« La nature dans les quartiers prioritaires » : paroles de participants

January 2024

Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT)

En septembre 2022, la Fabrique prospective « La nature dans les quartiers prioritaires : quels leviers pour la transition écologique, l’emploi, le lien social et la cohésion territoriale ? », propose d’identifier et d’analyser dans quelle mesure le développement de la nature dans les quartiers prioritaires de la ville peut apporter des réponses innovantes aux enjeux de ces quartiers. Le rapport 2024 donne la parole aux participants en offrant une diversité pertinente des points de vue.

To download : fp_qpv_nature_complet_29_janvier_0.pdf (11 MiB)

Nizar Baraket, directeur adjoint « vie des quartiers, égalité, citoyenneté », Ville d’Echirolles (38)

La Fabrique Prospective nous a permis d’irriguer la déclinaison opérationnelle des priorités du futur contrat de ville autour de la transition solidaire (en liant agriculture urbaine et alimentaire), de l’emploi (en poussant par exemple les chantiers école à s’orienter vers les métiers des espaces verts) et de l’occupation positive de l’espace (avec par exemple le verger participatif). La démarche nous a également permis de structurer des projets qui sont fédérateurs pour les acteurs, au-delà des préoccupations premières de chacun et de créer du liant entre eux.

Isabelle Martin, adjointe au maire en charge des mobilités, Sandrine Loembe, adjointe au maire en charge de l’environnement, et Carmen Murano, directrice de la politique de la ville et de la cohésion sociale, Ville de Vernouillet (78)

Nous remercions l’ANCT d’avoir proposé à Vernouillet, commune de 10 000 habitants dans les Yvelines, de participer à la Fabrique Prospective sur la nature dans le quartier prioritaire de la cité du Parc. Ce fut l’occasion de mobiliser plus de 40 partenaires et habitants sur ce sujet qui tient à cœur à l’équipe municipale. Cette Fabrique a permis de belles rencontres avec les équipes d’Ellyx et d’Oxalis qui ont été dynamiques, bienveillantes, expertes en la matière. Des réflexions, des possibilités, des projections ont pu être partagées tout au long de l’année écoulée. Le programme de rénovation urbaine en cours sur le quartier pourra intégrer une partie de ces pistes de travail pour une meilleure qualité de vie des habitants et une meilleure prise en compte des questions environnementales dans le futur aménagement. Il a été particulièrement intéressant de se poser toutes ces questions collectivement : services municipaux, élus, services de l’Etat et des collectivités territoriales, associations et habitants.

Valérie Têtu, chargée de mission Economie sociale et solidaire, communauté d’agglomération du Pays de Grasse (06)

La Fabrique Prospective nous a permis d’éprouver notre capacité à travailler en transversalité entre les services de la ville et de l’agglomération, dans une dynamique collective en lien avec les dispositifs présents sur le territoire : NPNRU, Action cœur de ville, projet alimentaire territorial, contrat de ville et plan local de développement de l’économie sociale et solidaire. Par des questionnements qui nous ont amenés à faire un pas de côté, la Fabrique Prospective nous a permis de poser un autre regard sur les problématiques liées à la nature en centre-ville. La démarche nous a donné du temps pour apprendre à mieux nous (re) connaitre, gagner en confiance sur notre capacité à faire ensemble. La Fabrique Prospective nous a ainsi permis de partager un plan d’actions à court, moyen et long terme qui n’est pas resté un vœu pieux puisque certaines actions sont d’ores et déjà en cours de réalisation : la découverte d’espaces verts à investir dans un environnement qualifié de totalement minéral, la création d’un jardin citoyen en plein QPV, le verdissement de la ville avec des projets de végétalisation de jardinières par les habitants et les commerçants en partenariat étroit avec les services notamment « espaces verts de la ville » et du patrimoine.

Colombe Mille, chargée de mission transition écologique, Agence nationale pour la rénovation urbaine

Le renouvellement urbain permet de repenser la place de la nature dans la ville, en ce qu’elle est à la fois facteur de bien-être et de cohésion sociale pour les habitants, et levier d’adaptation au changement climatique. A travers ses programmes, et notamment l’appel à projets « Quartier Fertiles », l’ANRU soutient des projets d’agriculture urbaine permettant de valoriser la place du vivant dans les QPV. La Fabrique Prospective a apporté de nouveaux éclairages aux réflexions menées par l’ANRU autour de la place de la nature et de la biodiversité dans les projets de renouvellement urbain : le retour d’expérience des territoires a apporté un éclairage sur les freins (problématiques de gestion des espaces de nature, perceptions négatives autour de la nature en ville) et les leviers (co bénéfices des espaces de nature sur les mobilités, le cadre de vie) à l’implémentation de projets favorisant la nature dans les QPV. Les échanges avec les partenaires de la Fabrique ont permis de dresser un état des lieux des dispositifs mobilisables par les collectivités, pour les soutenir dans des projets permettant d’améliorer la prise en compte de la biodiversité. Les échanges de la Fabrique Prospective s’inscrivent pour l’ANRU dans la continuité de la démarche Quartiers Résilients, qui cherche à réinterroger les projets de renouvellement urbain à l’aune de leur résilience face aux conséquences du changement climatique. Repenser la place du vivant dans les QPV permet ainsi d’améliorer le cadre de vie des habitants et la capacité d’adaptation des territoires.

Florence Brun, chargée de projet Appui aux acteurs et mobilisation des territoires, Thibault Faraüs, chargé de mission Développement et valorisation du programme « Atlas de la Biodiversité Communale » et Isabelle Vial, responsable prospective et évaluation de l’action publique, Office français de la biodiversité

Alors que les défis environnementaux, en particulier l’érosion de la biodiversité, s’amplifient toujours plus intensément, ces bouleversements affectent de manière inégale les populations sur le territoire national, exposant particulièrement les QPV. Démontrant l’intérêt de favoriser la nature en ville dans une logique transversale, la Fabrique Prospective a choisi d’aborder la nature comme opportunité pour les quartiers prioritaires et leurs habitants non seulement pour la transition écologique mais aussi pour l’emploi ou la cohésion sociale. Accès aux espaces naturels, éducation à l’environnement, eau, mobilités douces, gestion de la voirie et des espaces verts, mobilisation citoyenne, agriculture urbaine… cette Fabrique Prospective, par son approche pluridisciplinaire, a permis d’aborder une multiplicité de thèmes et de faire dialoguer utilement une diversité d’acteurs engagés dans les politiques de la ville et de préservation de la nature afin de décloisonner ces thématiques. Ce travail a fait émerger des projets locaux à l’intersection de ces enjeux dans les quatre territoires accompagnés. Nous espérons que les résultats de cette Fabrique essaimeront sur tout le territoire et seront un premier pas pour installer la nature en ville comme une thématique-clé dans les quartiers prioritaires !

Cécile Vo Van, directrice de projets Nature en ville et solutions fondées sur la nature, direction Territoires et ville, Cerema

Avec les solutions d’adaptation nécessitées par le changement climatique, la nature en ville s’est désormais forgée une place dans les politiques urbaines d’aménagement, intégrant les discours politiques et se concrétisant par des financements spécifiques. Cependant, les espaces privés ou publics, dédiés à la nature et à leurs habitants, sont souvent inégalement répartis au sein même de la ville, et leur qualité écologique, variable. La Fabrique Prospective La nature dans les QPV & a véritablement constitué une première occasion de rentrer dans l’expérimentation et la mise en place de mesures sur la nature en ville au sein des QPV de quatre territoires très contrastés. A mon sens, cette Fabrique Prospective s’est donc attaquée à un angle mort des politiques de nature en ville, ce qui était très enthousiasmant. La méthodologie a allié rigueur et liberté. Elle a offert le temps et l’espace de parole pour transformer la complexité du sujet et la diversité des regards en un espace d’innovation collective. Les participants issus de réseaux nationaux ont pu appuyer les réflexions qu’ont menées les territoires, et qui leur ont permis de mettre en place des actions opérationnelles sur le champ de la nature en ville. Le partage de quatre expériences contrastées permet aussi de tirer des enseignements utiles au niveau national, et en tant qu’organisme accompagnant les collectivités, cela ouvre des voies pour contribuer à des propositions novatrices sur ces terrains. Nous avons hâte de suivre l’avancée des projets imaginés.

Marianne Vebr, chargée de mission Label écoquartier, DGALN, ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

La place de la nature en ville est un enjeu crucial de l’aménagement durable pour répondre à l’adaptation au changement climatique, la reconquête de la biodiversité, l’amélioration de la gestion de l’eau, la dépollution de l’air mais aussi à l’amélioration de la qualité du cadre de vie, la création d’espaces de convivialité, incitant aux pratiques sportives et favorables à la bonne santé mentale et physique. Parmi les espaces urbanisés, les QPV présentent une plus forte vulnérabilité sociale et climatique. Ils sont particulièrement impactés par les dérèglements climatiques, tels que les pics de chaleur, la sécheresse, les inondations, du fait d’une bétonisation souvent plus marquée. Lors de l’épisode caniculaire de l’été 2022, 62 % des habitants de ces quartiers ont rencontré des difficultés à trouver un îlot de fraîcheur, soit 14 points de plus que la moyenne des Français. La Fabrique Prospective a permis de définir les enjeux essentiels de la place de la nature dans les QPV, en rassemblant un panel d’acteurs pertinents, qui a collectivement identifié les freins et leviers dans la conception des projets pour accélérer la transition écologique dans ces quartiers. Du diagnostic à la mise en action, la Fabrique Prospective a tissé un fil conducteur, à travers les séminaires locaux et intersites, pour aborder tous les aspects (financiers, sociaux, paysagers, aménagements, etc.) et élaborer un scénario concret pour les collectivités, dans une ambiance constructive et bienveillante.

Nadège Lecouturier, responsable du programme « Plus de nature dans mon quartier », Ligue pour la protection des oiseaux

La Fabrique Prospective a permis une mise en commun à la fois de nos constats sur le terrain et de pistes de solutions pour impliquer les acteurs locaux et les citoyens. L’appui des cabinets Ellyx et Oxalis a été un plus, en rendant efficace et structuré le partage de connaissances et la capitalisation des retours d’expérience. La Fabrique Prospective a également été pour la LPO une véritable boîte à outils sur la connaissance des différents dispositifs de financement et d’accompagnement dans le domaine du social et de la politique de la ville. Au final, la création d’une dynamique « Nature et QPV » a émergé de la Fabrique Prospective, et nous espérons qu’il continuera de vivre.

Sources

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