Popular housing facing urban renewal
Suzanne ROSENBERG, 2008
La mixité sociale, une devise consensuelle ?
Si, au cours des périodes précédentes, la gentrification des centres-villes s’appuyait déjà sur le déplacement des populations les plus pauvres, celles-ci n’étaient pas niées pour autant. Avec le renouvellement urbain, une nouvelle injonction fait florès : la mixité sociale. Elle légitime la démolition ou la transformation non seulement d’un bâti ancien, qui ne serait pas « aux normes », mais également des quartiers d’habitat social dans lesquels ont été déplacées les populations pauvres, suite à des opérations antérieures de transformation de la ville.
Il n’est plus besoin de démontrer le rapport coût/avantages de la décision prise quant à des programmes de démolitions-reconstructions : l’objectif visé est un ordre moral, faussement consensuel. Il a pour nom la mixité sociale, et il est basé sur « la nécessaire diversité de la composition sociale de chaque quartier ».
Lorsque de nouvelles couches sociales viennent habiter un quartier populaire, on assiste soit à une disparition des sociabilités collectives, au profit de réseaux interpersonnels, jusqu’à un véritable isolement social, soit à un renforcement de l’altérité qui accentue les distances entre les individus et aggrave les tensions.
La mixité sociale devient alors un formidable outil de déplacement des populations les plus dominées : travailleurs pauvres, chômeurs, jeunes sans qualification, groupes ethniques victimes de discrimination, femmes seules avec enfants… sont désignés comme illégitimes à se regrouper dans l’espace urbain. S’ils sont acceptés, c’est en tant qu’individus isolés que la société se doit de prendre en charge. Ils ont donc à être mélangés, au contact d’autres populations qui contribueront éventuellement à leur promotion sociale. Ils doivent devenir invisibles, d’une part comme « classes dangereuses », d’autre part, comme échec d’un développement égalitaire. Si la notion de mixité sociale a autant de succès, c’est que l’invisibilité des plus démunis qu’elle poursuit ne peut que recueillir l’adhésion aussi bien des pouvoirs publics – les pauvres coûtent cher et ont mauvaise presse – que celle des bailleurs – l’image donnée par une fraction du parc retentit sur tout le patrimoine – et des propriétaires voisins – la dégradation de l’environnement, réelle ou perçue, se répercute sur la valeur du bien.
Les quatre articles qui suivent l’attestent bien, le renouvellement urbain en cours dans les métropoles européennes délégitiment, parcellisent, voire vaporisent les couches populaires habitant les quartiers qui doivent être reconquis pour gagner la course à la métropolisation. Du moment qu’elles quittent les lieux, le reste importe peu.
Sources
Ce sous-dossier a été initialement publié en tant que chapitre du n°1 de la Collection Passerelle. Vous pouvez retrouver le PDF du numéro Europe : pas sans toit ! Le logement en question
An analysis
9 case studies
- Requalification de l’Habitat avec la participation des locataires : l’expérience de Tassin La Demi-Lune (Lyon)
- Pour l’insertion par le logement : être des opérateurs locaux à l’interface entre les collectivités locales et les habitants
- Mutuelle d’auto-réhabilitation
- Trop de logements sociaux à Elephant and Castle ?
- A qui profitent les opérations de rénovation urbaine à Barcelone ?
- Territorial Restoration Cooperative : developing collective entrepreneurship among residents from priority neighbourhoods in response to socio-economic issues.
- MARGE, a tri-national project for and with professionals - in working-class neighbourhoods
- Urban renewal in the popular districts of Istanbul
- Soft Urban Renewal in the Rehabilitation Areas in Berlin - Prenzlauer Berg