Calgary - Un plan climat intégré et multiniveaux
Bilan de l’action climat des territoires
2018
Association Climate Chance (Climate Chance)
Depuis 2015, l’Association Climate Chance participe à la mobilisation dans la lutte contre le dérèglement climatique. Il s’agit de la seule association internationale se proposant de réunir à égalité l’ensemble des acteurs non-étatiques reconnus par l’ONU. Dans le but de renforcer leur action et crédibiliser les scénarios de stabilisation du climat, l’Association Climate Chance a lancé en 2018 un Observatoire mondial de l’action climat non-étatique, qui se donne comme objectif d’expliquer les évolutions des émissions de gaz à effet de serre, en croisant les politiques publiques nationales, avec les dynamiques sectorielles, les stratégies des acteurs privés, les politiques publiques locales, et les actions entreprises par les acteurs du territoire. Pour analyser la mise en cohérence des poli¬tiques publiques locales, Climat Chance propose un bilan des « mobilisations territoriales » à travers des exemples choisis de villes et de régions. Ici, la ville olympique de Calgary.
Malgré une baisse entre 2014-16, les émissions de la ville de Calgary sont 16,5 % supérieures à celles de 2005 et atteignent 18,5 MtCO2eq/an en 2017. La stratégie 2018-2022 de Calgary intégrant 23 programmes et près de 250 actions d’atténuation et d’adaptation, doit toutefois mener la ville vers la réduction de 20 % des émissions d’ici 2020. Elle est également liée au Climate Leadership Plan 2015 de la province d’Alberta, et au City Charter, un cadre législatif négocié entre les villes de Calgary et d’Edmonton et le gouvernement d’Alberta, qui impose la formulation d’un plan climat, mais leur donne également une plus grande flexibilité d’action.
LA PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ FACTEUR MAJEUR D’ÉMISSION
L’électricité représente 42 % des émissions de Calgary, loin devant le gaz naturel (24 %), le gasoil (20 %) et le diesel (13 %). Ceci est dû au fait que 47 % de l’électricité d’Alberta est générée à partir de charbon, 40 % du gaz naturel et seulement 13 % d’énergies renouvelables. La province prévoit néanmoins dans son plan l’arrêt des centrales à charbon d’ici 2030 et devrait grandement contribuer aux efforts d’atténuation de Calgary. Cette dernière a su par ailleurs profiter des atouts climatiques de sa région, en alimentant intégralement ses propres bâtiments grâce aux renouvelables. L’énergie éolienne bénéficie du tarif régional le plus bas de tout le Canada avec 3,7 cents/kWh en 2018, et quant à l’énergie solaire, Calgary est la seconde ville la plus ensoleillée du pays (CED 2018). Compte tenu du mix énergétique de Calgary, l’efficacité énergétique des bâtiments qui comptent pour 65 % des émissions est donc à double titre un levier important pour sa stratégie d’atténuation : les surfaces de +500 m2 doivent respecter les exigences du système national de ratification LEED du Canadian Green Buidling Council. Pour le reste la ville a formulé ses propres bonnes pratiques.
UN REPORT MODAL QUI S’ESSOUFFLE
Calgary fut la première ville du sous-continent à instaurer un métro léger (Light Rail Transit LRT) fonctionnant entièrement à l’énergie éolienne et économisant ainsi 56 000 tonnes de CO2 par an selon l’entreprise publique Calgary Transit. La ville détient également le record au Canada de la ville avec le plus d’infrastructures de transport rapide disponibles par habitant avec 53 km/million d’habitants (Pembina 2014) et un temps de congestion parmi les plus bas du Canada derrière Edmonton (Tom Tom index). Cependant, un recensement annuel des modes de transport utilisés pour accéder au quartier d’affaire le matin lors des heures de pointe montre que leur répartition reste relativement stable depuis 10 ans, avec un peu moins de 50 % des habitants utilisant le métro et les bus publics, entre 40 et 45 % utilisant la voiture, et le reste faisant usage du vélo ou de la marche (Calgary 2018). Le nombre de trajets annuels en métro et bus par ailleurs diminue, de 109 millions en 2015 l’entreprise en dénombre 102 millions en 2017 (CalgaryHerald).Elle cherche à inverser cette tendance à la baisse du report modal avec l’ouverture d’une troisième ligne de métro en 2026, de voies prioritaires pour les bus, et un développement de la ville adapté aux lignes existantes (« transit oriented development »).
La stratégie 2018 de Calgary mise par ailleurs sur l’efficacité énergétique du transport routier pour réduire ses émissions, et notamment sur le développement des véhicule électriques et la création d’un réseau de bornes de recharge dans le sud de la province en 70 bornes actuellement en place dans la ville. Enfin Calgary Transit semble déterminée à moderniser son réseau de bus, encouragée notamment par la taxe carbone mise en place par la province d’Alberta atteignant 30 CAD/tonne en 2018, qui pourrait lui coûter plus de 2 millions de CAD (RouteAhead Update).