développement d’épidémies. Le manque d’infrastructures de protection et de soins, et la forte densité de population rendent le défi du changement climatique important. Pourtant, la ville ne dispose pas à ce stade de stratégie d’adaptation spécifique et s’en tient à la stratégie nationale d’adaptation (NCCAS). Adhérente depuis décembre 2014 au réseau 100 Resilient Cities, la ville a publié en mars 2018 le diagnostic de sa résilience qui dépasse le seul cadre du climat, et s’apprête à développer sur cette base sa stratégie de résilience. Il établit que les plus grandes sources de stress pour la population sont le coût de la vie, l’inefficacité des transports publics et de la gestion des déchets, et que les chocs majeurs auxquels la ville est sujette, sont en premier lieu les inondations, puis viennent les incendies et les épidémies.