Pour la participation des mal logés à la lutte contre l’exclusion par le logement

Expérience de l’association DAL (Droit Au Logement) créée en 1990 à Paris

2003

Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs (AITEC)

Cette fiche présente les comités Droit au logement (DAL) et leurs actions de terrain pour faire valoir ce droit comme constitutionnel. Leurs mobilisations répétées depuis les années 1990-2000, ont permis de nombreuses avancées comme la loi DALO de 2007.

Le DAL représente une partie importante de l’histoire de la révolte des mal logés pour la satisfaction de leurs droits. Le problème du logement est envisagé comme un problème politique et mais au-delà de la lutte pour le logement, le DAL pose la question de la place des groupes les plus précaires dans la société.

L’action du DAL s’est concrétisée depuis 1990 par le relogement de milliers de familles (400 relogements en 2002) en situation d’exclusion par le logement, des améliorations législatives, une meilleure prise en compte de l’exclusion par le logement dans les politiques publiques et de la crise du logement dans l’opinion.

Le DAL est constitué de familles et d’individus mal logés qui ont pris la parole, s’investissent dans l’organisation des actions collectives et participent à la lutte envisagée comme combat pour l’égalité. L’association sait manier la lutte et la négociation, elle a démontré toute l’efficacité de l’auto-organisation.

« Défendre le droit à un logement décent pour tous », les objectifs :

Plus généralement initier et organiser le soutien, l’information, la promotion d’action ayant pour but de remédier au problème des mal-logés et sans-logis, notamment par des propositions visant à améliorer la législation sur le logement. Les adhérents et les familles sont formés au militantisme et peuvent affiner leur conscience politique et citoyenne dans une perspective d’éducation populaire (permanences, sessions de formation pendant l’été sur des questions de société).

Lutte collective : mobilisations et actions

« Le DAL est un syndicat de lutte des mal logés »

L’action collective est indispensable pour établir un rapport de force favorable aux exclus du logement. Pour être efficace, elle doit être organisée : la mobilisation est encouragée sous des formes diverses : préparation des actions, dynamisme des immeubles squattés, constitution d’associations pour gérer les immeubles, représentation de délégués… Au niveau politique, certaines actions, plus spectaculaires et médiatisées, contribuent de façon visible à nourrir le débat politique, à susciter la mise en place de dispositifs d’urgence et de projets de loi, provoquant des prises de position au plus haut niveau de l’Etat.

D’une action fondatrice et significative…

Un campement durant quatre mois de 48 ménages expulsés en mai 1990 de deux immeubles squattés. L’action des expulsés et le campement avaient alors entraîné un large soutien de la part de la population du quartier, des associations, des syndicats et des partis politiques de gauche et d’extrême gauche. Après quelques jours de forte mobilisation médiatisée, le gouvernement avait nommé un médiateur afin de résoudre ce conflit autrement que par la force. Après quatre mois de campement et de manifestations, les familles ont été relogées.

…à des centaines d’autres actions collectives :

Elles sont menées par des mal-logés et sans-logis, des militants du DAL et peuvent prendre diverses formes :

et la lutte contre les expulsions

Enjeux

L’enjeu est d’articuler le droit et la lutte, d’établir un rapport de force permettant d’obtenir reconnaissance et jurisprudences, de rééquilibrer l’arbitrage qui se fait entre le droit au logement et le droit de propriété.

En tant que structure mobilisant et agissant de manière rapide et efficace pour l’accès au logement des plus pauvres, le risque est de devenir une « association humanitaire », prise dans les contradictions du court terme. Le souci de produire du sens et de la cohérence dans leurs actions les amène à développer une réflexion politique, notamment à travers la mise en œuvre du droit au logement opposable, mais aussi critique en repensant les modes de participation.

Face à la portée et à la diversité de leurs actions, les membres du DAL élaborent une réflexion sur leurs pratiques et leur positionnement. Le DAL reste vigilant à ne pas devenir un service social et à rester une association de terrain. La professionnalisation de la structure et les permanences permettant le suivi des dossiers individuels sont repensés en fonction des objectifs de lutte à long terme. Le DAL porte un positionnement global et unitaire, sa place au sein du mouvement social est centrale, elle permet une visibilité de la lutte contre les exclusions.

Dans une volonté de ne pas se substituer à l’Etat, le travail est centré sur la dénonciation, l’action et les rapports de force deviennent moteurs du changement. Quel type de partenariat et d’échange d’expériences viendrait alimenter les modalités de l’action ?

Quelques dates :

Aujourd’hui, la trentaine de comités en activité s’est fédérée en 1998, autour d’une charte, au sein de la Fédération des comités Droit Au Logement, ayant pour valeurs la lutte collective, l’indépendance politique et financière, la non violence et une attention à la sécurité des personnes, la participation des mal logés à la direction des comités et aux prises de décision.

La loi de réquisition civile de 1945 n’est plus appliquée. En 1995, 800 logements sont réquisitionnés par la préfecture, en 1998, seulement 80.

Para ir más allá

Le site de la Fédération des comités DAL

Décision du conseil constititutionnel sur le droit au logement