Le groupe de réflexion des ressortissants de la commune rurale de Bancoumana au Mali

Apprivoiser ensemble les effets de la politique de décentralisation

Kalifa DIAKITE, February 2001

Dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale (DPH)

Cette fiche décrit la mise en place d’une concertation dans la commune de Bancoumana, lors de la décentralisation au Mali dans les années 1990, en vue de prévenir les conflits sociaux entre les différents ressortissants du territoire.

La politique de décentralisation, initiée depuis 1991 au Mali vise à donner plus de moyens et d’autonomie aux collectivités territoriales afin d’asseoir durablement les bases du développement local.

L’option d’une décentralisation globale sur l’ensemble du territoire du Mali s’est traduite en 1996 par la création de 682 nouvelles communes. Ceci s’est traduit par des tensions sociales au niveau de certaines localités dues à un déficit d’informations. En effet certains villages n’ont pas accepté leur rattachement à d’autres communes et ont voulu s’ériger en micro-communes.

Pour faire accepter le découpage par l’ensemble de la population de la commune rurale de Bancoumana, certains cadres ressortissants de la commune résidant à Bamako, conscients de leur rôle dans le combat pour l’épanouissement de leurs terroirs d’origine et des enjeux socio-économiques et culturels de la décentralisation, ont constitué un groupe d’étude et de réflexion.

La commune rurale de Bancoumana est issue de la réorganisation territoriale consécutive à la politique de décentralisation. Avant le découpage, l’espace qu’elle occupe était réparti entre trois secteurs de développement. Chacun de ces secteurs avait l’ambition de s’ériger en micro-commune. Cependant, la réorganisation territoriale a retenu un ensemble géographique cohérent et économiquement viable par sa taille, sa population et ses potentialités. Ainsi tous les secteurs ont été intégrés à la commune rurale de Bancoumana. Certains villages de la commune n’avaient pas accepté ce découpage, d’où la constitution du groupe de réflexion des ressortissants de la commune rurale de Bancoumana.

Ce groupe pluridisciplinaire, formé sur la base du volontariat et du bénévolat, est constitué de ressortissants de tous les villages sans exception.

Il est composé de ressortissants (hommes et femmes) des villages qui composent la commune, résidant à Bamako, capitale du Mali. Il se définit comme un cadre d’échange, de concertation, de proposition et d’action en vue de promouvoir des actions s’inscrivant dans un objectif de consolidation du processus de décentralisation au niveau de la commune.

Dans un objectif d’organisation efficace des activités, sont représentés au sein du groupe de travail la plupart des villages de la commune et des associations de ressortissants. Le groupe a constitué en son sein une équipe légère de coordination de deux personnes chargées d’animer et de capitaliser les résultats des travaux. Le groupe de réflexion a utilisé, depuis sa constitution, une approche participative consistant à mettre à contribution les différentes compétences techniques et professionnelles existantes au niveau des ressortissants pour le diagnostic de la commune en vue d’élaborer un plan de développement.

Après analyse des résultats auxquels ils sont parvenus et après avoir rassurés sur l’importance d’une telle organisation pour le développement de la commune, les membres du groupe ont jugé nécessaire d’entreprendre les actions suivantes :

Le groupe de réflexion prévoit de travailler sur le recensement des ressortissants, le contact avec les ressortissants dans les autres régions du Mali et à l’extérieur. Pour cela, il vont :

Le groupe a tenté d’avoir une meilleure connaissance de la commune à travers son histoire, sa géographie, sa culture. Il s’est attelé à réaliser un état des lieux de la commune par une étude diagnostiquant les différents secteurs de développement.

Ce travail de diagnostic a permis d’aborder un certain nombre de thèmes, et notamment : la présentation de la commune, la santé, l’éducation, la culture, les mouvements associatifs et les organisations traditionnelles, l’environnement, la sécurité.

Pour pérenniser la structure les ressortissants ont recommandé la mise en place d’une Fédération d’association des ressortissants dotée de l’autonomie financière et de la personnalité morale. Dans le cadre du démarrage de la commune, les ressortissants de tous les villages composant la commune ont souscrit à une quête dont les produits ont été livrés à la commune.

Cet outil de prévention de conflit a permis d’instaurer le dialogue entre les ressortissants de la commune. Cela s’est traduit par une adhésion de la population au programme de développement en préparation par la commune. La demande faite par les ressortissants de la transformation du groupe de réflexion en une organisation mieux structurée dénote l’importance qu’ils accordent à ce cadre de concertation.

Sources

MALI MDRI (Mission de Décentralisation et des Réformes Institutionnelles)

To go further

La politique malienne de décentralisation, Rencontre entre Monsieur Aghatam Ag Alhassane, Premier adjoint au Commissaire au Nord du Mali et les organisations de Rhône-Alpes présentes au Mali, le 24 mars 1999

KASSIBO B. 1997. La Décentralisation au Mali : État des Lieux, Bulletin de l’APAD [En ligne], mis en ligne le 26 janvier 2007.

SOW M. A. 2016. La politique de décentralisation en république du Mali, Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (USJPB), mémoire de Doctorat d’état en droit public

SNV Mali, CEDELO. 2004. La décentralisation au Mali : Du discours à la pratique, coll. Décentralisation et gouvernance locale, Bulletin 358, éd. Thea Hilhorst et Gerard Baltissen. 89p.

DIRE M., KEITA A., TOGO A. 2008. Citoyenneté et gestion foncière : Cas de la Commune rurale de Bancoumana, Consortium for Development Partnerships (CDP), Rapport de recherche n°16