ALEXIS : Un outil régional et transfrontalier pour le développement de l’économie sociale.
Les relations sur le marché de l’emploi pour un développement durable ne s’arrêtent pas aux frontières nationales
Ina Ranson, Claire FAUVINET, 1999
Cette fiche résume les expériences européennes menées dans le cadre l’Atelier Lorrain pour l’Expérimentation et l’Innovation Sociale (ALEXIS) qui vise à permettre le développement d’activités économiques et industrielles.
L’Atelier Lorrain pour l’Expérimentation et l’Innovation Sociale (ALEXIS) est à la fois une boutique de gestion et un outil régional pour le développement de l’économie sociale. Engagé depuis 1987 dans l’espace transfrontalier à travers l’Euro-groupe, Alexis travaille avec trois structures axées sur la formation, la création d’activités et l’action sociale.
L’EUROGROUPE - un nouvel espace pour l’insertion par l’économie
L’Eurogroupe intervient en Sarre, en Lorraine, au Luxembourg, en Rhénanie et en Wallonie, toutes ces régions ayant subi de grandes mutations industrielles. Son but est de promouvoir la création d’activités - en particulier d’insertion par l’économique - en agissant sur le plan technique avec des études de viabilité économique des projets ; sur le plan culturel pour développer la culture et la capacité entrepreneuriale des porteurs de projets ; et sur l’environnement en créant des conditions favorables à l’émergence des projets.
L’Euro-groupe s’est donné pour objectif de soutenir la construction d’une Europe pour tous, qui n’exclut pas les publics en difficulté d’insertion de part et d’autre des frontières. Il a pu intensifier son travail en 1995 avec le soutien européen par le programme Interreg II et les cofinancements publics. (En France, celui-ci est assuré par le Conseil Régional de la Lorraine et la Délégation Interministérielle de l’Innovation sociale et de l’Economie sociale).
L’objectif de l’Euro-groupe est double, puisqu’il cherche depuis 1987 à favoriser la rencontre des opérateurs et de leurs partenaires dans chaque pays, ainsi qu’à mettre en place des actions économiques transfrontalières en faveur des publics défavorisés.
Insertion et souci de développement durable sont en effet compatibles au plus haut point, puisque la compétitivité de l’industrie européenne sera tributaire de sa capacité à prendre en compte les problèmes environnementaux. Il y a là un secteur d’avenir sur le marché du travail.
Les axes de travail
Certaines difficultés sont à surmonter au niveau culturel, bien que ces régions soient très proches dans l’espace et très liées par l’histoire. C’est par l’action et la fréquence des rencontres que l’on peut dépasser les a priori et les clichés.
Au niveau de l’action, la condition d’une bonne coopération réside dans l’implantation locale des structures : les micro-enjeux de chacune des structures par rapport à son environnement propre doivent être acceptés et gérés au mieux.
Avec le soutien du programme européen et INTERREG II, les axes de travail concernent l’échange de personnels entre les structures, avec au préalable un apprentissage des langues, la réalisation d’outils communs - de type marketing social - pour aider les porteurs de projet d’insertion, la poursuite des échanges avec les personnes en difficulté, la création d’un pôle expert et d’un pôle opérateur au sein de l’Euro-groupe, le renforcement du rôle d’interface entre les opérateurs, leurs partenaires locaux et leurs homologues transfrontaliers. Tous ces objectifs doivent favoriser la confrontation et permettre ainsi la remise en cause des modes de fonctionnement, pour plus de dynamisme et une meilleure intégration.
Le travail mené dans le cadre de l’Eurogroupe s’est concrétisé par des rencontres régulières entre les différents opérateurs. Des colloques ou des forums transfrontaliers réunissant souvent plus de 100 personnes ont permis de développer les termes d’une méthodologie des échanges. La publication des Lettres transfrontalières bilingues permet à un plus grand nombre d’acteurs de participer à ces travaux. Parmi les thèmes communs qui y ont été traités : Le projet social dans les structures d’insertion, les services de proximité et du recyclage, l’insertion professionnelle des handicapés, la politique communale de l’emploi).
Des exemples concrets
Quelques exemples parmi d’autres : La « Arbeitsfördergesellschaft GmbH » (société de promotion de l’emploi, SARL à finalité sociale) à Ortenau/Allemagne et ENVIE à Strasbourg (une structure d’insertion pour jeunes adultes, active depuis 1985 dans le domaine du recyclage des grands appareils ménagers avec une priorité pour la réparation et la vente) étaient entrés en contact en 1991. Ils ont depuis réussi à réaliser de nombreux projets communs, et ceci même sans subventions européennes :
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une collaboration économique : vente transfrontalière d’appareils et de pièces de rechange, recherche de nouveaux marchés et de nouveaux secteurs d’activité ;
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un transfert de savoir-faire : échange de personnel encadrant, collaboration commune à des projets de recherche, des congrès et des symposiums européens, effet de synergie lors de la préparation de la certification selon la norme EU DIN ISO 9000 et de la certification comme entreprise spécialisée dans la gestion des déchets.
Une collaboration intensive entre des organismes de formation français et allemands, à Sarrebruck, à Sarreguemines et à Merlebach, a mis en place une formation transfrontalière, dans le domaine de la gastronomie. Elle se compose d’une formation générale théorique et d’une formation pratique qui permet aux participants d’étudier aussi la langue étrangère et de connaître les conditions économiques et sociales des deux pays.
En plus des contenus professionnels spécifiques, les jeunes doivent se familiariser avec les pratiques des deux pays. Des stages de 12 semaines leur permettent de se préparer à une éventuelle insertion professionnelle dans le pays voisin. Les stagiaires découvrent alors le contexte socio-culturel, s’intègrent dans les systèmes de formation allemands et français et sont confrontés aux pratiques différentes.
Lors d’une conférence sur la mobilisation des communes de l’espace transfrontalier contre le chômage, organisée par l’EuroRegio en novembre 1998, les participants soulignaient l’importance de la dimension européenne dans la politique de l’emploi. Les relations sur le marché de l’emploi ne s’arrêtent pas aux frontières nationales, et le contact inter-régional entre les communes mais également entre les structures porteuses d’initiatives concrètes dans les différents pays s’avère primordial.
Références
EUROGROUPE, Eurogroupe in. LettreTransfrontalière/ Grenzlandbrief, 1998// (France)
Compte rendu de Serge Maigné sur les Assises Européennes de l’Insertion par l’Economique, organisées par le CJDES-Centre des Jeunes Dirigeants de l’Economie Sociale