Une dynamique d’alimentation durable qui stimule l’évolution des pratiques citoyennes et agricoles
Loos-en-Gohelle, Hauts-de-France, France
février 2017
Centre Ressource du Développement Durable (CERDD)
La Ville de Loos-en-Gohelle s’est saisi de la question alimentaire comme support de réponse à des enjeux sociaux, environnementaux, citoyens, sanitaires, économiques… de son territoire. L’entrée par l’alimentation facilite le décloisonnement des politiques misses en place tout en étant fédérateur pour les citoyens car touchant à leur quotidien. En cohérence avec ses acquis en matière d’implication habitante et de mobilisation des acteurs territoriaux, la ville joue alternativement un rôle de stimulation, d’accompagnement, de maître d’ouvrage…
Loos-en-Gohelle, ville de 7 000 habitants, s’engage dans une démarche de Transition énergétique et environnementale…, avec l’alimentation comme enjeu transversal, associant l’agriculture, la santé publique, l’environnement, la restauration, l’économie locale…
« Le projet VITAL (Villes, Transition et Alimentation Locale) consiste à rassembler, sur un territoire, l’ensemble des acteurs pouvant jouer un rôle direct ou indirect dans la création d’activités correspondant à l’enjeu d’une alimentation relocalisée. » Julian Perdrigeat, Directeur de Cabinet de la ville de Loos-en-Gohelle. La ville inspire des projets et crée les conditions pour que chacun s’investisse dans un projet alimentaire local.
L’alimentation de Loos-en-Gohelle, un projet VITAL pour le faire vivre
La colonne vertébrale pour répondre aux enjeux alimentaires de la ville, c’est le projet VITAL. Sa particularité est de réunir une diversité de profils qui interagissent sur la question alimentaire : Producteurs, habitants, collectivités publiques, écoles, acteurs associatifs, opérateurs économiques et des chercheurs.
Ainsi, toutes les dimensions de l’alimentation sont abordées par des intervenants aux qualités requises pour agir : le bio par les agriculteurs, les démarches citoyennes pour aboutir à terme à un conseil de l’alimentation, …
Chaque fois, la ville joue un rôle d’instigateur d’innovations, comme pour les carrotmob, les incroyables comestibles,… Ensuite, par un dispositif d’implication des citoyens, le fifty-fifty, la ville encourage les habitants à proposer et réaliser leurs propres actions pour un mode de vie durable. Les habitants apportent les idées et la dynamique pour les réaliser, la ville apporte les ressources techniques, financières…
La ville instigatrice de l’innovation
Par des actions innovantes, la ville de Loos-en-Gohelle propose des initiatives pour susciter auprès des habitants de nouveaux gestes alimentaires. Par exemple, l’organisation d’un « Carrotmob » pour rassembler une communauté de consommateurs autour d’une boulangerie soucieuse d’améliorer ses pratiques. La mise en place des « Incroyables Comestibles », sorte de petits potagers créés par les habitants sur les espaces communaux. La récolte est libre et gratuite, n’importe quel habitant peut se servir en légumes. « C’est le moyen de faire la promotion de la consommation de produits locaux, mais également une occasion de réunir les habitants à travers un projet commun dans une idée de « faire ensemble » avec des gestes simples de jardinage. » Dominique Hays, Coordinateur du projet Vital et directeur de Terre d’Opale, en charge du projet d’Ecopole Alimentaire.
Créer les conditions d’un changement de pratiques alimentaires par le citoyen
Dynamiser le bio auprès des agriculteurs
L’objectif de la ville est de faire se rencontrer l’offre et la demande de produits bio locaux. Elle propose par exemple des paniers Bio, « Terre de Gohelle », ainsi les produits bio locaux sont accessibles aux Loossois. « Progressivement, l’offre de produits bio locaux sera également rendue accessible à tous les professionnels de la restauration hors domicile grâce à la plateforme Terre de Gohelle. » explique Dominique Hays. La restauration collective propose également des produits bio aux élèves de Loos-en-Gohelle.
Comment une ville peut-elle encourager la conversion en bio auprès de ces agriculteurs ? »
Suite à l’acquisition de 15 ha de terre agricole, la ville de Loos-en-Gohelle lance un appel à projet à destination des agriculteurs loossois afin de les inciter à se convertir à l’agriculture biologique, et ainsi développer l’offre de produits bio locaux. Ces terres sont mises à disposition des agriculteurs à condition qu’ils cultivent cette terre agricole communale en bio d’une part et son équivalent en surface sur leur propre exploitation. C’est là aussi le principe du fifty-fifty, un hectare de la commune exploité librement aux conditions de la bio par un agriculteur suppose un ha exploité en bio dans sa propre exploitation. 5 agriculteurs sont entrés dans ce dispositif et ont créé le groupement BIOLOOS. L’animation de ce groupement est facilitée et dynamisée par une CUMA (Coopérative d’Utilisation de Materiels Agricoles) déjà existante et la présence d’un agriculteur Bio.
Pour Julian Perdrigeat, « La conduite du changement passe par des collectifs, la CUMA, le fifty-fifty sont des dispositifs qui favorisent le changement par l’enthousiasme, le partage, le soutien… ».
Des chiffres et éléments clés
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100% des cantines de la petite enfance et du FPA approvisionnées en produits biologiques
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15 ha de terres mises à disposition d’associations d’insertion
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Juillet 2016, Bioloos annonce plus de 60ha de terres en conversion bio. Cela représente près de 10% de la SAU (surface agricole utile) !
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Des partenariats avec Norabio sont noués pour la pomme de terre et avec le marché de Phalempin pour les oignons et potimarrons, Biocer pour les céréales et Terre d’Opale / Terre de Gohelle pour le circuit court.
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A travers la CUMA des investissements sont apportés pour l’acquisition d’une bineuse à oignons et d’un ensemble d’irrigation en goutte à goutte pour mieux valoriser l’eau sur les légumières. Pendant la campagne de désherbage, une dizaine de salariés saisonniers est embauchée pour sarcler les champs.
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Ces résultats que comptent la ville sont la bonification de 15 années de discussion avec le monde agricole.
L’organisation du projet VITAL
«VITAL incite à travailler sur les réagencement des acteurs dans un contexte de Transition : Comment la municipalité mute pour répondre à ces problématiques imbriquées, des inégalités sociales à la précarité alimentaire, énergétique…? (Evolution des métiers, des DGS, des techniciens…). Comment une ville peut développer ces nouveaux services, en partenariat avec les artisans, les entreprises, les habitants…? » interroge Dominique Hays.
Pour animer cette mutation, c’est à un coordinateur extérieur que la ville fait appel : Dominique Hays de Terre d’opale, afin que cette vision de l’alimentation concerne tous les services de manière égale (urbanisme, gestion du cadre de vie, NTIC, …).
« L’aspect transversale de l’alimentation, permet de faire sens et faire politique car on se rassemble autour d’un projet commun. » précise Julian Perdrigeat de la ville de Loos-en-Gohelle.
Les perspectives
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« L’éventail des sujets inhérents au domaine de l’alimentaire implique une large coopération des professionnels et des consommateurs. L’atout d’une Ville est de le faire en proximité. Avec néanmoins la limite de pouvoir réunir plus largement et massifier. C’est l’intercommunalité qui sera en mesure de coordonner les enjeux alimentaires à une échelle plus large » Julian Perdrigeat.
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Un temps fort consacré à l’alimentation par l’organisation d’une fête paysanne et du mieux-vivre alimentaire organiser par l’ADEARN en FIFTY – FIFTY avec la ville.
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Ainsi, la structuration d’un conseil Local de l’Alimentation Durable, composé d’habitants, de professionnels de la santé, du scolaire, de la production… est en cours de réflexion. Son objectif serait d’enrichir le projet vital pour passer de l’idée aux solutions opérationnelles… Pour des solutions cohérentes et de proximité. Faire le lien entre des paniers solidaires et le CCAS, l’école et le jardinage…
La conduite du changement à grande échelle
Par ce projet VITAL, la ville de Loos-en-Gohelle bouge les lignes de chaque intervenant du système. Cependant, un changement est nécessaire à une plus grande échelle, notamment l’intercommunalité et au-delà (Département, Région…)
Pour massifier la demande en bio, démarche rassurante pour promouvoir la conversion des agriculteurs, les écoles, les collèges et les lycées d’un secteur représenteraient une bonne quantité. Ce qui implique à nouveau un réagencement d’acteurs qui peut être porté par les intercommunalités.
En savoir plus
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