Paysages et Territoires

Pierre Calame, 2022

Cités Territoires Gouvernance (CITEGO)

La notion de paysage ne suppose pas seulement des approches sensibles ou esthétiques, elle s’impose désormais largement dans la société par sa dimension matérielle et immatérielle, écologique (dans le sens de la biodiversité), socio-géographique (les structures paysagères) et culturelle (identité locale et régionale).

Depuis plusieurs années, en collaboration avec leurs auteurs, CITEGO a rassemblé et indexé plus d’une centaine de fiches/ressource sur le sujet. Les indexations ont été intégrées à l’Atlas Relationnel, une cartographie innovante, établie comme un outil d’information systémique.

Nous ne prétendons pas être « spécialistes de la question », mais voulons simplement proposer une sorte de « visite guidée » des expériences contenues dans le corpus actuel de CITEGO, pour illustrer la manière dont la relation démocratie/paysage est un élément essentiel de la transition vers une société durable et harmonieuse.

Nous restons ainsi fidèles à ce que nous pensons être le rôle de la capitalisation de l’expérience : dégager des leçons générales mais en les illustrant toujours par des exemples concrets, pour permettre à chaque lecteur de se construire, à la lecture des cas, sa propre synthèse tournée vers l’action.

To download : paysages_territoires.pdf (2.1 MiB)

Le 20 octobre 2000 s’est tenue à Florence, en Italie, la Conférence ministérielle d’ouverture à la signature de la Convention européenne du paysage. Jusqu’à présent, aucun instrument juridique international ne traitait de manière directe, spécifique et complète des paysages, de leur sauvegarde, de leur aménagement et de leur gestion durable – en dépit de leur inestimable valeur due à la richesse des diversités culturelles et naturelles. La Convention européenne du paysage (CEP) comble cette lacune : pour la première fois une Convention européenne est vouée dans sa globalité au paysage et, en même temps, au paysage dans sa globalité. Elle a amorcé un mouvement de fond et conduit à trois contributions majeures :

  1. la définition proposée par la CEP a visiblement su rallier les intervenants. Tous conviennent aujourd’hui non seulement que le paysage recouvre à la fois le naturel et le culturel, mais aussi qu’il implique la prise en compte des perceptions des populations.

  2. En précisant que le paysage « désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations » la CEP est venue reconnaître que le concept de paysage ne s’appliquait pas uniquement aux paysages ruraux exceptionnels. Affirmer que la pertinence de ce concept s’étendait à tous les paysages, fussent-ils ruraux, périurbains, urbains, remarquables ou ordinaires, constitue une contribution significative.

  3. En reconnaissant la valeur des connaissances et des expertises des chercheurs et des professionnels, la CEP s’est traduite par la mise à disposition d’enveloppes budgétaires afin de stimuler le rapprochement des uns et des autres outils. Cela a permis aux Etats de se doter de méthodes et d’outils (comme les Atlas des paysages français), mais aussi à l’ensemble des collectivités d’introduire l’approche paysagère dans leur politique d’aménagement du territoire.

Les paysages et Citego

Le site-ressources de Citego indexe de nombreuses fiches qui traitent des questions de paysages (104 fiches avec cette occurrence) et cela notamment grâce aux nombreux partenariats avec des associations et réseaux de professionnels, des organismes de formation, des bureaux d’études et de consultance, des centres de recherche, des think tank et des do tank … Et plus généralement, avec l’ensemble des acteurs du paysage. C’est notamment le cas du collectif Paysage de l’après-pétrole (PAP) dont « l’objectif de redonner durablement à la question du paysage un rôle central dans les politiques d’aménagement du territoire, dans un contexte de transition énergétique et plus largement de transition vers un développement durable ».

L’atlas relationnel comme révélateur des enjeux

Les ressources sur le sujet sont indexées dans l’atlas relationnel par 19 descripteurs :

  1. Écosystème et paysages

  2. Impact de l’évolution des structures commerciales sur les paysages urbains

  3. Prospective des paysages urbains

  4. Co-production de l’espace public et du paysage urbain

  5. Réflexions sur les espaces publics et les paysages

  6. Paysages et énergies renouvelables

  7. Capacité des documents d’urbanisme à assurer l’unité et la diversité du paysage urbain

  8. Biodiversité, espaces publics et paysages

  9. Rôle du paysage dans la définition de l’écosystème territorial

  10. Paysages ruraux

  11. Paysages des entrées de ville

  12. Prise en compte du paysage comme patrimoine historique du territoire

  13. Prise en compte de l’évolution historique des paysages

  14. Paysages urbains

  15. Impact du droit de l’urbanisme sur les espaces publics et les paysages

  16. Paysages et énergies Fossiles

  17. Publicité et marchandisation de l’espace public et des paysages urbains

  18. Rôle du paysage dans la transition vers des villes et des territoires durables

  19. Normes et législations en matière de paysages

Ils permettent d’embrasser l’ensemble des réflexions autour du paysage, tout en autorisant une analyse plus affinée à partir de « cartes locales » dans l’Atlas relationnel. Ils démontrent aussi la vocation multiscalaire du paysage – tel que défini dans la Convention européenne du paysage – et l’ouverture sur les perspectives de recherches pour appréhender la complexité des dynamiques paysagères et la diversité des niveaux territoriaux d’action.

La visualisation des descripteurs « paysages » dans l’atlas laisse apparaitre un large faisceau à l’intersection entre la gestion de la biodiversité et les problématiques d’organisation de l’espace. A la fois « donné » et « produit » le paysage est pluriel.

A partir des descripteurs directement connexes, on voit se dégager 4 grands blocs conceptuels :

  1. Le paysage « perçu », lié à notre paysage de proximité, aux questions environnementales (écologie, biodiversité, etc.) et énergétiques.

  2. Le paysage « territoire communautaire », géré par les aménageurs et les gestionnaires qui le modifient et l’imaginent.

  3. Le paysage « dynamique », en mouvement permanent de par les interventions humaines et/ou naturelles.

  4. Le paysage « enjeu », c’est la valorisation patrimoniale et économique des paysages : le paysage comme valeur ressource, l’objet d’enjeux entre acteurs qui ont des intérêts ou des points de vue différents.

Diversité des cartes, densité des documents

Plus loin que la lecture cartographique de l’Atlas relationnel qui positionne déjà clairement le paysage

comme un outil majeur de la transition à l’échelle du territoire, le corpus documentaire, plutôt technique

et spécialisé, élargit et densifie cette première analyse.

Le paysage, bien plus qu’une valeur environnementale à préserver pour améliorer un cadre de vie, apparait comme la clé de voûte d’une société durable, à la croisée des questions culturelles, identitaires, sociales, politiques, économiques et techniques, dans un monde en transition.

Actuellement, à partir des 102 fiches/ressources indexées avec Paysage (au sens de la Convention Européenne du paysage « partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations »), on dénombre 199 descripteurs complémentaires qui permettent d’apprécier la richesse et la diversité de « l’outil paysage » et, surtout, l’intérêt de l’utiliser pour construire la société de demain.