La Finlande et le système éducatif d’une société à part
avril 2023
La Finlande fait souvent référence dans les débats sur l’éducation et les études internationales, notamment le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), évaluation créée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui vise à tester les compétences des élèves de 15 ans en lecture, science et mathématique.
Mais arrive-t-on à travers ces études à vraiment identifier les facteurs de différenciation et comprendre les dynamiques qui contribuent à ces succès internationaux ?
Bien au-delà de l’éducation et dans de nombreux domaines, la Finlande fait figure de pion libre, déterminée à agir et à modifier certaines dispositions quand c’est nécessaire, et avec un suivi continu de ce qui se fait ailleurs. Les bonnes pratiques sont reprises sans hésitation.
L’histoire de la Finlande a forgée une forte identité entre deux voisins puissants : à l’ouest la Suède dont la Finlande fait partie de 1323 à 1809 ; à l’est comme grand-duché de la Russie tsariste, de 1809 à l’indépendance en 1917. Pendant deux périodes de russification la devise finlandaise devient « suédois nous ne sommes pas, russes nous n’allons pas le devenir, soyons donc finlandais ».
Depuis l’identité nationale est affirmée et revendiquée dans des contextes très différents et le style finlandais dénote par exemple dans l’architecture et le design. C’est un grand pays en superficie (338 145 km²) avec une population de 5,7 millions d’habitant, seulement.
Le système éducatif est devenu un pilier dans la constitution et le développement d’une société inclusive et forte ; un Master ou équivalent est demandé aux enseignants qui représentent une profession très respectée. La journée scolaire est plus courte qu’en France, et laisse du temps pour des loisirs, des amis et la famille.
Parmi les différences majeures :
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l’enfant finlandais joue plus longtemps que ses pairs. L’école, la vraie, ne commence qu’à l’âge de 7 ans. Les activités préscolaires consistent à sortir beaucoup, et à jouer. En jouant l’enfant apprend à gagner et à perdre, à constituer une équipe, à suivre des règles, à composer avec l’adversité et le hasard, l’union faisant la force. Toutes ses qualités préparent à l’apprentissage, à des travaux de groupe et à une meilleure concentration ;
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la langue maternelle est valorisée quelle qu’elle soit. 92% de la population parle soit finnois (86,9%) soit suédois (5,2%) – les deux langues officielles – ou le sami (le lapon), environ 2 000 personnes, comme langue maternelle ;
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les enfants dont la langue maternelle est une autre langue, étudieront le finnois ou le suédois comme seconde langue. En outre, il peut étudier sa propre langue maternelle si la commune propose l’enseignement de cette langue. Depuis les années 80, l’immigration, notamment de Somalie, nécessite plus de moyens et de professeurs spécialisés pour ne pas renoncer au principe d’apprendre la langue maternelle ainsi que des notions de la religion de l’enfant ou de l’éthique.
Plus récemment, avec une réforme datant de 2021, la Finlande a prolongé la durée de l’enseignement obligatoire de 16 ans à 18 ans, où jusqu’à ce que l’élève a acquis soit le baccalauréat, soit une formation professionnelle lui facilitant l’accès au marché du travail.
Aux élections législatives du 2 avril 2023, le parti conservateur (Kokoomus) est arrivé en tête avec une campagne accès sur la nécessité de réduire les dépenses publiques. Le parti eurosceptique et populiste, les « Vrais finlandais », est arrivé en seconde position, devant le parti social-démocrate, pilier de la majorité de gauche sortante.
Il sera donc dans les prochaines semaines particulièrement intéressant de suivre la composition de la nouvelle coalition gouvernementale et ses priorités en matière d’éducation.