Le numérique au coeur des transitions écologiques
septembre 2024
Le projet France Nation Verte piloté par le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) nourrit de grandes ambitions pour mettre le numérique et les données au service de l’écologie. « Le numérique éthique, humaniste, citoyen et souverain, est indispensable pour mettre en œuvre collectivement une transition écologique efficace et juste. » En effet, il n’y pas de planification écologique possible sans des données fiables et partagées. Une consultation a été lancée de janvier à mai 2024 et un important travail de recensement d’actions et de structuration des données a été engagé pour co-construire une feuille de route « France Nation Verte - Numérique et Données ».

Les données en partage, comme bien commun : l’exemple de la carte Adonis
Pour produire la carte Adonis des pesticides, Solagro a consacré des mois de travail pour compiler des données statistiques issues de sources diverses et les rendre accessibles sous forme de cartographie. L’association a ainsi pu donner accès aux collectivités territoriales et aux chercheurs à des informations fiables sur l’usage des pesticides sur les surfaces agricoles des communes de France et des départements et régions d’outre-mer. Cette carte a été vue plus de 500 000 fois. Plus de 250 organismes de recherche ont téléchargé les données compilées sur la carte pour croiser l’utilisation des pesticides sur les surfaces agricoles et l’objet de leurs recherches : santé, biodiversité… L’intérêt n’est plus à démontrer. Pour Solagro, comme pour de nombreuses autres structures d’ingénierie, de recherche et de prospective, cette feuille de route est essentielle, avec un objectif double : la structuration et l’harmonisation de l’ensemble des données mises à disposition par l’État et l’assurance d’un accès équitable à l’information pour l’ensemble des acteurs des transitions.
Des propositions pour faire bouger les lignes
L’équipe DATA de Solagro – experte en constitution et analyse de bases de données - a participé à l’appel à consultation et formulé 35 propositions complémentaires aux 250 initiales, pour une feuille de route « Numérique et Données » à la hauteur des ambitions avec notamment :
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L’interopérabilité des données en France et en Europe (sur la vente des produits phytosanitaires (BNVD) par exemple).
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La traçabilité des sources, en encadrant les pratiques de diffusion de l’information, avec plus de transparence sur les éditeurs de données, et plus de visibilité sur les métadonnées.
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La mise en place de garde-fous, notamment sur la gestion des données émergentes (intégrant des réflexions sur l’intelligence artificielle ou l’analyse d’images satellites).
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La consolidation des données par des missions d’observation des pratiques sur le terrain en vue d’adapter les politiques publiques.
Parmi les besoins identifiés en matière agricole, Solagro propose également de :
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Cataloguer l’ensemble des données statistiques agricoles, aujourd’hui éparpillées sur différentes plateformes et difficiles à identifier pour les ONG, associations et entreprises.
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Caractériser finement les pratiques agricoles (gestion des effluents, temps passé en bâtiment pour les animaux, pratiques de fertilisation, mise en place ou non de couverts végétaux…) pour une information homogène sur le territoire, en élargissant l’échantillon et en allégeant les contraintes liées au secret statistique.
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Distinguer systématiquement les pratiques de l’Agriculture Biologique de celles conventionnelles, pour toutes les données statistiques agricoles publiées (rendements…) pour comprendre les différences de façon caractérisée et objectivée et pouvoir proposer de nouveaux indicateurs.
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Cartographier l’ammoniac (NH3) dans l’air, pour pouvoir en calculer les émissions et les relier aux observatoires de la qualité de l’air.
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Affiner le formatage des données pour les rendre exploitables (par exemple distinguer l’origine des déchets sur la plateforme « Ma Cantine », pour proposer une analyse des taux de restes de repas entre les établissements (scolaire, hospitalier…).)
Le directeur de Solagro, Christian Couturier, salue cette initiative : « Pour les acteurs de terrain, pouvoir accéder rapidement et facilement aux données est essentiel pour pouvoir établir des diagnostics et des plans d’action qui soient à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui et qui permettent d’en saisir toute la complexité. Sur de nombreux sujets, on dispose parfois d’informations lacunaires, contradictoires, obsolètes, inaccessibles ou partielles. La feuille de route est à saluer, y compris dans son intention exprimée par son manifeste et sa gouvernance : mettre le numérique au service d’une écologie juste et radicale, à sa juste place, combinant le régalien et l’implication de la société civile. »