Les collectivités locales face au défi du développement durable
2012-00
Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV)
Si le monde, aujourd’hui, est réputé plus complexe que jamais auparavant, les collectivités locales l’éprouvent, elles, chaque jour dans l’exercice quotidien de leurs responsabilités. Aux avant-postes de la création et de la production de richesses, elles se tiennent invariablement à l’avant-garde des engagements responsables internationaux. Fédérant les espoirs et les imaginaires, elles aimantent les compétences, assurent, tant bien que mal, une dynamique de progrès social avérée, et, contre vents et marées, témoignent de leur implication quotidienne auprès des populations.
À télécharger : les_villes_riches_de_leur_environnement5.pdf (3,8 Mio), cities_environment_creating_sustainable_wealth5.pdf (3,8 Mio)
Des pressions croissantes
Confrontées aux impératifs d’une gestion saine et équilibrée de leurs missions de service public de proximité, les collectivités territoriales ne bénéficient cependant toujours pas des transferts suffisants de compétences et de ressources depuis leurs autorités de tutelle
Aux premières loges des changements, elles absorbent, depuis plusieurs années, des chocs sociétaux à répétition, d’une violence que l’explosion prévue de l’urbanisation mondiale a vocation à percuter d’autant plus fréquemment que les distorsions économiques et financières globalisées accroissent et attisent les crises sanitaires, alimentaires, énergétiques, sociales, politiques et écologiques, accentuant par là les inégalités et la concurrence, au détriment de la solidarité, entre citoyens, territoires et cultures.
Alors que le Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, en 1992, avait célébré le niveau territorial comme échelle pertinente pour l’intégration et l’imbrication des quatre dimensions du développement durable (environnement, social, économie et culture), celui de Rio+20 s’est avéré incarner les dissensions politiques et autres nœuds de divergence thématiques et culturels, dans un contexte de crise de civilisation et dans un monde à la géopolitique recomposée, au mi-temps des années 2000, par l’émergence des pays dits « du Sud » sur la scène diplomatique et financière mondiale.
Néanmoins, lors de ce dernier sommet multilatéral en date, il a été rappelé aux parties prenantes l’urgence de s’attaquer, aux échelles globale et locale, aux causes profondes de la pauvreté, et aux problèmes qui s’y trouvent associés, en tant qu’obstacles majeurs à la durabilité environnementale de nos actions et impacts sur la planète et ses ressources.
Mobiliser et agir : la preuve par l’exemple
A ce titre, le FMDV, avec le soutien de Veolia Environnement, a souhaité mettre en lumière des collectivités territoriales qui ont choisi, résolument, au-delà des « polémiques vertes », de s’engager dans des processus et programmes alliant durabilité environnementale, efficience économique, solidarité et responsabilité sociales.
Chacune, à sa manière, suivant le contexte, ses compétences et ses capabilités, s’est emparée de la réalité de son environnement social et écologique pour amorcer le changement des cultures locales du produire, du consommer et du vivre ensemble.
Pour chaque étude de cas, nous nous sommes attachés, non pas à être exhaustif, mais à introduire la spécificité de l’approche différenciée à travers laquelle la collectivité a choisi d’aborder le défi posé par la durabilité de son projet de territoire : une fois confronté à la réalité du volontarisme politique, de la mobilisation des acteurs locaux, de ses moyens financiers, de l’organisation de son administration et de la disponibilité des compétences correspondantes nécessaires.
Chaque exemple illustre une entrée propre, privilégiée par ces autorités locales, pour mettre en œuvre, soit de manière systémique, soit suivant un axe programmatique, la combinaison entre gestion quotidienne du territoire et transformation des manières de concevoir, de dialoguer et d’agir.
A l’image d’autres collectivités qui se sont engagées sur la même voie durable, leurs démarches convergent vers le souci de faire émerger de nouveaux mécanismes et outils de décision, de financement, d’information et de participation des acteurs du territoire, réunis autour d’une même vision partagée des enjeux, urgences et besoins à prendre en compte.
Ce qui ressemble et rassemble
Par-delà leurs différences culturelles, la diversité des contextes, des ressources, nous avons pu constater l’existence d’axes-pivots, communs à chaque initiative.
Ces éléments dressent les contours d’une démarche intégrée et opérationnelle dont peuvent s’inspirer d’autres acteurs locaux dans leurs propres projets :
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un travail de longue haleine pour une intégration réglementaire, budgétaire, institutionnelle et systémique de la dimension environnementale dans leur administration publique, afin de déployer des stratégies et programmes transversaux prenant en compte à la fois le devoir de préservation des ressources naturelles, capital inestimable, et celui de l’accès pour tous aux services de base et à l’économie locale,
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l’articulation et l’alliance stratégiques avec toutes les parties prenantes du territoire (universités, entreprises, agences de développement, ONG et, particulièrement, les populations les plus enclavées), pour fédérer les énergies et les expertises, renforcer les liens de coopération, de solidarité, les compétences et participer à bâtir un contrat social-territorial par et pour tous, et de long terme,
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la (re)valorisation des richesses et la réaffirmation des potentiels locaux par le réinvestissement effectif et efficient dans l’image projetée du territoire, moteur de revitalisation et de mobilisation, aussi bien envers ses interlocuteurs extérieurs que ses animateurs internes, ceci via la pratique d’un marketing territorial vert, à haute valeur ajoutée pour l’attractivité, le dynamisme et la productivité de la collectivité,
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la veille technologique et technique par le recours à des conseils et outils de management environnemental intégrés, propres à instaurer des tableaux de bord d’aide à la décision politique, lisibles et opérationnels, et à dresser une cartographie durable du territoire et de ses évolutions désirables,
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enfin, l’investissement volontariste dans une politique de construction réellement partagée d’un développement résilient du territoire - davantage encore que « simplement » durable – pluridimensionnel, faisant par là écho au glissement de plus en plus sensible du concept lancé à la fin des années 80 par la Commission Brundtland vers des pratiques et des positionnements, à l’échelle internationale, tournés résolument vers l’action mesurable, accessible et réplicable.
Chaque cas nous a également permis d’identifier nombre de limites et d’obstacles ; le plus important, qui constitue la gageure de chaque initiative interrogée, reste la recherche de financements, alternatifs et complémentaires, à même de favoriser une hybridation des ressources et de pérenniser les démarches engagées de transition des territoires, des pratiques et des consciences.
Pour autant, en modifiant les cadres de référence économiques et financiers habituels - notamment en mettant en regard l’apport des programmes mis en œuvre face au coût prévisible de l’inaction - chaque expérience sélectionnée a entamé une métamorphose durable de son positionnement et de ses pratiques. En intégrant la ressource naturelle, et les contraintes inhérentes posées par sa nécessaire préservation, comme facteurs et catalyseurs directs de production de richesses, les collectivités présentées ici entament, à leur échelle, une transformation positivement contemporaine des manières de concevoir et d’agir.
Ce point nodal de l’accès au financement durable pour les collectivités territoriales constitue la raison d’être du FMDV. C’est pourquoi cette publication ouvre la voie à une exploration approfondie des opportunités offertes par la durabilité environnementale des projets de territoire comme socle de résilience économique et de bénéfice social pour tous.
Nous vous en souhaitons une lecture inspirante et vous donnons rendez-vous sur www.fmdv.net pour poursuivre l’examen prospectif de ces territoires forcément innovants car foncièrement responsables.
Une analyse
15 études de cas
- « Déplacer des montagnes » pour changer de Cap
- Vancouver ou le foisonnement vert
- Vers une empreinte maîtrisée pour un territoire plus résilient et attractif
- Un EcoBUDGET pour conter l’environnement autrement
- La résilience pour et par tous
- Towards a low footprint for a more resilient and attractive territory
- Pour limiter la pollution de sa nappe phréatique, Lons-le-Saunier a développé une agriculture bio et des circuits-courts
- Un Drive de produits locaux pour relier producteurs et consommateurs d’un territoire
- Chhattisgarh - La forêt pour lier adaptation et atténuation
- Kaohsiung - Faciliter l’autonomie énergétique de l’industrie
- Santiago du Chili - Une approche par la pollution de l’air
- Santiago de Cali - Des actions naissantes, des bases solides
- Accra - Vers une neutralité carbone d’ici à 2050
- Dakar - Une première étape franchie pour mobiliser la société civile
- Izmir - Des progrès récompensés au niveau régional