Le new localism
Cynthia Ghorra-Gobin, 2013
Cet article expose les nouvelles relations entre le global et le local et l’importance que revêt ce dernier, aujourd’hui. En effet, porteur de valeurs et de sens qui manque souvent à l’échelle globale, le local peut désormais impulser des réflexions et des dynamiques pour permettre la transition vers des villes durables.
L’expression New Localism est fréquemment utilisée depuis quelques années dans l’univers anglophone et plus particulièrement par les Britanniques et les Américains. Chez les premiers elle prend la forme d’une affirmation et revendication du local face à l’autorité centrale et s’est traduite en 2011 par une loi (Localism Act) accordant plus de pouvoirs à l’échelon local. Chez les seconds elle fait référence de manière explicite aux valeurs du local et d’une certaine manière au vivre ensemble dans un contexte marqué par la mondialisation. Elle peut également indiquer dans certains cas la préférence des consommateurs pour les « circuits courts » dans l’offre alimentaire. The New Localism ne renvoie donc pas à une définition précise et stabilisée et fait l’objet d’interprétations diverses selon que l’on se situe dans une logique économique, sociale ou politique. Les différences sont toutefois peu marquées et l’analyse perçoit des convergences entre ces positionnements relevant de différentes disciplines des sciences sociales. Il s’agit :
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d’affirmer la présence du local à l’Age global
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de reconnaître la pertinence de l’échelle locale pour penser le vivre ensemble et redéfinir les territoires
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et pour certains d’envisager une possible mobilisation politique locale susceptible d’avoir un impact sur le global.
Affirmer le local à l’Age global
L’expression The New Localism a été utilisée dans un premier temps comme un moyen d’affirmer la présence du territoire local dans une ère caractérisée par l’intensification de flux. Il est ainsi question de contrebalancer le propos des économistes soulignant l’avènement de la firme globale dénationalisée et dans une certaine mesure déterritorialisée, suite aux pratiques d’outsourcing et d’offshoring. La firme s’affranchit de tout cadre national pour repenser son organisation et ré-imaginer les modalités d’interférence entre sites de production, lieux de consommation et sphère décisionnelle. Cette vision de la logique managériale a entraîné l’idée selon laquelle il revient au niveau local de se doter de politiques territoriales pertinentes pour attirer les flux (relevant de la finance, de l’économique, du tourisme) en quête de localisation. La notion d’ « avantage comparatif » s’est progressivement déplacée de l’échelle nationale vers le territoire métropolitain.
Reconnaître la pertinence du local pour penser le vivre ensemble et redéfinir les territoires
Les intellectuels américains en évoquant The New Localism s’inscrivent a priori dans la logique d’un retour vers le sens des « lieux » à l’heure des flux et évoquent ainsi l’idée de placeness et de settledness parallèlement au constat d’une diminution de la mobilité résidentielle inter-étatique qui jusqu’ici n’avait cessé de progresser. La réflexion est bien engagée et il est même question d’inclure dans ce renouveau du local l’idée de la solidarité, de l’entraide voire du vivre ensemble multiculturel. Le relationnel ne s’inscrit pas dans un territoire administratif ou encore figé, il devient l’occasion de redéfinir le territoire local en fonction des réseaux renvoyant aussi bien aux infrastructures (ingénierie) qu’aux relations sociales. La vitalité sociale repose en quelque sorte sur la capacité des individus à s’organiser et délimiter ensemble les territoires de l’action collective.
Imaginer une possible régulation du capitalisme globalisé à partir du local
En faisant référence à The New Localism, certains politistes n’hésitent pas à accorder un rôle central à toute forme de mobilisation sociale pour envisager une possible régulation du capitalisme globalisé et financiarisé. On pense bien entendu à ces manifestations locales se déroulant dans différentes municipalités américaines et autres à la suite d’Occupy Wall Street. L’idée que l’on retient est celle d’un local en mesure de prendre distance par rapport à l’idéologie néolibérale et revendiquer la prise en compte d’autres valeurs, relevant du social ou de l’environnemental. En d’autres termes le local se réinvente une place dans les espaces de la globalisation. Dans le quotidien ce volontarisme local peut se traduire par la quête de circuits courts dans l’approvisionnement alimentaire favorisant ainsi les producteurs locaux.
L’expression The New Localism est d’une manière générale vécue dans le monde anglophone comme un renouveau du local soucieux de s’affirmer à l’heure de la mondialisation et de participer à une mondialisation des localismes. La « glocalisation » est alors pensée comme une nouvelle dynamique sans crainte vis-à-vis d’un possible repli sur soi ou l’émergence d’un néocommunautariste. Ce qui peut paraître étrange pour ceux d’entre nous qui l’associent parfois à l’enfermement identitaire. Il est vrai que les chercheurs anglo-américains qui utilisent le concept n’hésitent pas à évoquer le Local State, ce qui permet de justifier leur enthousiasme pour le New Localism. Sans entrer dans un raisonnement comparatif (faute d’espace et de temps), retenons de l’expérience anglophone l’impératif de refonder la relation du local au national dans un monde globalisé.
Sources
Pour consulter le PDF du du numéro 1 de la revue Tous Urbains
To go further
Lien vers le Localism Act de 2011
Pour en savoir plus sur Occupy Wall Street