Bade Würtemberg - La production industrielle éloigne la région de ses objectifs 2020
Bilan territorial de l’action climat
2018
Association Climate Chance (Climate Chance)
Depuis 2015, l’Association Climate Chance participe à la mobilisation dans la lutte contre le dérèglement climatique. Il s’agit de la seule association internationale se proposant de réunir à égalité l’ensemble des acteurs non-étatiques reconnus par l’ONU. Dans le but de renforcer leur action et crédibiliser les scénarios de stabilisation du climat, l’Association Climate Chance a lancé en 2018 un Observatoire mondial de l’action climat non-étatique, qui se donne comme objectif d’expliquer les évolutions des émissions de gaz à effet de serre, en croisant les politiques publiques nationales, avec les dynamiques sectorielles, les stratégies des acteurs privés, les politiques publiques locales, et les actions entreprises par les acteurs du territoire. Pour analyser la mise en cohérence des poli¬tiques publiques locales, Climat Chance propose un bilan des « mobilisations territoriales » à travers des exemples choisis de villes et de régions. Ici, le Bde-Würtemberg.
État fondateur du Under2 MOU, Bade-Wurtemberg (BW) s’est engagée à réduire ses émissions de GES de 80 à 95 % d’ici 2050 par rapport à 1990 (protocole d’accord). Selon l’Office National de la Statistique de Bade-Wurtemberg , 78,4 MtCO2eq ont été émis dans la région en 2016 soit 2,4 % de plus qu’en 2015. Il s’agit de la deuxième augmentation consécutive, même si la tendance globale des émissions de GES est à la baisse avec une diminution de 12 % par rapport à 1990, soit 10,7 MtCO2eq/an en moins. Une réduction globale supplémentaire de 11,6 MtCO2eq/an est nécessaire pour atteindre son objectif 2020.
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ET TRANSITION INDUSTRIELLE
La transition énergétique de BW est un défi d’autant plus ambitieux qu’elle devra conduire simultanément la sortie du nucléaire décidée par l’Allemagne d’ici 2022, qui est à l’origine de près de 50 % de son électricité. Les centrales au charbon et au gaz devront compenser la baisse de la production d’énergie nucléaire, en parallèle de l’essor des énergies renouvelables. Dès 2025, ces dernières devront couvrir 25 % de la demande finale d’énergie, et 80 % de la production d’électricité d’ici 2050. En 2016, elles ont augmenté de 5 % par rapport à 2015, et de 45 % depuis 2006 pour atteindre 50,8 TWh soit 12,7 % de la consommation d’énergie primaire et 32 % de la consommation d’électricité. La biomasse représente à elle-seule 70 % de la consommation d’énergie primaire renouvelable mais ses ressources étant limitées, sa part relative est vouée à diminuer. Le second enjeu de taille sont les émissions industrielles qui résultent des réactions chimiques de la production d’aluminium, de ciment, de verre etc. et de la combustion d’énergies fossiles. Les émissions industrielles liées à l’énergie ont augmenté de 10,2 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 10,2 MtCO2eq. Cette augmentation est principalement attribuable aux secteurs des centrales électriques, du traitement des huiles minérales et de l’augmentation de la demande dans les autres industries (+2,4 %) (Statistik-BW 2018).
LA FAIBLE DEMANDE DE LA MOBILITÉ ÉLECTRIQUE
Avec environ 30 % , les transports continuent de représenter la majorité des émissions de GES en 2016. Constituées à 94 % des émissions du transport routier, l’augmentation de 1,3 % de ses émissions en 2016 est notamment due au transport de marchandises, dont les émissions ont augmenté de 58,6 % entre 1990 et 2016. A l’inverse, celles du transport de passagers (voitures, autobus, motos) ont diminué de 4 % et atteignent 13,4 MtCO2eq en 2016 et représentent 57 % des émissions du transport routier. La diminution de 27 % des émissions spécifiques (quantité de CO2 par kilomètre parcouru) des voitures particulières n’a pas été suffisante pour compenser l’augmentation du kilométrage annuel (+ 32,5 % par rapport à 1990) et les émissions qui en résultent. BW prévoit pour se faire l’électrification de l’ensemble du parc automobile d’ici 2030 (Goals 2030). En 2017, 1800 bornes de recharges étaient disponibles dans la région (1/6 du total national) mais l’électricité ne représente toujours que 1,5 % du total de l’énergie consommée par les transports (emobil-sw 2018).
LA CAPTURE DU MÉTHANE
La politique de gestion des déchets affiche une réduction des émissions de GES de 5,8 % par rapport à 2016 et de 74,8 % par rapport à 1990, et ne représentent désormais plus que 1,4 % des émissions de GES. L’interdiction en Allemagne de la mise en décharge des déchets organiques non traités et l’efficacité accrue du captage du méthane provenant des décharges ont entraîné une réduction significative des émissions de méthane. L’Association d’autorités locales (Special Purpose Association) formée dans l’État de BW pour la gestion des déchets est considérée comme un exemple en la matière (GIZ 2016).