Une diffusion massive du savoir grâce à de nouvelles plateformes internautiques : le cas de Xi’an
Jean DANIELOU, 2014
Problématique : Comment assurer un meilleur partage des connaissances ? Comment faciliter l’accès au savoir pour les zones sans université ? La ville de Xi’an en Chine a développé une solution d’e-learning supportée par une structure de cloud computing appelée « BlueSky Cloud Framework ».
En matière de ville intelligente, la ville de Xi’an propose une action directement centrée sur l’accès à la connaissance via une politique d’innovation dans les technologies de l’éducation. Le projet « Blue Sky Cloud Framework » repose sur le cloud computing. Par ce terme, il faut comprendre la possibilité d’accéder, grâce à une interface numérique, à un ensemble de ressources informatiques partagées et localisées dans le cloud qui désigne différents modes techniques de stockage et de gestion des données1. En usant de l’équilibrage des charges et de la mise en cache des données permis par la technologie du cloud, la plateforme Blue Sky est en mesure de fournir un nombre massif d’informations et de services éducatifs disponibles pour les usagers se connectant au cloud.
La mise en place de ce dispositif éducatif est le fruit d’un partenariat entre l’université Jiaotong de Xi’an et de l’industriel IBM. Dans un premier temps, à partir de 2001, l’université Jiatong faisait partie d’une des 15 universités expérimentant les techniques d’e-learning. Le développement de l’e-learning fait partie d’une stratégie nationale qui vise à réformer le système éducatif en élargissant la base d’élèves susceptibles d’avoir accès aux cours dispensés par un professeur (la plateforme Blue Sky a aussi été testée à Mianyang, à Urumqi, à Beijing et à Chengdu en plus de Xi’an). La virtualisation de l’enseignement permet la création de communautés d’élèves dépassant les frontières de l’université physique. La communauté virtuelle élargit la première communauté d’élèves capable de se rendre physiquement à l’université.
Le dispositif d’e-learning dépend donc intimement d’un contenu fournit par l’université et d’une structure technique qui relie différents points du territoire autour d’un espace virtuel qui est celui du partage de connaissances.
L’université de Jiaotong dénombre 80 points d’enseignement à distance et environ 8 000 élèves suivant ces cours à distance. Cette initiative a remporté en 2006 le China National Science and Technology Progress Award, marquant le succès de la plateforme d’e-learning comme solution intelligente facilitant l’accès à la connaissance et à l’éducation.
D’un point de vue spatial, la volonté d’élargir la communauté des étudiants et de faciliter l’accès à la connaissance revêt une autre dimension et se solde par un élargissement des frontières physiques de la ville. Une des aménités que celle-ci offre ordinairement de manière limitée spatialement (un enseignement de qualité limité aux murs de l’université) est diffusée hors de ses murs. Les 80 relais d’enseignement à distance font sortir la ville de ses frontières physiques et étendent son emprise virtuelle.
Comme le signale le professeur Zheng Qinghua de l’université de Jiatong, le développement de la plateforme Blue Sky est un moyen de contrebalancer les disparités territoriales entre les villes développées de l’est de la Chine et les régions rurales de l’ouest. Le but est donc de partager les ressources produites à l’est et de les répandre dans des zones qui, autrement, n’y auraient pas accès. L’accès de la connaissance à tous permet donc de rétablir un équilibre territorial entre des zones en déshérence et des zones dynamiques. L’e-learning apparaît donc à la fois comme une expansion des ressources développées par la ville intelligente et comme un moyen d’atténuer les disparités territoriales entre les zones bénéficiant d’infrastructures coûteuses et celles qui en sont dépourvues.
L’initiative initiée par la ville de Xi’an se veut duplicable, et le système Blue Sky, s’il répond fort bien au cas particulier chinois, semble pouvoir être développé dans d’autres pays. Des démonstrateurs ont été placés en Inde, indiquant ainsi la possibilité d’étendre ce système vers d’autres espaces urbains.
1 Il s’agit de la définition donnée par le National Institute of Standards and Technology (NIST)