La notion de mobilité est partagée par plusieurs disciplines des sciences de la ville et de l’urbanisme : on l’emploie pour décrire les changements résidentiels, les changements de statut professionnel ou familial dans les champs de la sociologie et de la géographie sociale, voire de l’économie. Dans le domaine des transports et de l’urbanisme, la mobilité désigne l’ensemble des déplacements effectués comme conséquence de l’exécution d’un programme d’activités impliquant une diversité de lieux. Son entrée dans le champ des transports et de l’urbanisme est récent, exprimant l’élargissement et la complexification de l’étude et de la compréhension des comportements, les méthodes de calcul des trafics et de dimensionnement des systèmes de transport, des infrastructures et des espaces publics ayant besoin de suivre la mutation des pratiques citadines pour faire évoluer la conception des aménagements.
La notion de mobilité s’accompagne d’une série de notions attenantes, certaines en amont, d’autres en aval. En amont, motilité et accessibilité sont des notions attachées l’une à la personne, l’autre à l’organisation de l’espace urbain. La motilité désigne l’aptitude psychologique, culturelle, physique aussi à se mouvoir, c’est-à-dire à concevoir un projet de mobilité réalisable ; l’accessibilité dépend principalement des conditions matérielles à mettre en œuvre pour réaliser effectivement un déplacement, conditions qui tiennent pour l’essentiel à la disposition géographique des ressources urbaines par rapport au citadin. Si la motilité est au cœur du champ de la sociologie et de la psychologie, l’accessibilité est une notion centrale en économie territoriale. En urbanisme, c’est une combinaison de ces approches qui préside à la conception de la planification spatiale urbaine, de la conception des réseaux de transport et de l’aménagement de l’espace public.
Ces notions qui fonctionnent en système peuvent être apparentées de façon plus indirecte avec celles d’attractivité, de polarisation et de nodalité, les facilités accordées à la mobilité des personnes et des biens variant selon leur position sur les réseaux et la façon dont ils maillent l’espace urbain.
Ce que disent les auteurs sur la notion de mobilité
Eric Le Breton
Une définition de la mobilité par un sociologue.
Vincent Kaufmann
La mobilité dépend des aptitudes psychologiques, cognitives et culturelles à se mouvoir : Vincent Kaufmann propose d’utiliser le terme de motilité.
Robert Ezra Park
Un des membres de la célèbre école de sociologie de Chicago insiste sur cette dimension d’abord individuelle de la mobilité.
Ivan Illich
Dans l’extrait suivant, Ivan Illich pose la question de la transformation des espaces induites par les transports motorisés. Par la transformation des localisations qu’ils permettent, ils induisent un accroissement des différentiels d’accessibilité entre ceux qui ont accès aux transports motorisés et les autres.
Sylvie Fol
Comme en écho, ce court extrait d’un ouvrage de Sylvie Fol pose la question de la mobilité devenue norme dans un espace reconfiguré par les mobilités motorisées. Les pauvres sont les victimes de la reconfiguration des espaces et des valeurs d’un monde devenu plus mobile.
Isaac Joseph
Le sociologue Isaac Joseph par sa réflexion sur l’accessibilité, montre l’étendue de cette notion, qui renvoie non seulement à la configuration des lieux et des moyens de transports, mais aussi à la capacité de se mouvoir et d’être accueilli. La notion d’accessibilité mène donc à celle d’urbanité…
Références
Sylvie Fol, La mobilité des pauvres, Belin, 2009.
Ivan Illich, Energie et équité, deuxième édition en français, Le Seuil, 1975.
Isaac Joseph, « Le bien commun des villes » in Demain la ville, contribution aux travaux de la commission Sueur, Paris, La Documentation Française, 1998, tome 2, repris dans L’athlète moral et l’enquêteur modeste, Economica, Coll. Etudes sociologiques, édité et préfacé par Daniel Cefai, 2007.
Vincent Kaufmann, « De la mobilité à la motilité », in Michel Bassand, Vincent Kaufmann, Dominique Joye (dir.), Enjeux de la sociologie urbaine, Presses polytechniques et universitaires romandes (collection science, technique et société), Lausanne, 200.
Eric Le Breton, « Homo mobilis », in, Michel Bonnet et Patrice Aubertel (dir.), La ville aux limites de la mobilité, PUF, 2006.
Robert Ezra Park, « La communauté urbaine », in Yves Grafmeyer, Isaac Joseph, L’école de Chicago, naissance de l’écologie urbaine, 3ème édition, Champs Flammarion, 1990.