Très haut débit en Maremne-Adour-Côte-Sud : investissement porté par une vision à long terme (40)
2016
En investissant dans les réseaux très haut débit, les élus de Maremne-Adour-Côte-Sud ont souhaité renforcer la compétitivité du territoire, et au-delà en faire un outil au service de sa transition énergétique. Une vision à long terme qui a conduit l’Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) à créer une société publique locale pour porter ces nouveaux services.
Malgré son dynamisme démographique et économique, la communauté de communes Maremne-Adour-Côte-Sud (Macs, Landes, 23 communes, 60.000 habitants) restait très inégalement desservie en très haut débit (THD) en 2008 et de nombreuses zones blanches subsistaient sur un territoire à 95% rural. Les élus de la Macs ont saisi le problème à bras le corps pour que l’accès à internet haut débit devienne une réalité pour tous.
« A l’origine de ce projet, il y a notre proximité avec Bordeaux et la nécessité de doter notre territoire d’infrastructures performantes pour renforcer son attractivité face à la métropole, rappelle le président de la communauté de communes Maremne-Adour-Côte-Sud, Éric Kerrouche. En matière d’attractivité, la qualité de l’accès à internet est désormais décisive. Mais au-delà de l’accès, le très haut débit est aussi indispensable à la transition énergétique : que cela soit pour intégrer les unités de production locales d’énergie ou piloter à distance les bâtiments. »
Améliorer la desserte pour diversifier les offres THD
Dans un premier temps, la collectivité a mis en place un réseau d’initiative publique (RIP), afin de desservir les zones d’activité économiques via les répartiteurs téléphoniques, complétés par des pylônes permettant de couvrir les zones blanches via des technologies sans fil. Ouvert à tous les opérateurs, ce réseau a permis aux entreprises locales d’accéder au THD à des tarifs compétitifs du fait de l’arrivée d’opérateurs alternatifs. Les particuliers en ont également bénéficié : ADSL plus performant, nouveaux services (triple play), offres sans fil dans les zones blanches.
Menée en 2008, l’opération a coûté 12 millions d’euros, pris en charge à hauteur de 5,5 millions d’euros par le délégataire, 3,4 millions d’euros par le Feder et 1,5 million d’euros par la région. Le reste, soit 1,6 million d’euros, est financé par la communauté de communes.
Une société publique locale pour raccorder les entités publiques
Restait à raccorder les entités publiques pour répondre aux besoins propres de l’intercommunalité et de ses adhérents. « Sur notre territoire, nous avons recensé 450 sites publics qui ont chacun un abonnement télécom et ont tous ont besoin du très haut débit : mairies, écoles, bibliothèques, équipements communaux… Or les offres en fibre professionnelle - à 1.200 euros l’abonnement à 100 Mbit/s - sont totalement hors de notre portée financièrement », explique le directeur du service informatique de la Macs, Christophe Carayon.
Pour partager infrastructures et services, l’intercommunalité et ses communes membres se sont constitués en groupement fermé d’utilisateurs (GFU) - au sens de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) (voir en fin de texte). Puis la Macs a décidé en 2014 de créer une société publique locale (SPL) qui, contrairement à une collectivité territoriale, a la possibilité d’être opérateur de services de télécommunication.
La SPL a pour actionnaires les 23 communes membres et l’EPCI, et compte aujourd’hui trois équivalent temps plein. Elle a pour mission de raccorder les entités publiques au réseau haut débit (RIP) et de mutualiser les services voix et données pour l’ensemble des membres du GFU.
Premiers bénéficiaires : écoles et mairies
Aujourd’hui, la totalité des 23 mairies membres et 31 écoles sont reliées au réseau. Les travaux de raccordement ont coûté 3 millions d’euros, dont 2,5 millions financé par la Macs, le reste étant pris en charge par les communes. Toutes les connexions sont à très haut débit (jusqu’au gigabit/s) ce qui facilite grandement le développement des nouvelles pratiques, notamment dans les écoles. « Les enseignants peuvent utiliser un portable et des tableaux blanc interactifs, ils pratiquent régulièrement la visioconférence et 1.200 tablettes ont été déployés dans les écoles », précise le directeur du service informatique de la Macs. En plus de nouveaux usages potentiels - partage d’applications, de ressources numériques… -, ce raccordement permet aux communes de réaliser des économies sensibles sur leurs abonnements télécoms.
Une cinquantaine de bornes WiFi pour les touristes
La Macs utilise aussi ce réseau pour proposer du WiFi gratuit dans les espaces publics, et en particulier sur les plages. « Aujourd’hui, nombreux sont les touristes qui souhaitent pouvoir se connecter partout, tout le temps y compris sur la plage », souligne l’élu. Une cinquantaine de bornes WiFi sont d’ores et déjà opérationnelles. Placées dans les ports de plaisance, au niveau des postes de secours sur les plages et dans divers espaces publics, elles proposent des connexions à 30 Mbits/s. « Plus de 15.000 personnes s’y sont connectées durant l’été » se félicite le directeur de la SPL. L’objectif est à terme de couvrir l’ensemble des espaces publics (plages, bibliothèques…) à l’aide d’environ 200 bornes.
Applications pour préparer la transition énergétique
La collectivité entend faire de sa SPL le véhicule de sa démarche en matière de sobriété énergétique. La SPL s’est déjà dotée d’un datacenter pour gérer le système d’information nécessaire au déploiement des applications énergétiques. Des applications qui seront déployées sur le même modèle économique que pour les services télécoms : la cotisation demandée aux communes aura pour contrepartie des économies sur leur facture énergétique. A suivre.
Références
Territoires Conseils, Très haut débit en Maremne-Adour-Côte-Sud : investissement porté par une vision à long terme (40), 19 décembre 2016
En savoir plus
Site de l’ARCEP, réseau d’initiative publique (RIP)
Définition du Triple play (télécommunications)
Décision n° 2005-0208 du 15 mars 2005 portant adoption des lignes directrices relatives à la définition de « groupe fermé d’utilisateurs » (GFU) dans le nouveau cadre réglementaire
Définition d’une société publique locale (SPL)