« La rue, on partage, il dépend comment ? »
Jean-Loup GOURDON, 2005
Conseil National des Transports (CNT)
Elle résume la présentation effectuée le 14 janvier 2004 au groupe de travail par Jean-Loup GOURDON de son article « La rue, on partage », il dépend comment », paru dans la revue Urbanisme n° 329 (mars-avril 2003).
Jean Loup GOURDON dénonce le partage de la rue sous forme d’un découpage ainsi que l’affectation d’un espace ou d’un trajet spécifique à chaque type d’usager. Selon lui, cette « séparation fonctionnelle » des types d’usages et d’usagers tue l’espace public, en réduisant ainsi sa complexité et en empêchant de ce fait les usagers d’y cohabiter et de communiquer. Il tire les leçons de la rue pour éviter un retour vers trop de fonctionnalisme. Il favorise le péage urbain au détriment du péage routier. Il préconise une magistrature de l’espace public et un code de la rue pour un service et un espace public apaisé vis-à-vis des incivilités et de la guerre de la circulation urbaine.
Son article a été rédigé par réaction à la vision idéaliste du partage de la voirie fréquemment fondée sur une approche fonctionnaliste. Il considère en effet qu’il y a un véritable danger de poursuivre une vision fonctionnaliste de la voirie en séparant les usagers et en spécialisant l’espace pour les transports en commun, les vélos, etc. L’affectation d’un espace spécifique à un mode constitue une amputation d’un espace public autrefois nécessaire à l’expression des différentes interactions urbaines. La mise en place d’aménagements physiques pour partager la voirie pose toujours le problème du dévoiement des buts pour lesquels ils ont été réalisés.
La satisfaction des nouveaux usages risque d’accroître la juxtaposition de fonctions sans créer de véritable polyvalence. La spécialisation de l’espace public entraîne également du gaspillage dans l’espace et dans le temps. L’espace public affecté à un mode, constitue, hors des périodes d’utilisation par ce mode, une place perdue pour d’autres utilisateurs, sans que cet espace affecté n’apporte un véritable gain de sécurité pour les bénéficiaires (insécurité des vélos vis-à-vis des motos en infraction ; insécurité des bus risquant d’être piégés par des camions de livraison ; insécurité des autres usagers vulnérables).
Trois façons d’optimiser l’usage de la voie publique sont particulièrement efficaces :
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Le péage urbain : Les nouvelles technologies rendent possibles des utilisations plus souples, adaptées aux différents contextes de l’espace public, permettant de privilégier certains usagers tels que les livreurs, les déménageurs, les personnes à mobilité réduite, etc., de façon permanente ou occasionnelle.
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La priorité au fonctionnement convivial : Donner la priorité au fonctionnement réel de la voie permet le maintien du lien social par la civilité, la cohabitation et la convivialité sur l’espace public. Les différents espaces doivent permettre de circuler à une allure homogène, facilitant ainsi l’écoulement et le croisement des flux.
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Le Code de la rue : Établir un code de conduite pour la rue et une véritable police intervenant sur les usages incivils et participant au fonctionnement concret de l’espace urbain est une réforme inévitable qu’il faudra entreprendre pour le futur.
Il importe de comprendre ce que vivent les gens avant toute décision d’aménagement.
Références
Ce texte est extrait d’Une Voirie pour Tous – Sécurité et cohabitation sur la voie publique au-delà des conflits d’usage – Tome 2 : Exemples et Annexes au rapport du groupe de réflexion, Conseil National des Transports (CNT), 2005, publié par le CNT et La Documentation Française en juin 2005.
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