Villes et développement durable : des expériences en Bretagne

Ina Ranson, Nathalie Holec, 1999

Cette fiche s’intéresse à quatre expériences menées en région Bretagne pour promouvoir un développement territorial durable. Les thématiques abordées concernent principalement les transports et la gestion de l’eau, problème crucial dans cette région, en raison de l’intensité des activités agricoles productivistes.

Au sommaire, on retrouve donc :

  • 3 fiches sur cette thématique : Un programme d’action global au niveau du bassin versant pour restaurer la qualité des eaux de la Rade de Brest. Une démarche globale et multi-partenariale au service de la politique de l’eau ; Le programme de reconquête de la qualité de l’eau du bassin du Gouët ; La ville de Lorient réalise des actions exemplaires dans le domaine de l’économie d’eau

  • 1 fiche sur les transports à la demande : Un service de transport collectif à la demande dans le district du Pays de Saint Brieuc. Apporter une réponse efficace et économique à la problématique de la desserte des zones peu denses

Un programme d’action global au niveau du bassin versant pour restaurer la qualité des eaux de la Rade de Brest. Une démarche globale et multi-partenariale au service de la politique de l’eau

Préoccupée par la dégradation de l’eau potable et de l’eau de la Rade, petite mer fermée de 184 km2, la Communauté Urbaine de Brest (CUB), agglomération de 214 000 habitants, a décidé de mettre en place un programme d’action global à l’échelle de son bassin versant. Il s’agit du Contrat de Baie de la Rade de Brest dont la première phase a débuté en 1992 et pour lequel la CUB a été nommée maître d’ouvrage.

Il s’agit d’un plan d’action global et cohérent, prenant en compte les interrelations existantes entre l’espace urbain, l’espace rural et l’espace naturel et mobilisant tous les acteurs du territoire, responsables, chacun à leur niveau, de la pollution progressive des eaux de la Rade.

La restauration de la Rade de Brest présente plusieurs enjeux. Il s’agit :

Des structures nouvelles aptes à piloter le programme

Dans la première phase du programme (1992-1997), la CUB a créé, pour gérer le Contrat, le Service Rade rattaché à sa Direction Environnement et composé de 4 ingénieurs chargés de coordonner l’ensemble des opérations. Un Comité d’une trentaine d’experts internationaux est, d’autre part, réuni chaque année pour se prononcer sur les programmes en cours. Des travaux de recherche universitaires sont entrepris sur le sujet.

Du côté politique, le Comité de Baie, réunissant les élus, les institutions et les associations, pilote le programme. Les Services Techniques et administratifs de l’ensemble de ces partenaires sont représentés au sein du Groupe Technique, « cheville ouvrière » de l’ensemble du programme.

1992-1997 : La définition d’un programme d’action et de travaux actuellement en cours

Après avoir dressé l’état des lieux et des milieux de l’ensemble de la zone et conduit 6 expériences pilotes de dépollution, la CUB s’est attachée à bâtir, en collaboration avec l’ensemble des partenaires concernés, un programme d’actions préventives et curatives permettant d’obtenir une restauration de la qualité des eaux et des milieux, et ce, dans un souci de développement économique durable, objet même du Contrat de Baie.

Cette phase s’est achevée en février 1997 par la signature du contrat par l’ensemble des partenaires et dès lors par la mise en œuvre du programme d’actions et de travaux prioritaires qui devrait être achevé fin 2002.

Ce programme comporte 4 grands volets d’action.

  1. traitement des matières de vidange provenant des fosses septiques et des boues des stations d’épuration ;

  2. limitation des pollutions domestiques et issues du ruissellement par temps de pluie ;

  3. programme « peintures antisalissures marines » ;

  4. programme « piscicultures industrielles » ;

  5. programme « limitation des utilisations de pesticides agricoles et non agricoles »

  6. modification des pratiques agricoles ;

  7. équipements des serres en système de recyclage des solutions nutritives ;

  8. programme de reconversion à l’agriculture biologique ;

  9. programme d’aménagement de l’espace rural ;

Le coût estimé est de 739 millions de francs sur 5 ans, soit environ 88 % du montant global.

  1. entretien et restauration des cours d’eau et des fonds de vallée ;

  2. suivi et entretien de la rade de Brest (ouvriers-côtiers);

  3. inventaire du patrimoine naturel (en rade et sur le bassin versant);

  4. protection des milieux aquatiques sensibles (tourbières);

  5. protection des espèces rares et menacées ;

  6. gestion des stocks de poissons migrateurs ;

  7. pêche maritime et stocks marins.

Le coût de ce programme est estimé à 60,6 millions de francs sur 5 ans, soit 72 pour cent du montant global.

Un tel programme doit cependant venir à bout d’un grand nombre de réticences. Par exemple, les politiques de reconquête municipale de certains milieux n’emportent pas l’adhésion des Brestois. De même, l’acceptation de partenariats nouveaux et inhabituels (ville-agriculteurs) est lente, tout comme les négociations.

Un service de transport collectif à la demande dans le district du Pays de Saint Brieuc. Apporter une réponse efficace et économique à la problématique de la desserte des zones peu denses

Situé au Nord de la Bretagne, Saint-Brieuc (48 000 habitants) est le centre administratif et économique du département des Côtes d’Armor. Dès 1988, le District du Pays de Saint-Brieuc (14 communes, avec une population totale de 107 000 habitants) s’est engagé dans une réflexion visant à desservir les nombreux secteurs périphériques parfois peu denses. Comme les systèmes traditionnels de transport ne pouvaient pas satisfaire la demande dans des conditions économiques raisonnables, le District opta pour une solution originale : un service de transport collectif à la demande, TAXITUB (Taxis des Transports Urbains Briochins). Fonctionnant depuis septembre 1990, ce projet a été soutenu par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME)en octobre 1991 et a reçu le prix de l’innovation. Depuis, il a beaucoup évolué. Par la modularité et la souplesse de son nouveau système d’exploitation, il peut s’adapter sur d’autres sites en fonction des spécificités locales.

Comment ça marche ?

Constitué de 16 lignes en 1991, TAXITUB fonctionne aujourd’hui sur 55 lignes virtuelles qui desservent les 14 communes du district, avec des fréquences de 5 à 25 allers/retours quotidiens, soit une offre annuelle de 810 000 km. Une ligne de transport virtuelle représente toutes les caractéristiques d’une ligne régulière : trajets fixes, arrêts matérialisés, horaires déterminés. Sa singularité réside dans le fait qu’un moyen de transport adapté au nombre de passagers ne parcourt la ligne que si une réservation a été effectuée par téléphone par un ou plusieurs clients (au plus tôt dix jours avant ou au plus tard 45 minutes, avant l’heure de départ prévue).

Les lignes TAXITUB conduisent les clients vers les lignes principales du réseau de bus, généralement le centre des communes. Les horaires aux terminus sont établis de façon à avoir une correspondance dans les 5 minutes. A noter le cas particulier d’une de ces lignes qui ne fonctionne en service TAXITUB qu’en heures creuses, tandis que les heures de pointe sont assurées par des bus.

La totalité des services TAXITUB est effectuée par 14 artisans taxis de l’agglomération avec lesquels le District a passé une convention de services et rédigé un cahier de charge concernant les droits et devoirs de chacun.

Les réservations (et les annulations) de la clientèle, passées depuis un poste téléphonique à partir d’un code, sont collectées au serveur vocal TAXITUB. Le système informatique analyse les demandes ligne par ligne et les optimise. Il recherche le moyen de transport adapté au nombre de voyageurs. TAXITUB permet aussi d’informer la clientèle sur le service de transport offert, de collecter les observations de la clientèle dans une messagerie et de recueillir une base de données permanente sur la mobilité des clients.

Ainsi il a été possible de tester la pertinence de certaines lignes qui sont depuis devenues des lignes régulières de bus.

La fréquentation du service n’a cessé de croître pour atteindre en 1997 en moyenne 50 voyages par jour, soit près de 12 000 par an.

En 1996, une étude approfondie a été engagée pour effectuer un diagnostic complet du service et déterminer les hypothèses et les enjeux d’une nouvelle phase de développement. Les résultats de cette étude et les perspectives d’extension du réseau de transports à de nouvelles communes ont conduit le district à lancer une nouvelle phase de développement dont les principaux éléments ont été :

TAXITUB est un service économique, social et écologique

Conçu pour mettre en œuvre « le droit au transport pour tous dans des conditions économiques et sociales les plus avantageuses pour la collectivité », TAXITUB a fait ses preuves. La clientèle est constituée essentiellement de personnes allant au travail (14 % des abonnés pour 32 % des voyages) et de scolaires (27 % des abonnés pour 49 % des voyages). L’âge moyen des clients est de 25 ans ; dans les secteurs urbanisés proche du centre-ville de

Saint Brieuc, il est de 41 ans, et dans les secteurs plus diffus, il varie de 11 à 83 ans.

L’usager du service TAXITUB doit être abonné. Cela ne lui coûte rien. Il a la possibilité d’opter pour deux solutions : soit il achète un ticket à 6 Francs l’unité (qui inclut la correspondance en bus), soit il achète un coupon mensuel à 155 Francs et il se déplace autant de fois qu’il le souhaite sur l’ensemble du réseau de transport urbain.

En 1997, le coût d’exploitation du service TAXITUB pour la collectivité a été de 400 000 Francs TTC pour une recette de 60 000 Francs TTC, soit un coût moyen par voyage pour le District du Pays de Saint Brieuc de 30 Francs, alors qu’il serait environ 500 Francs si le service était assuré par des bus.

L’adaptation de l’offre à la demande permet une utilisation rationnelle de l’énergie et une moindre émission des polluants. Ainsi le service TAXITUB consomme environ 4 000 litres de carburant par an alors qu’il en consommerait 76 000 litres si le service était assuré en lignes régulières par taxi et 340 000 litres par des bus. L’économie générée par le système TAXITUB est estimée à 300 TEP soit environ 1 % de la consommation de tous les habitants du District pour leur déplacements.

Un système modulaire facilement transposable

TAXITUB par son originalité et sa souplesse d’exploitation peut facilement se transposer sur d’autres sites.

Entièrement automatisé à Saint Brieuc, le système fonctionne à partir de matériels informatique et téléphonique standards disponibles sur le marché.

La conception modulaire du système permet son utilisation sur d’autres sites en fonction des spécificités locales que ce soit pour des transports en milieu urbain, péri-urbain ou interurbain.

Ainsi la réservation des voyages et la recherche d’un moyen de transport peuvent être automatisés comme à Saint-Brieuc (serveur vocal) mais peuvent aussi être réalisées par un opérateur. De même le système peut gérer différents types de flottes taxis, minibus, véhicules en compte propre etc….

Concernant la réservation des voyages, le système offre la possibilité d’enregistrer un service régulier qui est à valider par l’abonné uniquement chaque début de semaine. Il peut permettre aussi de gérer des services spéciaux (handicapés, services de nuit…) sans itinéraires précis.

Le programme de reconquête de la qualité de l’eau du bassin du Gouët

Le Syndicat Mixte du Barrage du Gouët, créé le 1er octobre 1991, a pour mission d’harmoniser la production et la fourniture d’eau, à partir de la retenue située en amont du barrage du Gouët, à l’ensemble des collectivités adhérentes au syndicat. Cette retenue, alimenté par un bassin versant de 195 km2, permet de produire 6 millions de mètres cubes d’eau potable par an et représente ainsi 20 pour cent de la production départementale.

Une dégradation continue de la qualité de l’eau

Depuis la construction du barrage en 1976-78, les eaux de la retenue ont été contaminées par une pollution qui ne cesse d’augmenter.

La teneur maximale en nitrates, qui se situait entre 15 et 20mg/l en 1976-78, dépasse chaque hiver depuis 1990 la norme de 50 mg/l, norme qui correspond à la concentration maximale admissible dans les eaux de surface utilisées pour la production d’eau potable. La teneur en produits phytosanitaires des eaux de la retenue dépasse aussi périodiquement la norme admissible, nécessitant un traitement spécifique des eaux brutes. Les concentrations importantes en phosphore sont à l’origine de phénomènes d’eutrophisation de la retenue, qui posent des difficultés pour la production d’eau potable et sont responsables des proliférations croissantes d’algues vertes sur le littoral des Côtes d’Armor, et notamment au niveau de la baie de Saint-Brieuc.

Un programme de reconquête

Face à ce constat, le Syndicat Mixte du Barrage du Gouët a engagé en 1994-95 une étude fine de toutes les sources de pollution sur le bassin versant du Barrage du Gouët afin de définir un programme adapté de restauration et de préservation des eaux de la retenue du Gouët.

L’étude diagnostic a permis de hiérarchiser les différentes sources de pollution et de proposer un programme d’actions. La source principale de dégradation mise en évidence par l’étude réside dans la pollution diffuse d’origine agricole liée à la fois à un excédent de déjections animales et à leur mauvaise utilisation.

En 1996, le Syndicat Mixte du Barrage du Gouët signait dans le cadre du programme Bretagne Eau Pure 2 les contrats de bassin du Gouët, bassin versant d’action renforcée, et de la Noë-sèche, bassin versant de démonstration. Ces contrats d’une durée de cinq ans sont mis en place et financés par l’Union Européenne, l’Etat le Conseil régional de Bretagne, l’agence de l’eau Loire-Bretagne et, le Conseil Général des Côtes d’Armor pour un montant de 115 702 000 F, dont environ 20 pour cent de participation du SMBG pour les mesures retenues dans le programme d’actions (excepté les mesures concernant la mise aux normes des élevages et la résorption des excédents d’azote organique qui font l’objet d’un financement particulier).

Les mesures retenues se déclinent en 7 axes :

Le Syndicat Mixte du Barrage du Gouët s’est doté d’un système d’information géographique, qui offre une vision globale des paramètres influant sur la qualité de l’eau. La cartographie s’appuie sur les plans cadastraux informatisés dans le cadre d’une digitalisation progressive du cadastre à l’échelon départemental, ainsi que sur les données de l’IGN. Cet outil facilite le suivi et l’évaluation des résultats du programme dans le temps en croisant les différentes données disponibles et permet de réaliser des cartes thématiques :

Les actions retenues dans le cadre du programme Bretagne Eau Pure 2 sont réalisées en collaboration avec différents partenaires techniques : la chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, le Groupement des Agrobiologistes des Côtes d’Armor (GAB 22) et le Centre d’Etude pour un Développement Agricole Plus Autonome (CEDAPA) s’occupent des actions d’amélioration des pratiques agricoles concernant la fertilisation et l’utilisation de produits phytosanitaires. Le SMBG est responsable des actions concernant l’aménagement de l’espace, l’assainissement et l’utilisation des produits phytosanitaires par les communes et les particuliers. La Direction Agriculture et Environnement du Conseil Général des Côtes d’Armor assure le suivi de la qualité de l’eau, de l’azote dans le sol et de l’occupation du sol, notamment les surfaces sans couverture du sol l’hiver.

Le Programme Bretagne Eau Pure 2000-2006, dans le cadre du Contrat de Plan Etat-Région, se développe sur la base des expériences acquises, dans un esprit de continuité. Mais comme les résultats obtenus n’ont pas encore été suffisants, il sera plus exigeant.

Le deuxième programme d’action (2001-2003) au titre de la directive nitrates (75-440) vise notamment à obtenir une évolution quantifiée des pratiques de gestion des fertilisants azotés et de l’interculture, tandis que le premier programme d’action (1996-2000) visait à corriger les plus grosses erreurs concernant l’épandage des fertilisants azotés. Parmi les principales mesures il faut citer :

Le Contrat Territorial d’Exploitation (CTE), dispositif de la Loi d’Orientation Agricole de 1999, est un outil qui vise une réorientation et une adaptation de l’agriculture face aux multiples attentes de la société et aux nouvelles donnes du marché. Le CTE type départemental des Côtes d’Armor fixe notamment un plafond de 170 kg d’azote par hectare toutes origines confondues.

A ce titre, le SMBG a mis en place un CTE collectif « CTE Gouët Eau Pure ». L’adhésion à ce CTE collectif entraîne une majoration des aides pour l’agriculteur. Des CTE collectifs ont aussi été mis en place par le CEDAPA, le GAB d’Armor, l’association « l’Herbagère ».

La ville de Lorient réalise des actions exemplaires dans le domaine de l’économie d’eau

Engagée, aux côtés de six autres villes bretonnes, dans l’opération « Villes Pilotes Economies d’Eau », en partenariat avec le Conseil Régional de Bretagne, l’Agence de l’eau de Loire-Bretagne et le Ministère de l’Environnement, la ville de Lorient a développé des stratégies originales et efficaces.

L’économie de l’eau fait partie du Plan Municipal d’Environnement de Lorient, adopté en décembre 1994. La mise en place et le suivi du plan ont été confié à la Cellule Environnement (issue de la Cellule Energie, créée déjà en 1983). Celle-ci travaille en collaboration avec un comité de pilotage (une quarantaine de personnes représentant les différents acteurs de la vie lorientaise : Etat, Ville, Monde Associatif et Économique) et sous le contrôle d’un comité de suivi indépendant de la Ville de Lorient, présidé par le président de l’association « Eaux et Rivières de Bretagne ».

Les objectifs poursuivis sont les économies d’eau (de 40 à 50 %) sur des cas concrets, en démontrant l’intérêt économique et écologique, et une action pédagogique qui s’adresse à un maximum de personnes. Les idées d’actions ont été développées en 1995 par un groupe de travail réunissant tous les partenaires motivés et compétents sur le sujet des économies d’eau (associations de consommateurs, d’environnement, HLM, Hôpital, Service des Eaux, Syndics, enseignants, professionnels…).

Neuf projets d’action pour ÉDUQUER, MODERNISER et DIFFUSER

1. Information du grand public sur les économies d’eau

Pour aller à la rencontre du public, le groupe de travail prit la décision d’aménager un ancien bus : l’infEAU Bus - outil pédagogique et vitrine de la politique d’eau de la Ville. L’infEAU Bus change de quartier toutes les trois semaines et accueille le public tous les après-midis. Les adultes y trouvent réponse à des questions concernant les fuites, le matériel (prix, fournisseurs, plombiers), la facturation, la qualité de l’eau en reconnaissant leur intérêt financier et écologique. Les enfants n’y viennent pas seulement pour s’instruire, mais aussi pour jouer. Avant de repartir, l’infEAU Bus est au centre d’une réunion débat publique à laquelle participent des HLM, le Service des Eaux, des associations du quartier et le Service Environnement de la Ville.

Le succès de l’infEAU Bus est considérable. En témoignent par exemples les grossistes locaux qui estiment que près de 80% de leur clientèle est demandeur de matériel économe, souvent après avoir été sensibilisé par le bus.

2. Sensibiliser les enfants dans les écoles

L’association Eaux et Rivières qui possède une grande expérience dans ce domaine, a mis en place un projet alliant la connaissance théorique du cycle d’eau et la découverte du milieu naturel. De nombreuses classes de Primaire et de Maternelle en ont profité et les réponses très positives au questionnaire montrent un impact très concret du projet : les élèves ont détecté des fuites et incité à leur réparation. Par ailleurs, pour mener à bien le projet pédagogique, l’association a créé un poste d’animateur.

3. Sensibiliser les enfants en domaine périscolaire

L’association Eaux et Rivières intervient auprès des centres sociaux et différentes associations lorientaises. Et l’animateur de l’InfEAU Bus se déplace dans tous les quartiers de la ville. L’approche pédagogique tend à impliquer les enfants dans un projet instructif et ludique en même temps.

4. Remettre à niveau des installations communales

Pour être cohérent dans la démarche pédagogique, la Ville a commencé à moderniser plusieurs installations scolaires (détection et réparation des petites fuites, pose de compteurs divisionnaires et relevés effectués par les scolaires, repérage des matériels défectueux ou inadaptés, sensibilisation des usagers, coupure d’alimentation d’une fontaine…). La sensibilisation a permis une diminution significative des consommations avant même que les travaux ne soient réalisés. La mise en état de la fontaine est devenue un symbole des économies d’eau à Lorient.

5. Traitement d’’immeubles témoins, comprenant le diagnostic, un plan d’action et une évaluation

Cette action a montré que les propriétaires ne réagissent que si des locateurs sensibilisés aux économies d’eau leur adressent des demandes.

6. Diffusion générale

L’utilisation de différents moyens de communication a permis de faire de l’économie de l’eau un sujet populaire. De nombreux contacts ont été pris avec les associations, les grossistes, les fabricants, les écoles, les professionnels Artisans Plombiers, et souvent ces contacts ont débouché sur différentes formes de coopération. Les réunions publiques dans les quartiers ont été très soutenues par les associations. La presse quotidienne a réalisé plus de 30 articles, en 1996, avec un dossier précis tous les mois dans Ouest-France. Il y eu des émissions à la radio et à la télévision et des animations sur des parkings de grandes surfaces Enfin, les usagers ont reçu des dépliants d’information avec leur facture d’eau ou leurs quittances de loyer.

7. Diffusion du service diagnostique

Distribution de fiches autodiagnostiques et analyse de la consommation sur cinq années des principaux organismes (Syndics, HLM, bâtiments communaux…).

8. Formation des plombiers

Le projet initial de formation proposé aux plombiers n’était pas bien perçu par la profession. Avant d’établir des relations fécondes, il fallait attendre les résultats de la communication médiatique, établir un bon contact avec les grossistes et proposer en premier lieu un partenariat. Aujourd’hui, la coopération est acquise.

Les résultats acquis

Les résultats de ces actions sont positifs sur le plan écologique, économique et social. Les grossistes locaux partenaires ainsi que les artisans plombiers ont observé une augmentation de leur activité. Les particuliers ont compris que l’investissement dans l’achat de matériel économique sera rentabilisé à court ou moyen terme. Plusieurs emplois ont été créés : celui d’un « animateur-éco-conseiller » et deux demi-postes en milieu scolaire et périscolaire. Enfin, des citoyens comprennent soudain qu’ils consomment en moyenne 50 fois plus d’eau que les habitants d’autres pays et ils sont prêts à faire des démarches concrètes pour sauvegarder cette ressource indispensable.

Le pays de Dinan est l’aboutissement d’une dynamique de coopération entre communes inventives

Le Pays de Dinan (environ 100 000 habitants, 10 cantons) est un territoire cohérent et organisé qui s’ordonne autour de Dinan (13 000 habitants).

Il importe de rappeler que la reconnaissance officielle du pays, peu après la « loi Pasqua " (loi d’orientation et d’aménagement de territoire, de février 95) n’a été que la consécration d’un travail de longue haleine réalisé par le « Comité de Développement du Pays de Dinan » (CODEPRAN). En fait, depuis plus de 20 ans, l’objectif du CODEPRAN a été de faciliter les initiatives en associant étroitement les partenaires économiques, sociaux et culturels du territoire. Ces initiatives ont souvent abouti à la création d’associations ou d’entreprises indépendantes. Le CODEPRAN est aussi à l’origine de la création d’un syndicat mixte et de trois chartes intercommunales sur l’emploi, le tourisme, le logement, la culture, le désenclavement et la coopération intercommunale.

Une dynamique organisée notamment autour de deux « instances » : le Conseil de Pays et le CODEPRAN

Le Conseil de Pays, représentant officiel, n’est pourtant pas un échelon administratif supplémentaire. Il permet de réunir régulièrement des personnes qui partagent des intérêts et des soucis communs : présidé par Monsieur Gaubert (Député, Vice-président du Conseil Général), il regroupe les élus nationaux, régionaux et départementaux, les Présidents des groupements de communes et les Présidents des Commissions du CODEPRAN.

Quant au CODEPRAN présidé par Monsieur Régnault (Sénateur honoraire, Maire), il permet une implication forte de l’ensemble des partenaires du Pays de Dinan : élus, socioprofessionnels, associations. Son rôle est d’animer et de proposer. Pour cela, il s’est organisé en cinq commissions :

Ces cinq commissions travaillent actuellement à la préparation du projet XIIe Plan pour le Pays, avec un objectif majeur : innover, pour un développement créateur d’emplois et fédérateur des initiatives.

Dans cet esprit, la conception d’un Agenda 21 est envisagée, afin d’évoluer vers un développement durable.

Dans le domaine économique, le CODEPRAN s’efforce depuis plus de 20 ans de contribuer à une répartition équilibrée des activités dans l’espace urbain et rural, en tirant au mieux parti des potentialités de la région (qualité du cadre de vie, infrastructures, dynamisme des entreprises existantes).

Retrouver et réinventer un patrimoine commun : l’exemple de Quévert}}}

Pour sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine du Pays de Dinan, le CODEPRAN avait, dès 1976, dressé, commune par commune, un inventaire très précis des sites divers, avec les églises, châteaux, mégalites, ifs, mottes féodales… Il a ensuite, par le soutien et la création d’associations diverses, impulsé leur mise en valeur.

Mais que peut faire une commune qui découvre avec regret qu’elle n’a aucun patrimoine remarquable ? Un exemple particulièrement intéressant : Quévert (3 200 habitants), village qui jouxte Dinan était sur le point de se transformer en bourg périurbain banal. Pour échapper au sort de tant de banlieues sans charme, la commune décida de redécouvrir et de réintroduire un patrimoine naturel et de mettre en valeur certains éléments de son paysage. « Quand on a la chance de n’hériter d’aucun patrimoine, on s’offre le plaisir de s’en créer un ! » Quévert se lança dans la recherche des vieilles espèces de pommiers bretons. Victimes d’arrachages systématiques, elles avaient presque disparu de la région et ne survivaient que chez quelques vieux fermiers. L’association « Mordus de la Pomme », issue de la Commission Patrimoine du CODEPRAN, dénicha environ 700 espèces traditionnelles, quasiment toutes à cidre. Depuis, elles ont été replantées, dans une trentaine de vergers à travers le pays de Dinan. Ce travail a été accompagné par des actions pédagogiques et festives.

Une fois les pommes « institutionnalisées », la commune se lança dans la recherche d’un autre « patrimoine » : elle organisa la collection de rosiers. Aujourd’hui, environ 600 variétés des espèces parfumées et remontantes ornent le jardin qui leur a été dédié : le « courtil des senteurs ». L’association « Les Piqués de la rose » organise un rendez-vous annuel où l’on apprend à bouturer, soigner, tailler les rosiers et même à pratiquer l’art de l’hybridation. Et pour bien enraciner ce patrimoine, la mairie crée des variétés de roses qu’elle dédie à chaque petite fille née à Quévert. Celle-ci donne son nom à la rose et les parents décident où les planter.

Pour rendre les promenades à Quévert plus agréables, la commune a planté, au bord des chemins, des groseilliers, des mûriers, des fraisiers… Les passants sont invités à les goûter. Aujourd’hui, Quévert compte deux « chemins gourmands » : une allée de fruits de jardins, et une de fruits des bois.

Avec ces réalisations originales et d’ailleurs peu coûteuses, la commune devient un point d’attraction pour les Dinannais comme pour les touristes. Mais les Quévertois ont décidé que c’est d’abord à eux de réapprendre à regarder leur environnement. Ils ont créé un chemin géologique autour des différents granits, schistes et gneiss du Massif armoricain, un chemin où le maire, Louis Martin (président et fondateur du CODEPRAN) a fait replanter différentes espèces de fleurs des champs.

A souligner qu’une grande partie de ce travail original a été réalisé avec de faibles moyens et grâce au bénévolat.

« Notre souci, dans l’optique Pays, est de traduire dans les faits la solidarité qui lie la ville et la campagne qu’elle anime, par ses services et ses équipements », écrit Louis Martin. Le pays de Dinan présente à cet égard des réalisations à la fois exemplaires et originales.

Sources

FEDERATIONFRANCAISE DES AGENCES D’URBANISME, Planification urbaine et développement durable, 1996

Diagnostic du bassin versant du barrage du Gouët, 1994-1995, SCE Nantes