Catalogue des innovations citoyennes remarquables 2020 : 2. Environnement/Air/Eau/Biodiversité

Puissance des idées simples qui réenchantent le monde !

septembre 2020

Innovation Citoyenne et Développement Durable (ICDD)

A l’occasion du Salon Produrable 2020, dans un contexte difficile due à une pandémie particulièrement agressive, qui interpelle à la fois nos modes de vie, nos façons de produire et de commercer, ainsi que nos modes de gouvernance, l’association ICDD est heureuse de présenter une trentaine d’innovations ou d’initiatives citoyennes remarquables qu’elle soutient plus particulièrement actuellement

Concernant les questions climatiques, ou le nécessaire abandon à court ou moyen terme des énergies fossiles, on se disait fréquemment en haut lieu, qu’on saurait trouver une solution : A chaque fois qu’un problème majeur était posé, il semblait qu’on finissait toujours, jusqu’à présent, par y trouver une solution.

« Ne vous inquiétez pas : on s’occupe de vous et tout est sous contrôle : vous pouvez allez-venir et consommer à votre guise ». En fait, on a bien compris, en particulier avec l’arrivée de ce fâcheux et insaisissable Coronavirus qu’il n’en était rien : notre monde est bien fragile, et il faut peu de choses pour bloquer brutalement la frénésie des activités humaines et dérouter les Académies des Sciences, de la Médecine et des Technologies.

Les choses deviennent de plus en plus problématiques, plus complexes et plus difficiles à prévoir. Face à l’urgence, face aux drames qui arrivent et qui se succèdent de façon de plus en plus rapprochée, on s’aperçoit qu’il est urgent que tout le monde, en particulier tous les citoyens, soit « sur le pont » et s’ingénie à voir ce qu’il pourrait faire pour participer à la résolution des problèmes qui se posent collectivement à tous.

Les citoyens n’ont d’ailleurs pas attendu qu’on le leur demande: depuis longtemps ils ont conscience des enjeux, et ici ou là, imaginent des solutions qui sont particulièrement pertinentes :

  • Par leur originalité

  • Par leur simplicité

  • Par le retour à un bon sens que bien souvent l’on avait perdu

  • Par leur souci de l’économie de moyens

  • Par leur sens de la solidarité

  • Par leur redoutable efficacité

Le « problème » étant qu’« on ne leur a rien demandé » ! Leur solution a ainsi bien du mal à être entendue, encouragée, soutenue ; puis une fois au point, à être promue à la hauteur de leur potentiel d’impact, parfois considérable.

Le champ de l’innovation citoyenne n’a jamais été aussi vaste ; il concerne tous les aspects de la vie commune, toutes les dimensions de l’écosystème humain. Pour exercer notre veille, nous nous sommes concentrés sur les attentes prioritaires des citoyens dans un certain nombre de thématiques.

À télécharger : icdd_rpertoire_des_innovations_citoyennes_produrable_200720.pdf (5,2 Mio)

Quoi de plus important pour notre santé que la qualité de l’air que nous respirons ? Mais les activités industrielles, la plupart des moyens de transport et des systèmes de chauffage médiocres polluent l’air avec des répercussions importantes en particulier pour les populations des grandes villes ou des vallées confinées. Terraosave est en mesure de traiter à peu de frais la question des fumées industrielles.

En matière d’environnement, il est nécessaire que l’eau circule dans les marais, les rivières, les embouchures de fleuves…et que les étangs et lacs ne s’embourbent pas. C’est notamment essentiel pour les agriculteurs qui ont besoin de réserves d’eau pour pallier les périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes : le Robot Dévaseur apporte à ce problème une solution saluée lors de la conférence de paris au Salon du Bourget.

Autre problème : celui de l’eau saine. Pour l’humanité, c’est sans doute le problème le plus important des décennies à venir. Face à une population sans cesse plus nombreuse, comment avoir accès à une eau saine et suffisante pour les besoins de la vie quotidienne et la prévention des maladies, notamment chez les enfants ? SafeWaterCube apporte une solution étonnamment simple et puissante.

En matière de préservation de la biodiversité, il semble que la plupart des esprits sont maintenant acquis à cette question difficile. On trouvera dans ce catalogue une innovation remarquable (Biohut) et peu connue visant à préserver les poissons qui disparaissent de nos mers en aidant les alevins à grandir en toute sécurité le long de nos côtes.

Sur ces chacun de ces sujets majeurs d’environnement, voici donc quatre innovations citoyennes qui peuvent « changer la donne » et relever une part significative des défis auxquels nous sommes confrontés.

Assainissement des fumées industrielles

Sur le même principe du narguilé déjà utilisé pour Terraotherm (fiche 1.1), mais appliqué cette fois-ci aux fumées industrielles et pouvant s’adapter aux hautes températures, par le procédé Terraosave nous savons désormais :

Brassées par de l’eau, ces fumées (de 400 à plus de 1000°) se refroidissent ; l’eau chauffée absorbe en même temps les poussières et micropoussières en suspension, ainsi que les gaz nocifs. Cette technique a été validée à Dunkerque sur un incinérateur et les résultats ont été validés par l’organisme officiel Cofrac : 85 à 95% des produits polluants sont ainsi récupérés dans l’eau. Il est facile ensuite de filtrer l’eau polluée et de la rendre saine. Voir Fiche 2.1. et www.ademe.fr/terraosave.

Cette technologie mise au point par la société Starklab se diffuse maintenant en France et en Europe. Mais de nombreuses autres applications d’intérêt national sont possibles : il faut juste du temps et des moyens financiers, difficiles à obtenir…

Remarque : compte tenu de son coût réduit (car on récupère l’énergie des fumées et donc de la chaleur), cette technologie devrait être rendue obligatoire dans les régions industrielles particulièrement polluantes, comme à Fos-sur-Mer, ou dans la vallée de l’Arve…

Préserver les réserves d’eau dans les lacs et étangs, et la circulation de l’eau dans les rivières.

Pour résoudre ce problème la société E.S.T., spécialiste en intervention dans les fonds marins, a imaginé un « robot dévaseur ».

Après plusieurs améliorations du prototype, le robot est devenu opérationnel en 2019. Mis en place dans un étang dans la Creuse, il est prévu pour intervenir dans des campings, ou pour des communes. L’appareil est loué au mois.

Plutôt que de faire venir une drague qui une fois tous les dix ans va prélever la vase et la déposer un peu plus loin, le robot dévaseur procède par nettoyage en continu (dévasement léger mais permanent), et la vase, n’est plus déposée « ailleurs », mais est récupérée à fin de séchage et retour à la terre.

Le robot dévaseur en France. Fiche 2.2 et robotdevaseur.com/

Economiser l’eau nécessaire à l’agriculture.

L’eau est essentielle pour la croissance des plantes. Sauf en terre irriguée toute l’année, les hommes sont tributaires de la pluviosité, de plus en plus aléatoire.

Pour répondre à ce problème un biochimiste, installé dans le Gers, a mis au point un gel « bio », le Polyter : une fois mis en terre, il est capable d’absorber 300 fois son volume en eau ; il restitue cette eau au fur et à mesure des besoins de la plante. Mais ce produit, enrichi naturellement, a d’autres vertus : il accélère le développement du système racinaire et la croissance des plantes ; il régénère les plantes et est biodégradable (analyse certifiée).

Ce produit est aujourd’hui diffusé dans le monde entier. Parmi les clients de Polyter, des lauréats en produits « bio ». En dehors de l’agriculture ses applications sont multiples : contre la désertification, il aide de façon décisive à la création de « barrages verts » en Afrique; dans les villes, il facilite l’entretien des espaces verts et permet de réduire de 50 à 80% la consommation d’eau, etc… Fiche 2.3. et www.polyter.com/fr/

Une photo plutôt qu’un long discours, deux ans après la plantation : « avec polyter », une année après la mise en place de Polyter, et « sans Polyter »

L’accès universel à l’eau potable

La terre a besoin d’eau pour que les plantes poussent ; mais l’homme a besoin d’une eau saine pour s’hydrater et préserver sa santé. L’accès à une eau saine, « potable », est vital et pourtant problématique dans de très nombreuses régions. Le manque d’eau saine est une des causes majeures de la mortalité infantile dans les pays du Sud, c’est aussi une des causes de nombreuses maladies qui freinent considérablement le développement des régions concernées.

Le procédé de filtration très simple et sûr des eaux brutes par céramique poreuse est bien connu depuis près de 150 ans (brevet anglais). Il est largement utilisé dans les camps de réfugiés avec la bénédiction de l’OMS depuis des dizaines d’années.

Un militant humanitaire a décidé de promouvoir ce système dans les villages isolés des pays en développement en augmentant la puissance de traitement de l’eau (installation dans un caisson de 6 filtres qui fonctionnent en parallèle, de façon à produire 1000 litres d’eau saine par « fontaine de village » en une heure. La filtration est produite par une pression assurée par un système mécanique à main d’homme : aucune énergie autre que la force humaine n’est nécessaire. Cette fontaine est donc entièrement indépendante de toute autre source d’énergie. Il faut savoir que ce type de filtre céramique, bien entretenu, est capable de filtrer les particules les plus fines présentes dans l’eau, y compris bactéries et virus.

A noter que la mise en place de la fontaine d’eau potable dans le village fait l’objet à la fois d’une fête et d’un « contrat de village » précisant les droits et devoirs de chacun pour l’entretien de la fontaine, le nettoyage des filtres et l’accès de tous à l’eau, moyennant une contribution à coût marginal.

C’est alors un « point de départ » pour un renouveau de la vie et de l’activité du village (scolarité des enfants, relance d’une production agricole et artisanale locale, etc…Près de 400 villages concernés à ce jour dans différents pays (Asie, Afrique, Amérique latine…). Il reste à poursuivre et à accélérer ce développement aussi vite que possible sur les 5 continents, partout où l’eau saine manque cruellement.

La Fontaine SafeWaterCube permet un assainissement sécurisé de l’eau reconnu par l’OMS. Fiche 2.4. et www.safewatercube.com/

Suite aux premiers développements de SafeWaterCube à Madagascar, un nouveau projet est en cours de concrétisation avec les Partenaires Français de l’Eau, pour apporter une eau saine à une ville de 50 000 habitants, qui servira à terme de pôle de promotion de cette solution dans l’Ile de Madagascar.

En même temps, près de Nantes, un centre de formation vient d’être mis en place, opérationnel dès cet été, pour former des personnes aux problèmes et techniques d’assainissement de l’eau et des cultures maraîchères qui peuvent y être associées.

Repeupler la faune marine sur nos côtes.

Toutes les mers du monde vivent « la tragédie des Biens communs » : puisque les poissons sont à tout le monde, si ce n’est pas moi qui pêche le dernier poisson, ce sera un autre…sur ce raisonnement les mers se vident peu à peu de tous leurs poissons.

A cette « tragédie, s’en ajoute une autre : les rivages des mers sont de véritables nurseries pour de nombreuses espèces de poissons, de crustacés et de mollusques. Or, ces rivages sont de plus en plus bétonnés, rendant impossible le développement des alevins qui quittent la pleine mer pour venir s’y réfugier et s’y nourrir. Du coup, le cycle de vie de ces espèces est diminué et cela accélère leur extinction.

Pour répondre à ce problème, dont peu de gens sont conscients, des écologues spécialistes de la faune marine de la société Ecocean à Montpellier (créé en 2003), ont imaginé des nurseries artificielles pour redonner le gîte et le couvert à ces jeunes stades d’animaux marins.

Ces Biohut (pour hutte de biodiversité) sont installées dans les ports de plaisance du littoral français et international. Ecocean a déjà placé plus de 3500 de ces modules dans le monde. Biohut a déjà recensé près de 300 espèces d’animaux différents et permet de sauver des milliers d’alevins chaque année.

Une nurserie Biohut, en place dans une Marina : Les alevins sont ici protégés des prédateurs et peuvent se nourrir des algues qui poussent à l’intérieur de la « cage ».

Mise en place de Biohuts sur les côtes françaises. Fiche 2.5. et www.ecocean.fr/

Ecocean est également présent sur d’autres projets d’ingénierie écologique en milieu marin et en eau douce.

Références

Pour les fiches numérotées en référence dans le texte, voir le pdf joint (pdf/710 – icdd_rpertoire_des_innovations_citoyennes_produrable_200720.pdf)