Un projet intégré d’auto-construction d’habitat bois au Royaume-Uni

Accéder à un logement décent

Pascale Thys, 2009

The Community Selfbuild Agency (L’Agence d’auto-construction communautaire)

Le matin, nous avons rencontré John Gillespie, un des responsables de l’Agence et Fabian Wuyts, un des travailleurs qui monte un projet dans le Kent avec des personnes réfugiées politiques.

Ce qui suit n’est pas un compte-rendu exhaustif, mais relate quelques uns des sujets abordés.

Origine du système Walter Segal : en 1961 cet architecte qui devait rénover sa maison, située à Highgate, a autoconstruit une petite maison en bois, comprenant 4 chambres, dans son jardin pour accueillir sa famille le temps des travaux. Cela a pris une 15e de jours pour la construire et lui a coûté 850£. Ensuite le système a été développé dans les années 70 par lui et surtout par un autre architecte Jon Broome (ce dernier y a notamment ajouté la vision écologique).

La première expérience d’autoconstruction avec un groupe a débuté à Lewisham dans les années 70 sur un site renommé plus tard Segal Close. L’agence a été créée à la fin des années 80 suite à un projet d’autoconstruction avec des jeunes sans emplois issus de l’immigration (projet Zenzele).

En ce qui concerne les aspects location-acquisition, il existe 3 options :

Quelques éléments de réduction des coûts :

Dans l’option c) c’est le groupe des autoconstructeurs qui s’occupe de tout (achats, organisation de la sous-traitance si besoin, …)

Une clause contractuelle oblige, dans le cas de la revente des biens autoconstruits après quelques années par leur propriétaire autoconstructeur, de vendre le bien moins cher qu’au prix du marché et ce pour respecter la philosophie sociale de ce genre de projet, et permettre à d’autres d’avoir aussi accès à un logement social.

Pour le recrutement, on passe par des organisations de jeunesse, les clubs, les assistants sociaux. Pour l’option b) on diffuse des avis dans la presse locale, on pose des affiches.

Dans le cas de l’option c) ce sont les futurs propriétaires qui s’occupent du recrutement.

On envoie aussi aux personnes qui sont sur les listes d’attente de logements sociaux en leur proposant d’autoconstruire leur logement, ce qui réduit le temps d’attente (souvent de quelques années).

Dans l’option a) il s’agit principalement de jeunes adultes, la démarche est dite top down. Dans le cas des options 2 et 3 il s’agit de personnes un peu plus mature, la démarche est plus bottom up.

Les groupes sont généralement composé de 6 à 12 personnes. Moins de 6 ce n’est pas intéressant financièrement et plus de 12 cela devient difficile de travailler en groupe.

Souvent on débute avec plus de 12 personnes (une 15e) car il y a des désistements.

Ce sont des chantiers d’environ 12 logements.

Une fois que les fonds sont trouvés cela prend environ 2 ans pour arriver au produit fini .6 mois sont consacrés pour le recrutement. A la fin de cette période on organise un événement, un week-end pour souder le groupe.

Une formation de 6 semaines est suivie avant de commencer le chantier. Cela comprend une formation sur la sécurité, comme la manipulation d’objets lourds par exemple, et une petite expérience, en école, dans chaque domaine pour voir ce qui convient le mieux à chaque participant. Cela permet aussi de tester les capacités physiques et mentales (mais s’il y a des problèmes de ce côté là cela n’engendre pas obligatoirement l’exclusion).

Pour les jeunes adultes cela sert aussi de formation (école de jour). Chacun des participants développe des compétences particulières qui sont mises à profit lors du chantier (par exemple un tel s’occupera de l’électricité, l’autre de la charpente, …).

Les personnes un peu plus mature de l’option b) suivent les formations le soir, le week-end. Il est important que la durée entre la fin de la formation et le début du chantier soit la plus courte possible sinon il y a risque de voir abandonner certains. La construction prend un an.

Outre le travail sur chantier, il y a aussi des relations avec les autres corps de métier présents (consultant, formateur, responsable de chantier…) afin de favoriser une meilleure compréhension des différents aspects de la construction. Comme par exemple avec l’architecte pour discuter du style de salle de bain souhaité.

Dans le cas de l’option a) il y a un AS qui s’occupe du suivi social.

Il est conseillé d’employer des ouvriers locaux plutôt que de faire appel à des grosses firmes, car ils ont plus une « fibre sociale ».

La structure principale est réalisée en kit, le reste est fait par les autoconstructeurs. Après la construction il y a un suivi de 6 mois pour aider à « transformer la construction en chez soi ».

Le responsable conseille la méthode communication, confidence, compromis. Il est important qu’il y ait de bonnes relations entre tous les acteurs ; que les choses soient simples (par exemple système de construction) mais pas trop et il faut être prêt à faire des compromis, notamment de la part des autoconstructeurs (pas possible de tout faire, de construire un château, …).

Un des avantages de l’autoconstruction par les jeunes adultes est le fait qu’ils y restent plus longtemps (4 à 5 ans) et qu’ils payent leur loyer. En général les jeunes qui entrent dans un logement social n’y restent en moyenne que 18 mois (au début tout va bien, mais souvent cela dégénère après quelques mois (problèmes sociaux, …).

Visites d’habitats autoconstruits

L’après-midi nous avons visités 6 ensembles d’habitats autoconstruits situés dans Londres.

Références

En savoir plus

Ce projet est soutenu par le Ministre de l’agriculture du gouvernement de la Région wallonne et la Direction générale des ressources naturelles et de l’environnement du Ministère de la Région wallonne.