Eleves de troisième, performances scolaires et projets d’avenir
Pierre Calame, enero 1975
Une enquête exhaustive menée en 1972 dans tous les collèges de l’arrondissement de Valenciennes donne une idée précise des déterminants du cursus scolaire et de son effet sur les projets d’avenir des jeunes, espérance professionnelle et désir de rester ou non dans la région.
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En 1972, les collèges comportaient trois sections correspondant à des niveaux scolaires différents de ce qui permettait encore une estimation globale des déterminants de la performance scolaire. Grâce à une collaboration exceptionnelle entre Commissariat au Plan; Ministère de l’Education nationale et Ministère de l’Equipement (au titre de son rôle dans l’animation des réflexions sur l’avenir de la région), une enquête exhaustive a pu être menée avec l’implication de tous les principaux de collège et tous les membres du Centre d’information et d’orientation auprès de tous les élèves de troisième, CAP et BEP de l’arrondissement de Valenciennes, soit plus de six mille élèves. L’année suivante une enquête analogue a été menée dans la région de Dunkerque, Calais et Saint-Omer avec des conclusions voisines.
L’analyse des déterminants de la performance scolaire confirme ce qu’on a trouvé pour l’école primaire, de même que la composition sociale des élèves de l’Enseignement public.
L’enquête, prenant en compte l’évolution sociale sur deux générations, montre que dans la génération des parents on a assisté à un mouvement puissant de promotion sociale depuis le milieu agriculteur et ouvrier vers le milieu cadres moyens et cadres supérieurs, traduisant la transformation du marché du travail au cours des Trente Glorieuses.
L’analyse des projets des parents et des jeunes montre le contraste entre la « section 1 », la meilleure, où les élèves comptent sur l’éducation pour poursuivre le mouvement de promotion sociale de la génération précédente et voient souvent leur avenir hors de la région marquée par la grande industrie en crise et, les élèves de « section pratique » qui voient leur avenir dans la région et dans l’industrie.
Ce qui est particulièrement intéressant et révélateur des frustrations des décennies suivantes, c’est que même si l’école légitime la hiérarchie sociale, la somme des projets des jeunes ne coïncidait plus avec l’évolution plus lente de la structure de l’emploi, sans que la tension soit assez forte pour modifier en profondeur le monde du travail.