Fiche de lecture : Former, se former, ça change les horizons
Former qui ? A quelles fins ?
Francine Depras, février 2023
Le terme de formation est largement appliqué aux acquisitions, actualisations de connaissances des adultes.
Les logiques de formation professionnelle des enseignants se distinguent-elles des logiques de formation professionnelles d’autres métiers ?
Autant un enfant ne peut apprendre que s’il S‘apprend lui-même, autant un adulte ne peut être formé (…) que s’il SE forme lui-même, ou plutôt se transforme en se construisant des pouvoirs mentaux et comportementaux nouveaux. Odette Bassis1
Dialogue n° 187, « Former, se former, ça change les horizons » s’inscrit dans la lignée des numéros portant sur la formation. Cette constance révèle que la formation occupe une place centrale au GFEN et qu’elle lui est même constitutive.
Ce numéro donne à voir différents formats de formation : une variété de situations, de formes, d’engagements.
Des articles rendent particulièrement compte de la volonté de maintenir, dans toutes situations, les exigences. Sans négliger le point de vue des formés car l’Éducation Nouvelle les considère comme acteurs de leur formation.
Ce Dialogue 187 apporte aussi un éclairage particulier à la relation étroite entre formation et recherche. Il montre que, si la formation est intrinsèque au GFEN, la recherche, elle, est consubstantielle à la formation.
Comment les enseignants abordent leur formation professionnelle ?
Selon Jacques BERNARDIN, président du Groupe Formation Éducation Nouvelle (GFEN) former, c’est mettre en recherche, cependant la recherche en éducation s’est parfois éloignée de la recherche pédagogique qui en fut à l’origine.
La pluralité des dimensions de l’éducation appelle des recherches « multi référentielles » : philosophie (finalités), histoire (de l’institution, des théories éducatives), sociologie (comprendre les ressorts de la ségrégation scolaire), psychologie (du développement, des apprentissages ; psychologie sociale), didactique (appréhender l’épistémologie des objets d’apprentissage, les problèmes liés à leur transmission). Il faudrait y ajouter la sociologie des organisations (pour penser l’établissement formateur) et l’ergonomie du travail (pour éclairer les pans cachés du travail réel derrière le prescrit, telle la plate-forme Néopass de l’Ifé).
La pédagogie est au centre de la pratique enseignante, elle n’est pas soluble dans les sciences de l’éducation, selon Philippe Meirieu, c’est dans la pratique de l’enseignement que s’exerce la compétence pédagogique et dans l’analyse des pratiques entre pairs que se forme le savoir pédagogique et que sont évaluées les « innovations pédagogiques ».
Pour le pédagogue, les innovations pédagogiques ne sont pas une fin en soi, elles sont guidées par le refus de l’échec scolaire, par la volonté de lutter contre les inégalités sociales entre élèves. La pédagogie est un savoir et la condition indispensable pour faire évoluer les pratiques professionnelles des enseignants. La pédagogie, en tant que théorie pratique (Etiennette Vellas) doit être au centre de la recherche en éducation. C’est le sens du Manifeste pour les pédagogues2
Se former par la recherche (Jean‐Louis CORDONNIER)
« Toute l’entreprise du XXe10 avait démontré que l’échec scolaire n’était pas fatal et que, placés dans d’autres conditions d’activité et de liberté responsable, les enfants les plus apparemment démunis pouvaient surmonter leurs prétendus handicaps, que leurs ressources étaient immenses et totales leurs possibilités de réussite ».
C’est une recherche qui, en tentant d’éduquer au mieux, élabore des modèles d’intelligibilité des actions éducatives. Elle construit ainsi des savoirs typiquement pédagogiques, des théories fondées dans une expérience et orientées vers la transformation de la pratique.
Se former entre pairs , devenir formateur de formateur
Quelle est la spécificité du formateur et quelle formation cela présuppose-t-il pour passer d’une posture à l’autre ? Suffit-il de s’auto-former pour endosser le statut ? La proximité permettant d’entrer dans la logique des formés aide-t-elle à construire des formations au plus près des attentes des praticiens ? Quels sont les gestes professionnels spécifiques aux formateurs ? s’interroge Jacqueline BONNARD.
Les gestes professionnels du formateur
Savoir analyser une demande en confrontant le contenu officiel de celle-ci avec les attentes réelles des stagiaires (réunion en amont de la formation ou en tout début de stage).
Identifier les problématiques liées à la demande et les hiérarchiser.
Centrer la formation sur les processus d’apprentissage et leur régulation.
Proposer un déroulé de formation alternant situations à vivre, analyse, apports théoriques en adéquation avec les situations vécues.
Organiser le temps et l’espace pour favoriser la communication entre stagiaires d’une part, entre stagiaires et formateur(s) d’autre part.
Proposer des bilans intermédiaires et en fin de formation, voire ultérieurement pour évaluer l’impact de la formation.
Odette Bassis souligne que : « Une double compétence est requise pour l’enseignant/formateur : savoir dégager les noyaux conceptuels et problématiques centrales des contenus prescrits et, dans le cours de la démarche, savoir gérer en attitude de « veille » et en intervention de type « reflet miroir » la complexité et le flux des processus, pour ne pas y apporter sa propre opinion ou évaluation tout en faisant que se maintienne le cap sur la conceptualisation en cours. »
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1 Odette BASSIS – Vers une transformation de la formation - La professionnalisation des enseignants
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2 J. Houssaye, M. Soëtard, D. Hameline, M. Fabre, Manifeste pour les pédagogues. Paris ESF. Coll. Pratiques et enjeux pédagogiques.
Références
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Dialogue n° 187 - Former, se former, ça change les horizons, revue du GFEN (Le Groupe Français d’Education Nouvelle)