Villes et développement durable

Jean-Pierre PIÉCHAUD, 2008

Association 4D Dossiers et Débats pour le Développement Durable

Les approches listées dans cette fiche autour de différentes entrées thématiques reflètent la démarche des collectivités territoriales engagées dans un agenda 21 local.

Dans quelques années, dans le monde, les habitants des villes seront plus nombreux que les ruraux. Ils représentaient 10% de la population en 1900. Le mouvement migratoire vers les villes a touché et touche tous les pays, aujourd’hui plus particulièrement les pays du Sud. En 100 ans, la population urbaine a été multipliée par 20.

L’urbanisation a d’abord touché, dès le XVIIIe siècle, les villes des pays occidentaux. Le commerce et le développement de l’industrie en ont été les causes.

Plus récemment les pays du Sud ont, à leur tour, connu et connaissent encore aujourd’hui, une croissance urbaine extrêmement rapide, en grande partie nourrie par l’exode rural.

Le taux annuel de la croissance urbaine dans le monde est de l’ordre de 3% contre 1,6% pour la croissance démographique générale.

Au XIXe siècle, il n’y avait que deux métropoles de plus de 10 millions d’habitants. Il y en a plus d’une vingtaine aujourd’hui. Il y a aussi un phénomène nouveau avec l’apparition de villes gigantesques : Tokyo, 27 millions d’habitants ; Mexico, 20 millions ; São Polo (Brésil), 20 millions…

Ces quelques données montrent que le rôle des zones urbaines sera de plus en plus important dans les décennies à venir. Compte tenu du fait que certains aspects négatifs de ce mouvement d’urbanisation extrêmement rapide risquent de compromettre les équilibres économiques, écologiques et sociaux, le développement durable apparaît comme le « fil d’Ariane » d’une nouvelle conduite des politiques urbaines.

La ville, lieu d’activité mais aussi lieu des bouleversements économiques

Les villes, en particulier les plus grandes, se trouvent au cœur de l’internationalisation de l’économie et sa concentration. Elles constituent à la fois des lieux d’urbanité, des foyers privilégiés d’échanges, de rencontres, de culture, de brassage d’idées et de personnes, mais en même temps, elles subissent de plein fouet les bouleversements économiques que traverse notre époque.

La ville, lieu de dysfonctionnements sociaux

Malgré leur rôle positif dans le domaine économique et social, c’est surtout dans les villes que se développent la pauvreté, les inégalités, l’exclusion. Le tissu urbain se fragmente ; certains quartiers accumulent les handicaps et se marginalisent.

Ville et risques écologiques

La croissance urbaine provoque des tensions au sein de l’espace urbain, qui ont des conséquences importantes sur l’environnement : atteintes aux milieux naturels, consommation exagérée d’espace, consommation d’énergie, production de gaz à effet de serre, pollution de l’air liée aux transports, déchets, bruit, pollutions des sols et du sous-sol. Ces nuisances concernent tout particulièrement les quartiers populaires. Il est donc nécessaire de les évaluer et de prendre des mesures de protection et de correction.

Agenda 21 local : une action politique cohérente

Face à ces constats, des collectivités territoriales de plus en plus nombreuses s’engagent dans une démarche de développement territorial : un agenda 21 local, comme cela a été proposé lors de la conférence des Nations Unies à Rio, en 1992.

Même si les problèmes des villes des pays en développement – notamment dans les grandes métropoles du Sud – diffèrent de ceux des pays industrialisés, sur le fond, en gravité et en termes de moyens, toutes les régions urbaines sont concernées et le concept de développement durable apparaît pour les unes et pour les autres comme la clé d’un nouveau mode de gouvernance.

Les villes françaises

L’idée que le développement durable peut être le moyen d’organiser la cohérence de l’action publique, fait son chemin. En France, il faut souligner que la démarche de l’agenda 21 local peut s’appuyer sur des savoir-faire et des expériences de planification urbaine conduites au cours des dernières décennies sur différents registres :

Un retard de la France ?

Il faut faire le constat que la France, dans ce domaine, est restée pendant longtemps en retrait par rapport à de nombreux pays, notamment les pays d’Europe du Nord.

Mais, d’une part, il faut remarquer que les agendas 21 locaux de ces pays ont surtout mis l’accent sur le volet environnemental du développement durable au détriment de l’économique et du social.

Et que, d’autre part, on constate qu’une réelle prise de conscience se développe depuis quelques années dans l’hexagone. La stratégie nationale de développement durable avait retenu l’objectif d’une première tranche de 500 agendas 21 locaux. L’Observatoire national des agendas 21 locaux et des pratiques territoriales de développement durable, tenu à jour par 4D, recense aujourd’hui environ de 200 démarches en cours, dont une part importante concerne les zones urbaines.

Références

Jean-Pierre PIÉCHAUD est urbaniste. Il a successivement travaillé dans l’aménagement et la planification urbaine, le logement, l’environnement urbain, la politique de la ville et du développement social urbain, avant de se consacrer à l’approche territoriale du développement durable. Il est vice-président de l’association 4D et cofondateur de l’Atelier Local d’Urbanisme du 3e arrondissement de Paris (ALU3).

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