Mettre en pratique un style de vie durable
Ina Ranson, 1999
Cette fiche présente le Global Action Plan et les initiatives mises en place par différentes villes pour définir un style de vie durable qui préserve les générations futures.
De plus en plus de communes suisses s’intéressent au « Global Action Plan » (GAP) développé en vue de permettre aux ménages d’adapter leur style de vie aux exigences d’un développement durable.
Le sommet de Rio en 1992 a rappelé que les citoyens des nations industrialisées, soit un cinquième de la population mondiale, consomment quatre cinquièmes des ressources disponibles dont 75 % finissent comme déchets. La conséquence en est la dégradation accélérée des écosystèmes, et il est à craindre que la qualité de vie des générations futures soit atteinte de façon grave et irréversible. Devant des problèmes aussi immenses, l’individu se sent dépassé. Pourtant, si une partie grandissante des personnes vivait « de façon durable », elle aurait une influence certaine sur les acteurs économiques. En effet, 35 % des ressources dans le nord sont consommées par des ménages.
Le Global Action Plan (GAP), fondé en 1990 aux Etats-Unis, lors de la journée de la terre, a développé des méthodes et des stratégies permettant aux individus et aux ménages de surmonter les attitudes de paralysie et de changer, dans leurs contextes spécifiques, les habitudes de consommation et de comportement non compatibles avec un développement durable.
Un instrument de politique communale
Aujourd’hui, le GAP fonctionne dans 13 pays européens et aux Etats Unis. Il a été adopté par 80.000 ménages (chiffres de fin 1997). Le secrétariat de GAP International coordonne les initiatives des différents pays et organise régulièrement des rencontres permettant l’échange des expériences. Le bureau de coordination du GAP se trouve à Stockholm. Des organisations internationales, comme l’OCDE, l’UNEP et UNCSD recommandent le GAP en tant qu’instrument de politique communale. Au cours de sept années d’expérimentation, GAP- International a testé son programme proposé aux ménages et l’a continuellement amélioré. Il a parallèlement développé un programme adressé aux enfants et aux institutions pédagogiques. Les propositions, avec leurs évaluations scientifiques, sont à la disposition des villes et des communes.
Le programme du GAP repose sur trois colonnes :
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des propositions d’actions concrètes, sur l’arrière-plan d’objectifs globaux ;
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l’accompagnement et le conseil actif (« coaching ») ;
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le feed-back, l’enregistrement des résultats quantitatifs et leur communication aux membres.
Des enquêtes faites en plusieurs pays ont montré que les motivations des membres du GAP ne faiblissent pas, une fois le programme parcouru, mais se renforcent en général.
Dans chaque pays, les stratégies d’action sont adaptées aux contextes culturels et géographiques spécifiques.
GAP en Suisse
Le Global Action Plan - Suisse a été fondé en 1992, en tant qu’association à but non lucratif qui propose de compléter le travail des autres organisations pour l’environnement. Le démarrage des activités a été fortement soutenu par le WWF qui y a d’abord sensibilisé ses propres membres. L’édition du manuel du GAP (« Comment améliorer avec plaisir en quelques mois l’écobilan de votre ménage ») a été soutenu par l’Office Fédéral pour l’Environnement (BUWAL et OFEFP), par le WWF et la Société de Réassurance Suisse. Le livre qui existait déjà en allemand, fut entièrement retravaillé pour tenir compte de l’environnement spécifique de la Suisse. Plusieurs cantons et entreprises ont également soutenu le travail du GAP.
Le programme a ensuite été présenté à de nombreuses institutions ou entreprises (dans des organisations de jeunesse, des groupes de protection de l’environnement, des églises…), mais avec des résultats assez maigres. Le contact avec les représentants des communes s’est avéré par contre beaucoup plus fructueux.
Pour la mise en pratique, le GAP mise sur la créativité des groupes. Des groupes de cinq à huit ménages suivent, pendant plusieurs mois, soutenus par un accompagnateur ou une accompagnatrice, et avec l’aide du manuel, un programme structuré. Ils abordent, l’un après l’autre les sujets suivants : les déchets, l’eau, l’énergie, la mobilité, la consommation, l’échange. Les participant(e)s s’informent des nombreuses alternatives susceptibles de remplacer les pratiques conventionnelles. Ils font des choix selon leurs préférences. Pour mieux se rendre compte des conséquences du changement de comportement, ils mesurent ce qui est mesurable au début et à la fin du programme. Les accompagnateurs qui ont reçu une formation standardisée évaluent les résultats des efforts. Le GAP-Suisse les enregistre, les compare avec les résultats d’autres pays et les publie régulièrement dans une Lettre d’Information que tous les participants reçoivent.
Au cours du dernier mois du parcours du programme, les membres du groupe commencent à recruter de nouveaux participants.
A la fin de 1997 plus de 1000 ménages suisses avaient suivi le programme du GAP. Les résultats : diminution des déchets de 17 % ; diminution de la consommation d’eau de 13 % ; diminution de la consommation d’énergie de 7 % ; diminution de CO2 provenant de l’utilisation de la voiture de 12 % ; accroissement de la consommation des produits issus de culture biologique de 30 %. Ces chiffres doivent être mis en relation avec le contexte suisse déjà favorable à certaines mesures écologiques.
L’idée de GAP-Suisse est de créer un mouvement fort qui s’imposera de plus en plus dans la vie sociale et culturelle. L’association s’efforce de convaincre d’abord par une pratique efficace. Il a longtemps coopéré en priorité avec des organisations non engagées dans l’environnement mais bien enracinées dans la population.
Des communes s’engagent pour la promotion du GAP
Mais depuis 1995, GAP-Suisse favorise les contacts au niveau des communes et des villes. Il s’est avéré que le soutien de plusieurs représentants d’une commune est une condition particulièrement favorable pour la propagation du programme. Le lancement du programme dans une commune se fait de la façon suivante : un groupe stratégique qui comprend des représentants envoyés par les institutions officielles, par les associations et par certaines entreprises et services, réfléchit sur ce qui est faisable et élabore un programme adapté. Idéalement des représentants de la commune suivent eux-mêmes le programme de changement proposé aux ménages. Ce fut le cas par exemple à Ittigen, ville dans la banlieue de Berne où le responsable de l’environnement ainsi que deux conseillers municipaux participèrent au premier groupe GAP de la commune. Ittigen projette d’ailleurs de s’inspirer des programmes GAP pour les écoles expérimentés aux Etats-Unis.
La devise des habitants d’Ittigen est un proverbe africain : « Beaucoup de petits hommes qui font de petites choses à beaucoup de petits endroits peuvent changer la face du monde. »
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Le nombre de communes partenaires du GAP est particulièrement élevé en Angleterre et aux Pays Bas.